L’état de la salubrité dans les hôpitaux publics semble tenir à cœur tous les Burundais. Après une infirmière qui nous a expliqués en quatre points les raisons de cet état, un médecin, Bizoza, nous a contactés pour éclairer encore plus notre lanterne. Voici son message.
Je me permets de réagir au sujet concernant l’état de la salubrité dans les hôpitaux publics de Bujumbura car il me porte à cœur à plus d’un titre. En effet je suis médecin et j’ai travaillé dans les deux hôpitaux dont il est question, à savoir l’hôpital Roi Khaled et l’hôpital Prince Régent Charles.
À un certain moment on se rend compte de l’état des lieux, on imagine des solutions pour y remédier, ensuite on se rend compte qu’on est impuissant, par après on s’y habitue [à la burundaise quoi!].
Les raisons de ce mal sont multiples et peuvent être résumées en un point : notre rapport à l’hygiène. Je vais essayer d’expliquer avec deux exemples.
Un, nous sommes un peuple «habitué », sinon qui tolère facilement la saleté. Je n’insulte pas mes compatriotes, mais ce que j’avance peut se démontrer facilement. Prenons l’exemple de l’hygiène bucco-dentaire. La majorité des Burundais ne s’en soucient guère, le peu qui s’y met le fait mal. Nous nous brossons les dents le matin au lieu de le faire après le dernier repas de la nuit. Nous nous réveillons avec une haleine « pas bonne, j’épargne le terme fétide » qui témoigne d’une prolifération des microbes pendant notre sommeil. Je le fais, tu le fais, il/elle fait.
Bref, une bonne hygiène c’est aussi une question de mentalité, de prise de conscience, d’éducation. Solution, il nous faut une sensibilisation.
Deux, les clients de nos hôpitaux publics proviennent des milieux ruraux. Et les conditions de vie dans nos milieux ruraux imposent certaines mesures de sécurité qui ne sont pas compatibles parfois avec de l’hygiène. Nous dormons avec tout ce que nous possédons : les ustensiles, les habits, la nourriture, voire les animaux domestiques, d’une part pour être sûr de ne pas se les faire voler, d’autre part, parce qu’on n’a pas assez d’espace. Et cela se manifeste dans la vie de tous les jours. Illustration : une maman qui tombe malade arrive à l’hôpital avec ses deux derniers enfants, un sac de charbon « amakara », des bananes ou des pommes de terre, des ustensiles de cuisines, etc., pour s’installer dans une petite chambre partagée par un autre patient avec un chargement pareil.
Solution, il faudrait instaurer un service social digne de son nom pour s’occuper des cas des patients vulnérables.
Je connais des hôpitaux de campagne qui sont bien organisés dans ce sens et je me permets de citer l’hôpital de Mutoyi à Gitega. Les patients ont un local aménagé pour garder les effets personnels. Ils rentrent en hospitalisation bien lavés et habillés en tenues d’hôpital. Ainsi, le milieu des soins devient un lieu salubre.
Pour terminer, tout cela ne serait possible si le leadership boîte, comme l’infirmière qui avait réagi avant moi l’avait démontré. Il est de leur devoir de mettre en place en place une politique efficace pour améliorer l’état de salubrité de nos hôpitaux.
A relire :
- Quatre points pour expliquer la crise de salubrité dans les hôpitaux Prince Régent Charles et Roi Khaled
- Bujumbura possède-t-elle un hôpital « public » propre ?
Coup de chapeau cher medecin
Dr Bizoza, je trouve votre réflexion tout à fait concordante avec la réalité du terrain. Moi aussi j’ai travaillé surtout à l’HPRC et ce que tu dis est la réalité. Alors quoi faire? il faut une bonne politique d’hygiène adapté à l’HPRC, qui doit être différent de celui de l’HMK car les réalités ne sont pas les mêmes comme l’infirmière nous l’a montré. Ensuite il faut un vrai leadership pour mettre en application cette politique d’hygiène et faire une sensibilisation pour que tout les concerné y mettent leurs mains pour un hôpital( Prince Régent et/ou Roi Khaled) propre et serein comme l’Hôpital Militaire de Kamenge ou l’Hôpital Mutoyi que vous venez de citer. Je vous remercie.
Et si nous aurions Deux comme vous, et si j’étais capable je vous nommerai DHPRC l’autre DCHUK comme ça vous corrigeriez quelques choses.
Il nous Faut vraiment deux Médecins Leaders afin d’intervenir sinon nos chers Hôpitaux de Référence vont très très mal.Que tous les intervenants y consacrent leur tps et leur moyens intellectuels sinon D’ici quelques peu d’années nous n’aurons rien à faire là dessus.