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Faites gaffe au centre-ville de Bujumbura la nuit

En l’espace de deux mois, quatre de mes connaissances ont été agressées au centre-ville la nuit. Une insécurité qui pèse sur les habitants de Bujumbura.

Le centre-ville de Bujumbura Mairie accueille plusieurs personnes pendant la journée qui viennent de différentes localités de la capitale. Vers le coucher du soleil, ils se précipitent de rentrer chez eux. Ceux qui n’ont pas leurs propres voitures forment des files indiennes dans les parkings de bus jusqu’à 21h. Travailler ou rentrer au-delà de 21h devient de plus en plus dangereux. Les rues du centre-ville font peur aux Bujumburois. Le banditisme de toute sorte, les viols et les tortures se font remarquer. Paradoxalement, même les agents de l’ordre sont parmi les gens à craindre dans ces rues pendant la soirée. Certaines personnes en témoignent.

Patrick Mugenzi* a failli perdre la vie le soir du 27 août. Employé d’une ONG humanitaire, il passait la soirée avec des amis dans un bar se trouvant à côté du terrain de football communément appelé « hellénique ». Vers 22 heures, un de ses amis avec qui il n’était pas d’accord, est allé à l’extérieur du bistrot et il a emmené des policiers pour « corriger » Patrick, le taxant d’« Igipinga », un terme utilisé pour désigner les opposants politiques.

« Arrivés  à ce bistrot, révèle un témoin, ces policiers ont obligé Patrick à monter dans leur véhicule pick-up mais ce dernier a carrément refusé craignant d’être maltraité par la suite ». Un de ces policiers a donné l’ordre à ses compagnons d’armes de tirer sur le jeune homme. Patrick Mugenzi fut grièvement blessé sur la jambe gauche. Pour le moment, il reçoit des soins au centre de Médecins Sans Frontières.

A. Luama Kibange*, un jeune congolais reporter-photographe événementiel, habite dans la zone de Bwiza. Le 28 septembre, au soir, il rentre de son boulot. Il dépose son matériel photographique dans son bureau puis prend l’avenue de la Mission au niveau de l’Église catholique Saint-Michel pour arriver à Bwiza. Il est environ 23h, il est tout seul dans la rue. Tout à coup, des hommes débarquent dans une voiture. Ils lui arrachent tout ce qu’il a dans son sac à dos et le tabassent. Il perd connaissance et se réveille le lendemain matin au fond d’un caniveau.

Franck Ndayizeye* est serveur dans un bistrot réputé pour son karaoké. Le 12 octobre, comme d’habitude, il rentre à minuit après la fermeture du bistrot. Son domicile n’est pas trop loin de son travail. A Rohero II à Nyakabiga, à la jonction de l’avenue Muyinga et l’avenue de l’université, il est surpris par des hommes en tenue policière faisant la patrouille. On l’accuse d’être un malfaiteur, un voleur. Ce dernier cherche à se justifier mais en vain. Il est passé à tabac et passe une nuit au cachot de la commune Mukaza.

Ange Mwizigirwa* est masseuse dans l’une des maisons de massage et de relaxation à Rohero I, tout près de l’avenue de la JRR. Elle habite à Musaga. Ce 27 octobre, elle quitte son lieu de travail vers 22h30. Il y avait beaucoup de clients ce soir. Elle se rend compte très tard qu’elle est suivie doucement par un véhicule qui était garé tout près de la sortie. On l’embarque illico presto à bord dudit véhicule après l’usage de la force. Personne ne vient à son secours malgré ses cris. Elle est violée et jetée dans l’une des rues du quartier Kabondo, la même nuit. Elle y passe la nuit. Le lendemain, elle sera récupérée par le membres de sa famille qui la transportent à l’hôpital pour les soins.

Ces quatre histoires sont celles qui me sont parvenues parce qu’impliquant des connaissances. Qui sait alors combien d’actes de violence se sont en réalité déroulés pendant cette période? Étant donné que ces barbaries sont plus fréquentes au centre-ville plus que dans les quartiers, beaucoup de gens préfèrent rentrer très tôt pour passer la soirée tout près de leurs ménages. Ce qui contribue à faire du centre-ville un endroit désolé, propice à tous les maux.

 

*les noms ont été modifiés pour des raisons de sécurité

 


A relire : Ces malfrats qui se fichent royalement des autorités à Buja

 

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Les commentaires récents (1)

  1. C’est malheureux d’entendre ce mal qui règne dans notre belle ville. Comme conseil si une fois on rentre du boulot tard la nuit vaut mieux prendre du taxi pour eviter d’être agressé(e). Empruntez l’argent même si vous n’en avez pas!!!