Alors que la guerre fait rage à l’est de la RDC, le nombre de Congolais à Bujumbura n’a cessé d’augmenter ces derniers jours. Un petit tour dans les hôtels du centre-ville suffit pour s’en rendre compte. Certains payent en dollars. Mais quel est l’impact sur la population locale, qui utilise le BIF ? Regards des uns et des autres.
Voyons ensemble l’impact de l’arrivée de nos voisins de l’ouest. Prenons un exemple d’actualité : les loyers à Bujumbura ne cessent de grimper. Des Burundais affirment que cette hausse pourrait être liée à l’arrivée des Congolais.
Ce n’est pas tout. Dans certains quartiers de Bujumbura, comme Bwiza, les habitants dénoncent également l’augmentation des prix de certains produits. Pour eux, les Congolais, bien que payant en BIF, arrivent avec plus de moyens, car ils échangent leurs dollars à des taux avantageux sur le marché noir. Ceci, soutiennent ces habitants, leur permet de dépenser plus facilement. Bonjour une demande élevée et un déséquilibre qui rend ces produits moins accessibles pour les locaux.
Un autre citadin de renchérir : « Dans les transports, les prix des taxis flambent, et les Congolais, avec les dollars en poche, se soucient-ils des tarifs ?»
Et la rédaction de Yaga diverge à ce sujet
Comme tous les vendredis, l’ambiance était électrique dans la salle de rédaction. Les échanges autour de ce sujet étaient très intéressants. D’un côté, certains s’inquiétaient des répercussions sur notre économie déjà fragile, souvent prise dans les filets de la spéculation. De l’autre, quelques optimistes y voyaient une opportunité pour notre pays, s’appuyant sur la dynamique de l’offre et de la demande. Dans cet échange, on sentait que personne n’allait lâcher sa position.
« L’arrivée des Congolais à Bujumbura est indéniablement un phénomène aux effets contrastés. D’un côté, cela pourrait être une opportunité pour dynamiser notre économie locale (les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, tourisme etc. qui affichent une rentabilité sans précédent) », explique un collègue. Avant d’ajouter que cela va stimuler certains secteurs et attirer de nouveaux investissements.
D’un autre côté, c’est aussi un risque. Les loyers qui s’envolent, les prix qui explosent, et un quotidien de plus en plus marqué par l’inflation. Tout cela, comme le disait un collègue d’un ton calme, risque de bouleverser profondément notre mode de vie.
Que disent les économistes ?
Des économistes que nous avons contactés ont préféré ne pas être cités. Pour eux, « la présence des réfugiés Congolais à Bujumbura apporte des opportunités, mais cela comporte aussi des risques ».
L’un d’eux nous a confié que le Burundi fait face à un défi majeur : l’économie est en grande partie enclavée, avec des réserves de devises limitées, une production locale qui a diminué et des exportations qui peinent à décoller. L’arrivée de Congolais avec des dollars pourrait, certes, faire rentrer de l’argent, mais en même temps, elle pourrait accroître la demande pour des biens de consommation essentiels, créant ainsi une pression sur les prix.
D’un point de vue macroéconomique, « l’injection de dollars pourrait stimuler certains secteurs, mais au niveau microéconomique, la population locale risque de souffrir de l’inflation et de l’augmentation des prix. Cela rend la vie encore plus chère pour les Burundais qui traversent déjà des moments difficiles ».
Pour eux, il est demandé au gouvernement de suivre de près ce mouvement, d’approcher des experts en économie afin de mettre en place des mesures pour réguler ces flux et garantir que les ressources profitent réellement à l’économie locale.