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Burundi : osons dénoncer la violence des enseignants envers les enfants

La violence des enseignants envers les élèves persiste, malgré les évolutions du système éducatif burundais. Ce bloggeur demande aux parents de protéger et défendre leurs enfants face à cette réalité inacceptable.

Chers parents, lorsque nous envoyons nos enfants à l’école, nous sommes très loin d’imaginer que cet endroit censé être un lieu d’apprentissage, de connaissance, d’ouverture, de créativité et d’épanouissement peut se transformer en un cauchemar quotidien. Malheureusement, oui, l’école peut devenir un enfer pour de nombreux petits enfants.

Voici l’histoire de Perla, une jolie petite fille qui vient fraichement d’entamer sa deuxième année de maternelle. Au début, elle était joyeuse de rencontrer de nouveaux amis et de découvrir des nouvelles choses. Mais après trois semaines, son humeur a complétement changé.

Lorsqu’elle rentrait à la maison, elle refusait de manger avant de faire ses devoirs. « Madame m’a dit que je dois faire le devoir à domicile. » Pour ne pas la contrarier, ses parents acceptaient de l’aider à faire ses devoirs. Après seulement deux minutes, Perla s’endormait sans même avoir mangé. Parfois, elle se réveillait à 16 heures pour manger et terminait son travail. Très tôt le matin, elle avait déjà oublié qu’elle avait déjà fait ses devoirs et demandait qu’on les fasse encore. Même les jours où il n’y avait pas de devoirs, elle disait la même chose.

Plus tard, les parents ont appris de la petite fille que sa maîtresse la grondait et la frappait. Désespérés, ils n’osaient dénoncer cette violence par peur de ne pas être pris au sérieux, car ils n’avaient pas de preuves. Leur seule option était d’encourager leur fille à terminer l’année scolaire et de l’inscrire dans une autre école l’année prochaine.

Une violence banalisée

Chers parents, prenons conscience des conséquences des violences que nos enfants subissent à l’école. Malheureusement, nous avons l’habitude de banaliser cette violence, que ce soit parce que nous-mêmes avons également été victimes de ces actes, ou parce que nous croyons à l’adage qui dit qu‘umwana adakubwitwa acika igifyine.   

Certes, le milieu scolaire burundais fait face actuellement à plusieurs difficultés qui nous interpellent à plus d’un égard. Mais, la violence de la part des enseignants ne devrait en aucun cas être tolérée voire justifiée. Elle constitue une infraction punissable par la loi.

Chers parents, la plupart d’entre nous hésitent à dénoncer cette violence par crainte de nous attirer les foudres des enseignants. Depuis longtemps, ces derniers ont érigé un mur de protection insurmontable, une solidarité négative. Si l’un d’entre eux commet une faute envers un élève, les autres le soutiennent en bloc. 

Souvent, lorsque qu’un parent dénonce la violence d’un enseignant envers son enfant, celui-ci est stigmatisé par les enseignants et ses camarades. Il arrive parfois que l’enseignant refuse à l’enfant l’accès aux cours. Le pire, nous sommes tous convaincus que l’enfant est toujours fautif. Cependant, cela ne peut justifier qu’il soit tabassé.

Ainsi, nos établissements scolaires accumulent les dérives, les absurdités et les non-sens, avec en tête les violences qui caractérisent malheureusement l’école burundaise, comme si cela était une fatalité.

Quand l’enseignant ignore son rôle

Il est alarmant de constater que la violence physique et psychologique s’est installée dans de nombreuses écoles publiques et privées. Les coups de bâton, les gifles, les injures, les invectives, l’intimidation et d’autres formes d’humiliations sont malheureusement devenus monnaie courante. Certains enfants grandissent avec des blessures, et pour certains d’entre nous, ces plaies sont toujours béantes

Quand j’étais enfant, moi le quadragénaire d’aujourd’hui, j’ai vécu ces horreurs. Pourtant, cela s’est produit dans les années 80, il y a plus de trente ans. On aurait pu penser que depuis lors, de l’eau devait avoir coulé sous les ponts de la bonne école. Mais, il n’en est rien.   

Bien que certains établissements aient compris que l’enseignement des enfants nécessite l’affection, la pédagogie, la patience et une passion profonde pour ce métier, d’autres sont toujours convaincus que le rôle de l’enseignant est avant tout de punir. Peu importe le moyen, tant qu’il y a une sanction.

La classe, un lieu sacré

Chers parents, personne n’a le droit de lever ne serait-ce qu’un petit doigt sur votre enfant. Encore moins si cette personne a pour mission de lui transmettre le savoir et les valeurs éthiques de la société burundaise. Je ne suis pas un pédagogue, mais je suis convaincu que la salle de classe ne doit en aucun cas être un ring où des individus frustrés viennent déverser leur colère, leur amertume ou leur mauvaise humeur sur de petits anges. La salle de classe est un lieu sacré où l’amour, la joie, le partage, la gaieté et la tranquillité doivent régner. Les enfants doivent s’y sentir protégés et guidés par des personnes modèles, dotées de valeurs humaines irréprochables.

A mon humble avis, la vie et la constitution morale et psychologique de nos enfants sont d’une grande importance. Nous devons veiller sur leur épanouissement, leur garantir un climat salubre au sein des écoles et ne pas hésiter l’ombre d’une seconde à dénoncer tout responsable d’un acte de barbarie sur nos enfants. Si nous y mettons du notre, l’école burundaise changera. D’ailleurs, Les conséquences des violences sont directes et la recrudescence de la violence dans notre société est le miroir d’une répétition des schémas de l’enfance.

 

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