Jeudi 5 juillet 2018 à Gatumba, l’assistant du ministère de l’Intérieur et de la formation patriotique annonce la campagne de collecte de la contribution pour les élections de 2020. Est concernée par cette campagne la catégorie des citoyens non salariés.
Devant un parterre de gouverneurs de province et d’ administrateurs communaux, l’assistant du ministre dira que conformément à l’ordonnance ministérielle conjointe no 530/540/1772 du 11 décembre 2017 portant modalités de collecte de la contribution de la population aux élections de 2020, un ménage paiera 2000 francs bu tandis qu’un élève ou étudiant déboursera 1000 francs bu.
À cette occasion, des carnets (63 000) contenant chacun 50 récépissés seront distribués aux représentants provinciaux et communaux, qui iront à leur tour les distribuer aux chefs collinaires pour la collecte. Un compte bancaire est créé à cet effet. Une campagne qui devrait se dérouler normalement selon l’assistant du ministre et à l’issue de laquelle près de 5 milliards de francs burundais sont attendus pour la seule année 2018.
Les 1000 fbu et les 2000 fbu, ce n’est pas aussi facile qu’il le parait
En apparence, le montant de 2000 francs et 1000 francs exigé respectivement aux ménages et aux étudiants/élèves n’est pas ce qu’il y a de plus insupportable. Mais quand on sait ce qu’est le niveau de vie des Burundais, on peut avoir des appréhensions. Dans un pays où plus de 70 % des Burundais vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins d’un dollar par jour), une contribution pour les élections ne se fera pas dans la joie. C’est aussi sans parler des indigents ou des démunis qui ne sont pas épargnés par cette contribution et qui devront toucher à leur poche.
Un autre constat est à souligner: la double (ou la triple, c’est selon) contribution des fonctionnaires. Cette question, je pensais que c’était moi seul qu’elle dérangeait, mais voilà, les administratifs aussi. C’est ce qui ressort de l’intervention du gouverneur de la province Makamba qui demandait si les fonctionnaires sont aussi appelés à contribuer dans la catégorie « ménage ». La réponse de l’assistant du ministre de l’Intérieur confirmera mes craintes. Eh bien, eux aussi sont concernés alors que l’on sait qu’une certaine somme est retenue sur leurs salaires mensuels depuis le début de l’année. Pratiquement donc, les fonctionnaires sont donc appelés à contribuer doublement, ou triplement s’ils ont des enfants élèves ou étudiants en âge de voter.
Pour ces derniers, inutile d’insister ici sur leur contribution. Car, pour certains, payer les frais de scolarité relève d’un parcours de combattants. Oui, il faut le dire, au Burundi il y a pas mal d’élèves ou étudiants qui se prennent totalement en charge. Demander à ces derniers de mettre la main à leurs poches déjà « vides », ce n’est pas approprié.
Mais dans tous les cas, le peuple devra s’acquitter de ses responsabilités, car on ne le dira jamais assez, au Burundi, la souveraineté n’a pas de prix.
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