“Le cinéma en tant que rêve, le cinéma en tant que musique. Aucun art ne traverse, comme le cinéma, directement notre conscience diurne pour toucher à nos sentiments, au fond de la chambre crépusculaire de notre âme.” C’est par ces mots d’Ingmar Bergman que le blogueur Yannick Ndayisaba nous raconte sa déception vis-à-vis de la 8ème édition du Festicab.
Depuis 8 ans, le Festival international de l’audiovisuel et du cinéma (FESTICAB) nous fait goûter chaque année aux délices de l’univers cinématographique. A chaque édition, nous nous retrouvions plongés dans une semaine de magie et d’enchantement que nous procurait le cinéma.
Coup de projecteur sur la 8èmeEdition
Cette année l’ambiance était festive comme dans les éditions précédentes. Dans la salle, la remise des trophées maintenait le public en haleine. Hélas, la cérémonie des récompenses pour la catégorie « internationale » se termina sans qu’aucun nom de cinéaste burundais ne soit prononcé. Le suspens emballait toujours le public car deux autres catégories étaient à venir : la catégorie « Est-africaine » et celle « nationale ».
La remise des trophées pour la catégorie Est-africaine s’achève et à la grande surprise des cinéphiles présents, le cinéma burundais a encore accouché d’une souris. Mais tout est possible dans le cinéma. Peut-être qu’un « happy end » allait nous remonter le moral, un dernier geste héroïque pour sauver l’honneur du Burundi.
Une bande d’optimistes commençait alors à chauffer les mains. L’élégante présentatrice, toute souriante, s’approcha sur le devant de la scène. Elle annonça alors l’absence de la catégorie nationale dans cette édition spéciale. Un coup dur pour l’ensemble des cinéphiles burundais. Comme pour amortir le coup, un prix spécial fut créé et décerné à la meilleure production burundaise dont le coût s’évalue à un million de Fbu. Je me garde de tout commentaire.
Un reflet de la situation du Pays
Le FESTICAB étant une vitrine de l’industrie cinématographique du Burundi, son déclin en dit long sur le terrain glissant sur lequel travaillent les professionnels de ce secteur. La crise qui frappe notre pays a énormément affecté le 7ème art. Lors de l’évènement, certains discours ont bien affirmé que le cinéma burundais vient de marquer un pas de géant avec la 8ème Edition. Et je ne peux qu’être d’accord avec eux. Du moins s’ils parlent d’un grand pas vers le sud.
Comment en est-t-on arrivé là ? La 6ème édition était prometteuse pour le cinéma burundais. Pour la première fois, un long métrage de fiction (I Mashoka) avait vu le jour après tant d’années d’attente. « Majambere le Fonceur » avait défendu l’honneur du Burundi dans la catégorie Est-africaine. Un jeune burundais (Ismaël) avait remporté le prix de la meilleure interprétation masculine : catégorie internationale. La 7ème édition a elle aussi connu un succès avec « The Springboard » de Joseph Ndayisenga dans toutes les catégories. On espérait continuer sur le même cap.
Pourtant, quand certaines grandes figures du cinéma burundais empruntent le chemin de l’exil. Quand le reste des maisons de production ne font passer dans leurs filets que des films de commande pour leur survivance, c’est normal qu’on ait un Festival du Burundi pour les étrangers.