La rentrée scolaire a bel et bien commencé pour bon nombre de petits burundais. Mais pas pour tous, hélas. Les enfants et adolescents en situation de rue, eux, n’ont que la rue pour toute éducation. A Bwiza, des « gangs » d’enfants font la loi, lorsqu’ils ne sont pas pourchassés par la police. Les filles, complices de leurs camarades, jouent les souricières, piégeant les mâles, en quête de plaisir charnel.
Abandonnés, mis au ban de la société, ces petit.e.s doivent « s’imposer pour survivre », se droguer pour noyer leur malheur, vendre leurs charmes au plus ou au moins offrant, au péril de leur vie.
Yaga est allé à la rencontre de ces laissés-pour-compte, afin de rendre compte de leur quotidien. Comme un cri d’alarme, nous demandons à ce que ces enfants, « Uburundi Bwejo », soient secourus.
Dans cette série d’article, vous découvrirez également la difficile mission du centre de transit Enfant-soleil, l’une des réponses apportées pour réintégrer les enfants en situation de rue.
Des enfants-gangsters : « Pour survivre, il faut s’imposer »
Bwiza est un quartier réputé pour ses malfrats. Des enfants en situation de rue intègrent dès leurs jeunes âges des « gangs » où ils multiplient vols, violences et consommation de stupéfiants. À travers ces lignes, nous allons à la rencontre de Kévin et Juma, des enfants-gangsters qui mènent une existence dangereuse et qui doivent fuir ou s’imposer pour survivre.
Par Rose Kami
Nous larguons les amarres, direction : le légendaire quartier de Bwiza. Nous accostons au moment où la lune rayonne de toute sa splendeur. Notre mission est bien claire et précise : discuter avec les enfants qui opèrent dans les ténèbres de la nuit.
Dans la foulée, un type frôlant la trentaine, vêtu d’un gilet jaune qui se charge du parking des véhicules, nous fait la promesse de nous présenter des « petits gangsters ». Un service qui ne lui sera pas vain et sans gain (il le sait pertinemment).
Une nuit mouvementée
Pour tuer le temps, nous nous asseyons dans un bar en pleine rue, à la 4ème avenue de Bwiza. Des travailleuses de sexe défilent sur les trottoirs ou montent dans des véhicules, les unes presque dénudées et les autres avec un style négligé. « Tu vois, ici tout se vend », commente mon collègue. Toutes les horreurs et tous les fantasmes prennent vie sur cette rue. J’ai comme une chair de poule que je refoule aussitôt.
Le type en gilet jaune, Abdul (pseudonyme) me fait un signe de venir vers lui. Un enfant se tient à ses côtés. J’ai du mal à m’imaginer qu’il provient d’un gang, lui qui a l’air si innocent. « Je m’appelle Kevin*, j’ai 15 ans. », me répond-il intimidé quand je lui demande son nom et son âge. Ses yeux baissés et son regard fuyant témoignent d’une crainte. Quelques instants après, l’entretien est brutalement interrompu. Le bodyguard de la boîte d’à côté exige que ce « petit voleur », avec lequel je discute, quitte les lieux. Celui-ci tremble en le voyant et fuit à mon grand désespoir. L’homme musclé nous engueule à notre tour. « Vous ne connaissez pas ces enfants, ce sont des voleurs et ne venez pas pleurer s’ils vous jouent des sales tours ! »
Abdul me confie que l’enfant a pris peur en voyant le bodyguard parce qu’une fois, celui-ci l’a sérieusement battu. Pas de chance pour moi ce soir, car le deuxième garçon de 11 ans que Abdul me présente est complètement défoncé par je ne sais quel stupéfiant. Il s’enfuit d’ailleurs à son tour quand une ronde de police s’incruste sur cette avenue. La présence des forces de l’ordre est donc fort justifiée. C’est moi qui en pâti par contre puisque je manque cruellement de témoignages. Pourtant, une question me trotte dans la tête : « Comment tous ces hors-la-loi, ces enfants de la rue qui portent tous une étiquette de voleurs et ces travailleuses de sexe sur les trottoirs parviennent à cohabiter avec ces policiers ? »
