Et c’est dommage. Parce que le jeune homme sur lequel vous avez crashé, backlasher à cause de son interview de ce 18 mars sur un média local; il méritait plus votre respect. Malheureusement, vous ne connaissez pas son parcours. Et cela ne justifie pas votre mauvaise foi.
Je dois vous avouer : ceci n’est pas mon premier texte sur le « drama » Drama T. Le premier était crû, virulent, direct, sans langue de bois. J’ai tout effacé. Parce que les Burundais n’aiment pas la vérité telle qu’elle est. Drama T en a fait les frais en disant que la vie à l’étranger est plus chère qu’au Burundi et qu’il ne pourrait jamais y vivre. A-t-il menti ?
Iyi vidéo yabonetse cane kuri reso socio Unomusi Drama T asigura uko ubuzima bwohanze usanga bumeze
Hari live yagize abisigura neza uko yashatse kubivuga kuko hari abari babifashe nabi
Vidéo @akezanet 🎤OPEN MIC pic.twitter.com/v78XhgMCtT
— Elsie gretta Burundi🇧🇮 (@iamelysgretta) March 25, 2023
Anyway…
Ma rencontre avec Drama T date d’il y a 10 ans. Au Lycée Don Bosco de Ngozi, un petit gamin à la couleur d’ébène et au visage angélique débarquait de Muyinga : celui qui allait devenir Drama T.
À cette époque, mes parents voulaient que je fasse l’une des meilleures écoles du nord du pays. Après m’avoir acheté : draps, seau, etc., me voici sur les portes (la même année que Drama T) de ce lycée ténu par les Pères Salésiens dont l’effigie de Saint Bosco vous fixe les yeux quand vous entrez et ces écriteaux qui ne vont plus s’effacer dans votre tête : « Da mihi animas, coetera tolle », « donne-moi les âmes et, prends tout le reste ».
Drama T donc était ce gamin de 7e année qui se distinguait des autres. Il parlait beaucoup, il n’était pas timide malgré son jeune âge dans ce grand internat qui pouvait faire peur à n’importe quel mfyisi (surnom donné aux nouveaux). Une ou deux semaines après son arrivée, il était connu de tous. Même les bakambwe (anciens) connaissaient Heri (le prénom de Drama T).
Il y avait un club de danse au lycée. Et Drama T, bien sûr, y faisait partie. Il dansait avec une telle dextérité que l’on aurait cru voir un petit Chris Brown. Lors des fêtes scolaires, sur scène, Drama T était comme un poisson dans l’eau : il était dans son élément. On pouvait voir qu’il avait quelque chose de spécial. On le sentait, qu’il n’était pas comme les autres.
Pendant que je me faufilais dans la bibliothèque de Sœur Philips chaque après-midi, Drama T lui retrouvait son club de danse. Nous vivions dans deux mondes différents : moi dans les Titins et autres Entre Chiens et Loups et le petit gamin de Muyinga courtisait le monde des chanteurs américains et ouest-africains. Mais nous partagions quelque chose : on se distinguait dans ce lycée énorme. On me cherchait, moi, le petit qui se la jouait intello, pour représenter les classes inférieures lors des rencontres de culture générale (Génies en Herbe) et Heri, pour amuser les Pères Salésiens et le peu de filles qui fréquentaient ce lycée lors des différents événements.
Une année après, Heri disparait des radars. Je le retrouve cinq ans plus tard.
A Star Is Born
Ma deuxième rencontre avec Drama T date de 2018. Un président d’une association qui vient en aide aux plus démunis (principalement les enfants) cherchait des personnalités du monde de l’art pour sensibiliser et mettre en avant une campagne qu’il était en train de préparer. Je suis sur la liste (je débutais ma carrière de Poète-slameur) avec un dessinateur-peintre, une danseuse professionnelle et un certain Drama T.
Nous avions rendez-vous au centre-ville. Drama T vient en retard. Je me rappelle encore avoir demandé au peintre-dessinateur : « C’est qui lui ? ». Il m’a regardé avec dédain en me répondant : « C’est Drama T. Tu ne le connais pas ? C’est un chanteur. Il est très bon. Je vais t’envoyer ses chansons ». En route, Drama T m’adresse la parole : « Toi, je te connais non ? » Et moi de lui répondre que son visage m’est familier. Il me demande ensuite : « Tu as fait le lycée Don Bosco non ? ». Et voilà que son visage me revient. Cinq ans après, je me retrouve encore avec le petit gamin de Muyinga. Mais cette fois-ci, il a changé. Non pas dans ses manières, mais dans sa maturité. Il s’est orienté dans la musique avec brio. Une coïncidence voudrait qu’en cours de route, où nous étions censés rencontrer des enfants en situation de précarité, une de ses chansons soit jouée. Je crois que c’était friendzone.
