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Facebook, ma vie, mon Agora !

Hier était célébrée la journée mondiale sans Facebook. Une occasion de faire un petit tour fictif dans la tête de ces gens qui croient que tout leur est permis sur ce réseau, au risque de violer les règles élémentaires de la bienséance.

Je suis de ces supers héros sans cape. Non, j’en ai une. C’est juste que je ne l’endosse que quand je me connecte et mes exploits ne s’opèrent que derrière l’écran, dans l’intimité. Comme mes pairs, j’ai mon signe distinctif. Normal. Batman a sa chauve souris noire sur fond jaune, Captain America le pentagramme sur le bouclier… Le mien est un F blanc incrusté dans un fond bleu. Mon créateur est un geek new yorkais terriblement daltonien. Peut-être ai-je hérité de lui cette noble faculté de voir le monde avec d’autres couleurs que le commun de pauvres mortels. 

Quand je me connecte, je retrouve mes super pouvoirs. Je comprends tout. Je peux tout expliquer. Ce qui est bon et ce qui est mauvais. Je siège au tribunal virtuel du goût et du dégout. Il y a quelques semaines par exemple, j’ai eu à me prononcer sur le mariage du fils d’un ancien président Hutu avec une fille Tutsi. Il a osé ! J’ai inondé la toile de mon verdict.  

Les nez des mariés zoomés, après une savante explication sur l’histoire des ethnies au Burundi (bien que je n’en sache vraiment pas grand-chose), j’ai expliqué, fustigé, honni cette mésalliance. Ceux qui croient encore au baratin de l’amour sont convaincus que le cœur a ses raisons que la raison ignore. Eh bien, non ! J’ai du coup doctement exposé que cela ne se fait pas, complété par mes amis toutologues, experts en tout sur Facebook également. 

Ma force, ma faiblesse ?

Un hater m’a sorti une citation d’un écrivain italien qui voudrait que les réseaux sociaux aient donné plus d’importance aux imbéciles qu’aux prix Nobel. Franchement,  je m’en bats les roustons de l’opinion de monsieur spaghetti. Ce ne sont pas ces binoclards qui refusent d’admettre que la terre est plate et que les vaccins contre la Covid contiennent de particules de la 5G, un vaste complot orchestré par Bill Gates ?

En toute modestie, je dirais que je suis le nombril du monde. Il suffit de voir les commentaires sur mes photos. Le charme s’est fait homme et habite parmi nous! Mes amis Facebook, c’est ma vie sociale. C’est mon Agora. Vous voyez l’Agora ? La place d’Athènes où Socrate aimait aller philosopher (vous voyez, j’ai des références, hein !)

C’est de là que je recadre tout le monde. Je refais les matchs en corrigeant les schémas tactiques des coachs, je donne des petits cours de géopolitique quand il le faut. Par moments je suis aussi critique d’art. Il faut dire que j’ai une sacrée oreille musicale. Un artiste qui chante faux est naturellement traité de tous les noms d’oiseaux. Idem pour les ignares avec leurs fautes d’orthographe. 

Certains trouvent que j’abuse de mes pouvoirs. Mais ce n’est pas de ma faute si j’ai le pouvoir de changer le monde en quelques clics. Un peu comme Gavroche, si je me comporte souvent en plouc, c’est la faute à Facebook. 

 

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Les commentaires récents (1)

  1. 1.Tout le peuple burundais devrait vous rendre hommage, vous Cedric Bahimpundu (super heros dont le signe distinctif « est un F blanc incrusté dans un fond bleu ») pour votre tout dernier « acte de bravoure » qui consiste en ceci:
    « Il y a quelques semaines par exemple, j’ai eu à me prononcer sur le mariage du fils d’un ancien président Hutu avec une fille Tutsi. Il a osé ! J’ai inondé la toile de mon verdict… »
    2. Personnellement je n’arrive pas a comprendre comment un jeune burundais va se casser la tete pour chercher (sur les reseaux sociaux) l’amitie (virtuelle?) de quelque etranger qui vit au pole nord ou sud, alors qu’il hait un autre jeune de son quartier qui vient d’une ethnie autre que la sienne.
    Inka iza kurisha ihera aho kw’irembo nyene.