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Diaspora : « Il est impératif que nos enfants parlent kirundi »

Plusieurs Burundais de la diaspora s’arrachent les cheveux pour que leur descendance parle kirundi. Paradoxalement au pays, un  enfant s’exprimant en français et en anglais est souvent apprécié voire encouragé à le faire,  au détriment de la langue maternelle. Au moment où le gouvernement veut imposer la langue nationale dans les séminaires et autres ateliers, la blogueuse Martine Nzeyima juge aussi qu’il est temps de redorer le blason de la langue de nos ancêtres.

On les aime, on les adore et on les envie. Eux, ce sont ces enfants souvent en bas âge qui s’expriment exceptionnellement et aisément  dans les langues de Shakespeare et de Molière. Cela nous rend fiers.

Seulement,  il est déconcertant de  voir des parents laisser délibérément et sans gêne  leurs mômes  lâcher la langue maternelle au profit des langues étrangères.  Triste.

Si on aime tant que notre progéniture hérite ne fût-ce que d’un trait de caractère de leurs parents, qu’est ce qui nous empêche de leur transmettre notre langue nationale ?

À l’étranger, une autre réalité

Bella et Arthur, un couple établi  à l’étranger depuis bientôt six  ans, sont catégoriques : «Il est impératif  que nos enfants parlent kirundi ».

Malgré une volonté inébranlable, la tâche est rude.   Avec deux gamins de moins de sept ans, l’aîné ayant foulé les US à seulement trois ans et une cadette qui est y née,  Bella garde espoir quoiqu’elle reconnaisse que rien n’est gagné d’avance. L’autre  hic : leurs enfants côtoient à longueur de journée leurs pairs parlant uniquement anglais.  Ce qui ne décourage pour autant le couple.

La règle est simple mais aussi plein de challenges : interdiction formelle de parler anglais quand ils sont à la maison. Exception faite pour le français, mais là aussi pas toujours.   « On les laisse s’exprimer en kirundi. S’ils font des fautes, on les corrige», confie Arthur. Pour Bella, cette astuce fonctionne: «Il y a des mots que l’aîné garde. Pour son âge, cela suffit largement.»

L’apprentissage se complique pour la cadette. Avant l’entrée en  crèche, elle balbutiait et pouvait agencer  deux mots en kirundi. Ce  n’est plus le cas. Dans une semaine, elle y passe désormais quatre journées, avec plus de huit heures chacune. Ses parents savent qu’ils auront du pain sur la planche. Mais Bella explique ce choix : « Il faut qu’ils sachent d’où ils viennent, parlent  et apprennent à être fier de leur culture. La langue en est la base.»

Effectivement ! Car tôt ou tard, on leur demandera leur origine.

 


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