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« Ai-je le droit de fêter la journée internationale de la jeunesse ? »

Au Burundi, la jeunesse constitue plus de 65 % de la population, mais est aux prises avec mille et un obstacles, bloquant son épanouissement et lui augurant un avenir incertain. Y a-t-il lieu de se réjouir d’une quelconque journée ?

Today is my day”, me dis-je chaque 12 août au réveil. Non, ce n’est pas le jour de mon anniversaire, mais plutôt celui de la célébration de la jeunesse. Et je remercie l’Assemblée générale des Nations Unies qui, même si elle a attendu jusqu’en 1999 pour affirmer par décret l’importance de la jeunesse dans la société, a adopté le 12 août comme journée de cette commémoration.

Aussi, j’aime appeler cette date la journée du peuple burundais, puisque la majorité de la population burundaise a moins de 35ans. Si bien que si l’on nous disait d’allumer une torche en mémoire de ce jour en même temps, je crois qu’on nous verrait à partir de la lune. Cependant, bien que ce jour soit spécial, mon cœur n’est pas à la fête.

Jeune, mais déjà avec les mêmes soucis que mes aînés

Être jeune au Burundi en 2020 relève d’un défi de taille. Tenez, il n’y a même pas une semaine, j’étais encore en train d’imprimer mon CV pour (re)tenter ma chance à un appel d’offre d’emploi. En plus, on me dit que je suis parmi les plus chanceux, parce que je suis détenteur d’un diplôme universitaire. Si cela est vrai, il faudrait que cette chance tourne en ma faveur, sinon ce diplôme risque d’être périmé avant d’avoir servi.

En voyant le thème choisi pour cette année, qui est « L’engagement des jeunes pour une action mondiale », j’ai du mal à me situer par rapport à ma situation actuelle. Moi, impacter le monde ? Il faudrait d’abord que je commence par me sortir de ce chômage. Et je crois aussi que pour impacter le monde de manière significative, un jeune doit avoir un mentor et surtout le soutien de ses aînés. Mais à moins que ces derniers aient une dent contre moi (ou je ne le leur demande pas de façon claire j’imagine), les miens ne me tendent pas beaucoup la main, ou peut-être en sont-ils incapables. Mais de l’espoir, il y en a.

Des voies de sortie commencent à pointer

Au moins maintenant la jeunesse burundaise a sa propre banque d’investissement. Il reste le moyen de pouvoir tirer profit de cette opportunité. Cependant, investir demande de la patience et surtout de l’expérience, celle-ci manquant cruellement à la jeunesse. D’où la nécessité des formations sur l’investissement et d’un suivi des projets de ces jeunes, pour ne pas voir les crédits octroyés partir en fumée.

Aussi, nous jeunes voulons avoir un impact sur la vie politique de notre pays, mais nous manquons d’expérience suffisante. Un effort devrait être consenti dans la formation en matière de leadership, afin de faire comprendre aux jeunes que représenter une communauté est plus un devoir qu’un poste, et une volonté de développement de la nation qu’une appartenance à tel ou tel parti politique. 

« Ejo ni heza »

Je me lamente, mais comme toute jeune personne, je garde espoir dans un avenir meilleur. Peut-être que je ne suis pas au bout de mes peines, mais je sais que tout vient à point pour qui sait attendre. Je sais aussi qu’avant on nous disait : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait », mais sachez, chers aînés que maintenant nous savons, même si nous cherchons encore à pouvoir.

L’impact, je l’aurai, j’en suis convaincu. Et d’ailleurs, m’exprimer dans une communauté d’internautes via Yaga Burundi est un début, si modeste soit-il. C’est pourquoi j’invite encore une fois tout jeune du monde en général, et les Burundais en particulier à apporter sa pierre à cet édifice qu’est de bâtir notre avenir. Ensemble, nous vaincrons. En attendant, « let’s celebrate the Youth ».

 

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