Arrivé à la maison, je demande au peintre-dessinateur avec qui j’étais, de m’envoyer les chansons de Drama T. Sur mon WhatsApp, j’ai eu Bébé et autres. Je découvre l’immense talent du jeune homme : la voix, le style, l’écriture et la maîtrise du rythme. C’est inévitable, Drama T va réussir à conquérir le Buja Fleva.
Les briseurs de rêves/cœur
Depuis 2018, je n’ai plus perdu de vue Heri. Et j’ai suivi son évolution à la loupe. Parce que Drama T représentait une partie de moi : nous sommes deux jeunes burundais qui sont nés à l’extérieur de Bujumbura et qui voyaient cette ville comme la Terre Promise. Nous sommes de ceux qui ont grandi en entendant une petite voix leur disant qu’ils avaient quelque chose de spécial. « Il faut à tout prix être à Bujumbura. Là où tous nos rêves vont se réaliser », nous nous disions, chaque nuit, avant de nous coucher.
Heri, à Bujumbura, y a retrouvé les studios, le public et les mécènes. J’y ai retrouvé des mentors, un public, des gens qui me lisent, etc. Je dois vous avouer encore une chose : quand vous êtes ambitieux et que vous vivez en dehors de la Perle d’Imbo (Bujumbura), votre plus grand souhait est celui de débarquer dans cette ville qui offre des opportunités, des débouchés et qui valorise votre don, talent, ambition.
Malheureusement, Bujumbura et tout le Burundi viennent de décevoir Drama T.
Dans cette interview, il a fait savoir simplement qu’il ne pourrait pas vivre en Europe à cause de la cherté de la vie, comparé au Burundi. Y a-t-il du mal dans tout ça ? Bien sûr que non. Et son ton ? Bah, il n’y a que les Burundais pour scruter le ton, le rythme des mots, les onomatopées ; quand quelqu’un parle. Notre langue est imbibée de mysticisme : le simple son Hum peut signifier beaucoup de choses.
Vous avez poussé Drama T à s’excuser pour rien. Du moins, à s’exprimer. En incluant Drama T dans vos « dramas », vous avez brisé son cœur. Quand j’ai vu qu’il avait versé des larmes en tentant de s’exprimer, j’ai senti cette même peine. Cette peine d’être déçu. Cette peine de ne pas comprendre là où quelqu’un est venu : de Muyinga jusqu’aux paillettes de Buja, ce n’est pas donné à tout le monde.
Drama T mérite beaucoup plus notre respect et notre considération. À son jeune âge, il a déjà l’une des chansons burundaises les plus regardées sur YouTube. Même ceux qui se prennent pour de grands chanteurs du pays n’ont pas encore fait de tels chiffres (minimes, soient-ils). Comme Mourinho dans une de ses conférences de presse, je dirais : « Respect, respect, respect ».
Drama T est notre chouchou. Prenons soin de lui. Les anciens nous ont déçus, ne brisons pas les cœurs de la génération qui arrive. C’est elle qui va sauver Buja Fleva et redonner de l’espoir à ce Burundi qui manque de rayonner dans la sous-région. Du moins, on espère…
Merci Audry pour ce texte.
Drama t my baby killer vrmt🤲 pourquoi le monde est méchant
Il mérite le respect
Go ahead Drama T
Il faudra lui apprendre à parler ce gamin !
En tout cas vrmt une énoncés qui vallent 😍😍calmons nos genres de jalousies et soutenons nos stars qui se battent sinon question de Vie ,de travail oui quoi moi je trouve que c’est rien et on travaille dur et gagne où est le mal et si on gagne sans travail vous pensez que ça tranquillise l’âme je crois 😎
Alors mis à part de ce qu’on touche admettons que la vie est dur partout là je souligne
Drama T c est le meilleur😍😍😍Et le texte on adoreeee😍😍
C’est moins intelligent de comparer 2 mondes que tu ne maitrises pas,
Dire avec fermeté que la vie en Europe est très chère comparée à celle du Burundi alors que tu n’y as jamais été est stupide tout simplement.
Que vous chouchoutez votre Drama T ou pas,apprenez le quand même à maitriser ses propos,vous lui aurez rendu un bon service.
Respect