La « thug life »
Il est minuit passé quand Abdul nous déniche un bar où nous pouvons discuter calmement avec ces jeunes de la rue. Juma*, un adolescent dynamique de 18 ans, membre d’un « ikundi » (gang) se souvient de la fois où il a failli mourir dans la rue. « C’est quand j’étais membre d’un gang nommé FC Town que je me suis aventuré dans une maison pour voler et le propriétaire m’a battu à mort. Je n’étais plus qu’un cadavre et on m’a jeté dans la rue. Ceux qui m’ont reconnu m’ont conduit chez moi. »
FC Town, un gang avec à son actif de nombreux enfants en situation de rue (plus d’une cinquantaine), opère dans le quartier de Bwiza et aux alentours. Ce jeune gaillard nous parle, une bouteille de Primus à la main, de leur modus operandi : « Normalement, nous nous servions des jeunes filles en l’occurrence des travailleuses de sexe pour tromper les gens. C’est lorsque le client baissait ses armes, dans un moment d’inattention par exemple en ouvrant la portière de sa voiture que nous lui dépouillions de ses biens. »
Notre conversation est entrecoupée par des querelles entre les enfants de la rue enivrés qui cherchent à entraîner Juma dans leurs embrouilles, mais celui-ci s’impose et calme la situation, nous laissant tous stupéfaits.
Juma confesse qu’il a abandonné les Towners, mais qu’il ne parvient pas à quitter la rue. « À côté, je fais un boulot de mécanicien pour gagner ma vie et pour m’éloigner des mauvaises habitudes.» Il avoue que c’est après avoir frôlé la mort lors d’une tentative de vol qu’il a fini par écouter les conseils de son père.
Toutefois, il y a une règle pure et simple dans la rue. « Pour survivre, il faut s’imposer. », insiste l’adolescent. Dans ces groupes où ils cohabitent à plusieurs, les plus âgés ont tendance à profiter des plus jeunes et à les battre, s’ils ne partagent pas avec eux leur gain. « Ariko jewe nd’umu méchant » (mais moi, je suis un méchant), se vante-t-il. Il raconte qu’il ne se laisse pas piétiné par ses aînés et qu’il est toujours prêt à se battre pour instaurer le respect autour de lui. Pour preuve, il nous montre de nombreuses cicatrices sur sa peau qui témoignent de ces luttes pour son honneur.
« Ils rejoignent la rue en quête d’affection, d’appartenance… »
Estella Iyakaduhaye, experte psychologue, explique les raisons de l’émergence du phénomène des enfants en situation de rue : « Ce sont souvent des enfants qui vivent dans des familles déstabilisées. Ils rejoignent la rue en quête d’affection, d’appartenance et ainsi, ils quittent le toit familial. »
Une autre raison qu’elle incrimine, c’est la pauvreté familiale qui pousse les parents à envoyer leurs enfants vivre d’eux-mêmes. Aussi, les crises que le pays a connues, endurcissent les cœurs de ces enfants qui affrontent tous les dangers de la rue.
Cette experte ajoute que les conséquences sont nombreuses pour ces enfants qui développent une rigidité en eux et un manque cruel d’empathie s’ils évoluent dans ces conditions. Sans oublier, note la psychologue, que la vie dans la rue endommage la santé mentale et physique de ces enfants.
La vie périlleuse des adolescentes en situation de rue
Elles sont nombreuses à côtoyer la rue depuis leur jeune âge. Vanessa et Fiona, nous partagent leur vécu dans les rues de Bwiza où elles affrontent chaque jour des situations glauques, les unes plus dangereuses que d’autres.
Par Rose Kami
22 heures passées. Mon collègue César, qui connaît tout Buja sur le bout des doigts, m’accompagne dans le quartier chaud et vibrant de Bwiza. Le but de notre mission est de nous entretenir avec les enfants en situation de rue, en particulier les adolescentes. Nous débutons par une observation et notre poste d’observation se situe dans un bar en face de la boîte Escotisse sur la quatrième avenue de Bwiza.
