Depuis 2019, quatre jeunes étudiants burundais en Russie sont morts dans des circonstances non encore élucidées. Comment se porte la sécurité de nos compatriotes vivant au pays de Vladimir Poutine ? Ce blogueur a parlé à certains d’entre eux pour en savoir plus.
Il y a quelque temps, la nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux et a suscité l’émoi dans la communauté estudiantine burundaise de Russie. Le 10 août 2021 décédait un certain Prosper Hitimana étudiant à l’Institut de Droit d’Orel. Cette mort non encore élucidée est la dernière en date d’un macabre décompte des étudiants morts dans ce pays. 4 décès ressortissants d’un même pays en l’espace de deux ans ! On ne fait qu’attendre patiemment que les « enquêtes » promises par la fédération de Russie aboutissent. M. Edouard Bizimana, ambassadeur du Burundi en Russie fait la part des choses : « Il [Joviet Makoroka] n’a pas été tué parce qu’il était Burundais, il était au mauvais endroit, au mauvais moment », dixit M. l’ambassadeur lors des manifestations pacifiques de la diaspora burundaise.
Prudence, prudence !
En attendant que les enquêtes aboutissent, certains étudiants burundais en Russie se sont exprimés sur leur situation sécuritaire au pays des Tsars. « Nous sommes dans un pays vaste et nous sommes éparpillés. On ne peut pas savoir ce qui se passe dans des villes lointaines », répond un étudiant sous couvert de l’anonymat. Sinon, selon lui, les Russes ne sont généralement pas racistes. Ceux qui le sont ne s’expriment pas publiquement, tient-il quand même à préciser. « Je côtoie les nationaux au quotidien. En classe, dans les transports en commun et au restaurant. On a seulement tendance à être prudent avec tous ces communiqués inquiétants. Je n’ai personnellement pas encore assisté à une scène où un étranger se fait agresser publiquement », a-t-il ajouté.
Même son de cloche pour Agar Milka Nzoboninka, une zootechnicienne qui a fait ses études à l’université de Krasonodar. Toutefois, celle-ci indique qu’à certains moments, il peut être dangereux pour les étrangers de vivre dans des villes où on n’est pas habitué à voir des personnes de couleur noire. « A partir de 23 heures dans certains bars on court le risque de se faire malmener par des individus xénophobes en état d’ivresse », met-elle en garde.
Rassurer serait salutaire
Il y a quelque jours, la représentation de la Russie au Burundi a sorti un communiqué qui n’a visiblement pas inspiré confiance à certains. La confirmation de la part de notre ambassade des causes de tous ces décès pourrait peut-être réconforter les cœurs des Burundais et apaiser les étudiants burundais de Russie. Pourquoi pas mettre en place des mesures de sécurité supplémentaires pour nos compatriotes qui s’établissent dans ce pays ?
Il est incontestable que nos deux pays entretiennent de bonnes relations depuis longtemps. Mais les bonnes relations s’établissent sur la confiance mutuelle. Eclaircir les causes de décès de nos étudiants et traduire en justice les responsables serait un bon moyen de cimenter ces relations, somme toute historiques. Espérons que nos diplomates résoudront bientôt ce problème.