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Harcèlement de rue à Bujumbura: ces petits sifflements qui font mal

À Bujumbura, le harcèlement de rue est le lot quotidien de plusieurs jeunes femmes. Passer devant un chantier, faire des emplettes au marché, prendre un bus paraissent anodin, mais pour les jeunes filles, c’est un calvaire quotidien. Les hommes burundais ne se privent d’allusions salaces. Ce qui révolte la blogueuse Carole Bigirimana.

« Quatorze heures moins. Zut ! Je vais être encore en retard. Il faut que j’aille à la fac. » Une paire de bon vieux jeans, un t-shirt bien confortable et armée de mon syllabus me voilà partie pour la faculté. Normalement le chemin devrait se passer sans encombre mais voila il y a un hic – ou plutôt un sifflement « Hé ! Pssssst ! Sista » puis deux ou trois. J’en ai perdu le fil tellement je ne les compte plus.

Toutes les femmes – ou presque- ont déjà un jour subi ce genre d’harcèlement. Le souffle qui s’accélère, le cœur qui bat trop vite, l’angoisse qui vous écrase la poitrine et qui vous étouffe à l’idée que ces mêmes personnes qui vous racolent en plein milieu de la rue pourraient décider de vous faire d’autres atrocités sans nom surtout lorsqu’ils se mettent à vous suivre sur quelques mètres. Certains d’entre eux se rapprochent de trop près, d’autres n’hésitent pas à avoir la main baladeuse si vous avez le malheur de vous trouver à côté d’eux. En tête, les mêmes mots qui reviennent, les paroles prononcées par nos mères, nos sœurs, une parenté ou bien encore une amie : « Il faut marcher plus vite, encore plus vite », tête baissée et surtout ne pas créer d’histoires dans l’idéal.

Ce genre de racolage, ces sifflements,  « catcalls » peuvent devenir rapidement un lot quotidien surtout si vous êtes amenées à passer devant un chantier tous les jours, des vendeurs à la sauvette, sans parler  des convoyeurs ou chauffeurs de bus qui ne se gênent pas pour vous témoigner leur attention par un pssssst  des plus élégants. Personnellement, j’en arrive à un point où je ne supporte plus ce genre de comportement. Je bouillonne de colère au moindre catcall.

Certains diraient que ma réaction est disproportionnée. Les femmes vivent cela chaque jour et n’écrivent pas toutes un billet pour se plaindre. Elles font ce qu’on sait apprendre de mieux aux femmes : souffrir en silence. Car « une femme doit rester digne dans ce genre de circonstances car elle sait que le silence est la meilleure réponse qu’on puisse offrir à ce genre d’individu ». Et elle le fait sans rechigner même si elle sait tout au fond d’elle que ce genre de comportement n’est pas convenable. « Mais ce sont des hommes ! Que veux-tu qu’on y fasse ? »

Justement. Parlons de ces hommes. Depuis quand notre chère société burundaise éduque les hommes en leur disant que siffler une femme (fille) dans la rue est convenable ? D’où peut bien venir ce genre de comportement ? Un manque d’éducation…les hormones,… On saute rapidement sur ce genre d’explication. On dit souvent que ce ne sont que des adolescents et que les hormones leur montent à la tête et ils ne savent pas bien se comporter, que certains de ces hommes n’ont pas étudié, qu’ils ils ne perçoivent pas leur attitude comme une agression ou un harcèlement. Mais faut-il vraiment avoir fait de longues études pour prendre conscience que dire des obscénités à une adolescente ou bien encore siffler une passante ne sont pas appropriés ?

Il y en a d’autres qui diraient que ma réaction est déplacée. Certaines filles « rêvent » de recevoir ce genre d’attention et j’ose m’en plaindre. Otez-moi d’un doute. En quoi est-ce flatteur de se faire siffler comme un chien en pleine rue ? Qu’y a-t-il d’agréable à écouter un vieux pervers te raconter ses diverses envies ou les idées vicieuses qui lui passent par la tête ? Où réside le plaisir dans le fait de me faire jauger par de parfaits inconnus comme si j’étais un simple morceau de viande ?

 


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Les commentaires récents (2)

  1. Je suis un homme et dejà je me sens mal face à cette triste realité qui est vraiment serieux parceque ces temps ci même les vieux qui ont des enfants plus ou moin agé s’y mettent mais le vrai probleme est que le phenomene s’amplie alors que la solution ne semble pas venir .