Tout ce qui s’offre dans mon champ de vision me donne froid au dos. Des enfants de la rue dans un état pitoyable d’ivresse, cigarettes sur le bout des doigts. Des adolescentes et des femmes plus âgées vêtues très légèrement, exhibant leurs cuisses et leurs poitrines afin de séduire quelques clients. César qui connait ces lieux depuis longtemps n’est pas étonné par ce qui se déroule sous nos yeux.
Une nuit cauchemardesque
L’objectif est de nous infiltrer parmi ces jeunes en situation de rue. La plupart sont des adolescents qui vivent dans une vigilance extrême par peur des policiers. Ceux-ci n’hésitent pas à enfermer ces petits malfrats derrière les barreaux lorsqu’ils sont pris la main dans le sac.
Nous trouvons enfin un coin où nous pouvons discuter avec eux sans qu’ils ne soient apeurés par la police. J’entame une conversation avec Vanessa, une travailleuse de sexe âgée de 16 ans. Il m’est difficile de savoir si c’est la fatigue ou la dépression qui assombrit son visage.
« J’ai commencé ce métier à l’âge de 14 ans. Nous cherchons à attirer une clientèle d’hommes pour avoir de l’argent. » Native de Musaga, elle a rejoint une bande d’amies afin de s’adonner à ce métier. Je suis surprise quand elle me dit que ses parents habitent à Bujumbura et qu’ils savent que leur fille vit dans la rue. « A vrai dire, ils n’ont pas eu le choix. Je suis partie de mon plein gré pour mener le train de vie de mes amies. Maintenant, je le regrette. », avoue la jeune fille.
Je comprends sa désillusion quand elle me parle des expériences qu’elle affronte au quotidien : des clients qui pratiquent le sexe et refusent de la payer après, consentir avec un seul client qui lui fait subir un viol collectif, se retrouver derrière les barreaux quand la police débarque, etc. Des atrocités qui font fondre mon cœur et mes yeux qui se détournent brutalement de son visage pour ne pas laisser couler quelques larmes.
Des victimes ?
Si le travail ne les occupe pas, ces filles boivent, fument des cigarettes ou sniffent des joints. Un moyen de quitter les abysses où elles se sont engouffrées et effleurer, le temps de l’ivresse, le paradis.
Une autre adolescente prénommée Fiona vient nous rejoindre. Dans une robe sale, elle arbore un air défoncé par des stupéfiants. César et moi essayons de discuter avec elle, mais elle plonge dans un mutisme. Elle prend par moment la parole pour quémander de l’argent puis elle finit par raconter son histoire.
« Naramukunda cane » (je l’aimais beaucoup, Ndlr), répète-t-elle frénétiquement quand elle commence à s’exprimer avec un peu de cohérence. Un adolescent en situation de rue qui a tout entendu appuie ses dires : « Oui, elle a beaucoup traîné avec un homme plus âgé qu’elle. Ensuite, Fiona est tombée enceinte de lui. »
Dans son discours troublé, je parviens à saisir que cette jeune fille de 15 ans a été abusée sexuellement par un homme dont elle était tombée amoureuse, et ce dernier l’a rejetée alors qu’elle était enceinte de lui. Fiona nous avoue qu’elle a gardé l’enfant issu de cette union. La suite de son monologue entrecoupé de lourds silences me paraît tellement dénuée de sens que je suis obligée de mettre fin à la conversation. Une autre fille me souffle que Fiona acquière l’argent pour la drogue en se prostituant et en mendiant. Impuissante, je la regarde s’éloigner en pensant à son avenir déjà si sombre.
