La frustration va grandissante chez les lauréats du bac suite au retard qui caractérise la délivrance des diplômes. Ce n’est pas que de la frustration seulement, il y a aussi des inconvénients inhérents à ce problème. Les concernés loupent souvent des opportunités. Où est le problème ? Nous sommes allés aux nouvelles.
Le mécontentement des étudiants lié à l’obtention tardive de leurs diplômes se manifeste dans la plupart des universités. Ils ont été nombreux à vouloir témoigner.
« J’ai fini mon rapport de stage en avril 2023. Ensuite, j’ai commandé mon diplôme de baccalauréat en mai 2023. Ils m’ont dit que je devais revenir dans 2 semaines pour le récupérer. A maintes reprises, j’y suis retournée. L’administration de l’université me sortait souvent qu’il manquait de signatures, tantôt du Recteur, tantôt du ministère de l’Education », raconte Solange*, 21 ans, ancienne étudiante de l’université Lumière de Bujumbura.
Remontée, Solange continue : « Cela a duré presque une année avant que je ne reçoive mon diplôme. Cela a constitué un frein dans ma carrière, car il faut savoir que certaines organisations comme les banques ou les agences des Nations Unies, le diplôme est un document requis lors du recrutement ».
Inès*, 24 ans, diplômée de l’université du Lac Tanganyika a également rencontré ce défi : « J’ai mis 8 mois pour obtenir mon diplôme. Pendant ce temps, j’ai dû me rabattre sur mon attestation de réussite lors des demandes d’emploi. À l’université, ils nous répétaient sans cesse d’attendre la validation de nos diplômes. Il m’a fallu beaucoup de patience et de persévérance pour l’obtenir ».
Le vrai du faux ?
Pour comprendre où se situe le problème, nous nous sommes d’abord adressés aux universités. Pierre (nom d’emprunt) qui travaille à l’administration de l’université Lumière de Bujumbura a accepté de nous éclairer la lanterne.
« La procédure est la même que pour obtenir le diplôme de licence. Il faut que les lauréats fassent une commande. Pour cela, ils doivent fournir un dossier qui comprend des documents requis. Ils doivent aussi s’acquitter des frais de commande du diplôme. Ensuite, après un certain temps, ils viennent récupérer leur diplôme au siège de l’Université », fait-il savoir.
Mais pourquoi le retard alors ? « Cela peut traîner dans la passation de la commande. Il peut s’agir aussi du retard au niveau du ministère pour l’entérinement », explique M. Pierre.
Pour connaître le fin mot de cette histoire, nous sommes rendus au ministère de l’Education nationale et de la recherche scientifique. C’est madame Jeanne (nom d’emprunt) qui a daigné nous répondre, sous le couvert d’anonymat.
« Les étudiants se plaignent comme quoi les diplômes traînent au niveau du ministère. Or, le ministère n’intervient que pour les conformités des diplômes ayant déjà été délivrés et entérinés au niveau des universités. Ce qui peut arriver, c’est le retard dans l’entérinement, qui est un acte de validation de ces diplômes par une commission désignée par le ministère. »
Dame Jeanne fournit une autre explication : « C’est au niveau des universités que le retard peut subvenir parce, parfois, elles tardent à s’acquitter des frais requis pour l’entérinement. C’est le président de la commission d’entérinement et le secrétaire qui doivent apposer leurs signatures ».
Madame Jeanne est formelle. Aussitôt que l’université fait appel à cette commission, « le président et le secrétaire de la commission répondent toujours présent les mardis et les jeudis. Cela étant dit, les documents requis doivent être apprêtés par les universités, y compris la preuve de paiement des frais d’entérinement qui constitue souvent le principal obstacle ».
Le problème aurait été déjà résolu
Quid de ces frais d’entérinement ? Pour le savoir, nous nous sommes adressés à Raoul (nom d’emprunt), un ancien comptable d’une université privée de Bujumbura. « Le paiement d’un diplôme est estimé à 70 000 BIF. Cette somme comprend les frais pour l’entérinement », a indiqué notre source.
Cependant, il n’a pas précisé la part des frais d’entérinement et celle qui revient à l’université.
Il a ajouté : « Parfois, la commission peut se déplacer pour la validation et rebrousser chemin parce que les documents annexés sur les diplômes ne sont pas complets. C’est la raison principale qui justifie ces retards. J’ignore s’il peut y avoir des désaccords entre la commission chargée de la validation et les universités concernant les frais pour l’entérinement ».
Yaga a contacté le Porte-parole du ministère d’Education nationale et de la recherche scientifique. Il a fait savoir que le problème de retard des diplômes a déjà été résolu. « Les diplômes sont délivrés à temps actuellement, sauf pour les cas litigieux », nous a-t-il affirmé. « S’il y a l’un ou l’autre étudiant à qui le diplôme n’a pas encore été délivré, dites-lui de me contacter directement », a-t-il indiqué lors de notre appel téléphonique, nous autorisant même à transmettre son numéro de téléphone à tout étudiant qui le souhaiterait. Il a en outre promis à tout étudiant dont le dossier n’est pas litigieux, que son cas sera résolu très rapidement.
* : nom d’emprunt