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Éducation: « Que faire avec une génération qui ne sait même pas lire? »

La situation de l’éducation au Burundi aujourd’hui est problématique, voire dramatique. Même si on a de nombreux enseignants et éducateurs, peut-être pas en nombre suffisant pour toutes les classes du pays, la question de leurs compétences reste d’actualité, au point de se demander si les élèves avancent en ayant rempli les conditions de réussite dans les classes inférieures ou si le problème se trouve ailleurs. Autant d’interrogations que se pose notre contributeur Al Nzambo, lui aussi enseignant, avec une expérience de 36 ans.

Toute personne instruite sait que l’éducation est l’un des grands piliers du développement d’un pays. De ce fait, l’éducation au Burundi devrait être une priorité absolue et un défi urgent à relever. En effet, si un Etat n’éduque pas ses enfants, tout autre problème d’importance semble alors bien dérisoire…

Des questions sans réponses

Le ministère se plaint aujourd’hui des faibles performances de nos enfants à l’école au vu des résultats enregistrés par certains établissements dans les tests officiels de fin de cycle. Ces tests étaient supposés mesurer le niveau des élèves, mais il s’est avéré qu’ils servaient aussi à mesurer le rendement pédagogique des directeurs, des préfets et des enseignants. Est-ce correct ?  Et si ces élèves avaient avancé sans remplir les conditions de réussite dans les classes inférieures ? Ou si les administratifs avaient signé un contrat de résultat avec le ministère, ne s’y seraient-ils pas pris autrement, en organisant des séances supplémentaires d’explication pour combler les lacunes accumulées antérieurement? Bref, le niveau des élèves est si bas de nos jours qu’il importe de prendre des mesures correctives et collectives immédiatement. 

La lecture, l’unique remède 

La cause principale de ce bas niveau est que les élèves ne savent pas lire aujourd’hui : ils ne comprennent pas les explications orales des enseignants, et ils ne peuvent pas prendre des notes utiles pour la compréhension de leur cours. C’est un fait, et tous les enseignants (du moins ceux de mon établissement et alentours) se plaignent, tout au moins en ce qui concerne l’enseignement public. C’est notre calvaire quotidien. Ce n’est donc pas seulement la faute des enseignants des classes à test. Ils ont leur charge horaire et n’ont pas beaucoup de temps pour expliquer les mots de français que les élèves ne comprennent pas, au risque de ne pas terminer le programme, et donc de se faire taper sur les doigts pour cela. La solution à proposer est simple : si nous voulons que nos enfants aient la meilleure base possible pour poursuivre une bonne scolarité, nous devons leur apprendre à lire. Oui, c’est vrai. On pourrait faire passer un test de niveau en français pour s’en convaincre officiellement. C’est l’une des solutions, car on ne peut pas maîtriser ce qu’on ne comprend pas. Et ce, avant l’enseignement secondaire ; les spécialistes des programmes pourraient déterminer les années où les connaissances de base sont acquises pour une poursuite assurée de la formation. 

Arrangeons alors la grille-horaire de formation en conséquence, en mettant en place un programme spécifique pour l’acquisition de la maîtrise de la lecture. Dans le cas contraire, nous serons en train d’encourager l’illettrisme, les abandons scolaires, la délinquance,… Et ce n’est pas l’enseignant qui devrait être le bouc émissaire, si bien sûr lui-même n’a pas été formé dans cette optique.

 


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