Marie-Ange Kezimana, juriste au centre Seruka, s’exprime sur les défis de ces filles en situation de rue : « Comme toute autre personne, elles devraient avoir des droits qui les protègent. Hélas, lorsque ces filles sont exploitées par leurs clients et ne sont pas payées, elles sont difficiles à défendre dans notre pays, car aucune loi ne leur est spécifique. Elles ne sont reconnues par aucun cadre légal. »
Le centre de transit Enfant-soleil : pour la réintégration des enfants en situation de rue
Mis au ban par la société, les enfants en situation de rue se constituent souvent en gang, ce dernier devenant leur seule famille. Le centre de transit enfant-soleil les rééduque et les encadre dans le but de les réintégrer dans la société…une mission noble mais très difficile
Par Ange Providence Niyogusabwa
Il est 11h15 quand je me rends au centre de transit Enfant-soleil. Je me retrouve devant un portail fermé hermétiquement à l’aide d’une chaîne et d’un gros cadenas. J’appelle ma source pour lui signaler ma présence. C’était d’ailleurs la consigne. Le temps de l’attendre, j’observe. Des enfants guettent les passants. Des policiers les repoussent dès qu’ils s’approchent du portail. Un enfant siffle, me suppliant de lui passer une bouteille qui traînait par terre. J’hésite ne sachant pas si c’est permis.
Ma source arrive. Le temps d’ouvrir le portail, le gamin a disparu dans la foule d’autres enfants. Je comprends alors que l’enfant me cachait quelque chose. Je ramasse la fameuse bouteille et je sens l’odeur de la colle qu’on trouve chez les cordonniers. M. Amissi Emmanuel, le directeur adjoint de ce centre, m’apprend que rien ne peut entrer de l’extérieur sans vérifications préalables. Mais pourquoi ? « Au départ, des gens pouvaient entrer, surtout les enfants qui ont vécu ici. Puis nous avons découvert qu’à l’intérieur des friandises que leur apportaient les visiteurs, se cachait de la drogue. Ils pouvaient mettre de la poudre de cocaïne dans des jus et beignets. », explique M. Amissi.
Ils ont alors décidé, suite à ça, de suspendre tout ce qui vient de l’extérieur pour les protéger.
La difficile réintégration
Le centre Enfant-soleil accueille les enfants qui sont attrapés par la police. Ils sont ensuite rééduqués et encadrés, afin de les réintégrer dans la société. Après trois mois de rééducation, les enfants sont réinsérés dans leurs familles respectives ou dans des familles d’accueil. Ils sont également remis à l’école afin de retrouver le cours normal de leur vie. Dans ce centre, ils sont nourris, habillés et logés, et ont droit à des séances d’écoute et de rééducation.
Cependant, ce n’est pas une mince affaire. Les enfants doivent être surveillés tout le temps, car à la moindre occasion, ils vendent à leurs camarades restés dehors, leurs habits et babouches que le centre leur offre, pour se procurer de la drogue. Pire, les encadreurs sont parfois confrontés à des plaintes d’enfants qui sont violés par leurs camarades au sein même du centre. « Cela est fréquent dans le dortoir des garçons. D’où la nécessité de travailler en relais jour et nuit pour renforcer la surveillance. », indique le directeur adjoint.
La réinsertion est particulièrement difficile pour les enfants qui ont passé plus de trois ans dans la rue : « Pour ceux qui ont passé entre 0 et 3 ans, la réinsertion réussit dans la plupart des cas, mais ceux qui ont grandi dans la rue, c’est difficile. Ils se rebellent et créent leurs mécanismes de défense. » Cela, constate le directeur adjoint, parce qu’ils n’ont plus confiance en la société. « Pour eux, toutes les personnes peuvent leur faire du mal. Certains retournent dans la rue et sont parfois ramenés ici et ils sont difficiles à gérer ».
Selon M. Amissi, pour en finir avec ce cercle vicieux des enfants qui sont réinsérés et qui retournent dans la rue, le gouvernement devrait travailler en synergie pour contourner toutes les questions susceptibles d’être liées à ce phénomène : « L’enfant doit être protégé de cette situation, mais surtout, il faudrait créer de l’emploi pour les parents, prévoir des enseignements d’accompagnement et d’autres mesures et politiques plus solides par rapport à ce phénomène. », conclut-il.
« Un enfant qui n’a connu que le calvaire… appliquera sa situation sur les passants »
Quelles sont les causes et les conséquences des enfants en situation de rue ? Le sociologue, Patrice Sabuguheba, revient sur ce phénomène et formule des voies de sorties possibles.
Par Gabriel Sana
Qu’est-ce qui pousse un enfant à vivre dans la rue ?
Patrice Sabuguheba : tout part du contexte familial. Les familles sont souvent en dislocation. Le tissu social se déchire. Il y a des familles où la pauvreté fait que les enfants manquent de tout. Ils manquent à manger, de quoi s’habiller. Quand la famille n’est plus capable de faire soigner, de scolariser ses enfants, etc., à un certain âge, l’enfant décide d’aller voir ailleurs. Il part loin ou même près de chez lui, mais c’est toujours dans la rue. Il y a d’autres familles qui sont irresponsables. Elles ne sont pas en soi pauvres, mais les parents sont irresponsables. Ils ne veillent pas à l’éducation de leurs enfants. Laissés à eux-mêmes, les enfants quittent le toit familial pour être libres parce qu’ils ne sont pas encadrés.
Parfois, c’est aussi le divorce des parents qui pousse les enfants dans la rue. Quand les parents ne sont plus ensemble, les enfants ne savent plus à quel pied danser. Ils tombent dans le désespoir et sont attirés par la rue.
L’autre cause, c’est la mort de l’un ou les deux parents. Là, les enfants deviennent des orphelins. Et quand le tissu social est déjà déchiré, la grande famille ne s’occupe pas de ces orphelins. Et dans certains cas, ils n’ont pas d’autres choix que d’aller dans la rue.
Qui devrait prendre la charge de ces enfants ?
Patrice Sabuguheba : dans les conditions normales, les enfants peuvent être envoyés dans les centres de prise en charge, dans les orphelinats. Malheureusement, il n’y a souvent personne pour prendre une telle décision.
La responsabilité ne réside pas au niveau parental seulement. L’administration est aussi responsable. Lorsqu’elle n’est pas défaillante, elle doit prendre en charge ces enfants, ces orphelins. Dans le temps, il y avait des attestations d’indigence pour cette catégorie d’enfants. S’il y avait une franche collaboration entre parents, responsables scolaires et l’administration, un enfant ne pourrait faire l’école buissonnière ou abandonner l’école. Il y a donc une responsabilité partagée.
Quelles sont les conséquences ?
Patrice Sabuguheba : un enfant qui n’a pas eu la chance d’être scolarisé, civilisé, devient brutal, un bandit, un délinquant et pour finir, un criminel. Un enfant qui n’a pas eu de secours, qui n’a pas profité de l’amour, de l’affection familiale ou sociale, qui n’a connu que le calvaire, la faim, les violences, la brutalité, il va appliquer sa situation sur les passants. Cet enfant ne craint ni la police, ni la justice, ni l’administration. Il les considère comme des ennemis.
A un certain moment, ces enfants grandissent et deviennent des adultes de la rue et vont constituer des gangs. Le pire est que même le Programme national de limitation des naissances ne s’applique pas à ces personnes-là. Ces adultes de la rue ne peuvent pas être responsables de leurs enfants. Ils vont faire des enfants qui ne seront jamais enregistrés et vont peupler encore la rue.
Quelles solutions proposez-vous, pour en venir à bout ?
Patrice Sabuguheba : pour venir à bout de cette situation, au lieu d’installer des centres d’accueil à Bujumbura ou dans d’autres villes, à l’image de celui de Jabe, il faut les construire en milieu rural, dans la campagne sur les collines. Et là, il faut y mettre des écoles, des programmes d’enseignement des métiers, etc. Comme ça, l’enfant a, à la fois, la civilisation et le métier. Il a des activités nécessaires pour se développer lui-même. Les activités développent un esprit de travail. Un enfant qui ne travaille pas à l’âge de 7 ans, 8 ans, … 15 ans, deviendra délinquant, bandit pour toujours. Il faut que l’enfant soit en pleine activité dès le bas âge.
Il faut également donner une mission écrite et rigoureuse à l’administration à la base, pour veiller à ce que tous les enfants en âge de scolarisation soient à l’école ou n’abandonnent pas l’école en cours.