Internet est devenu une vraie jungle où l’on peut facilement se perdre ou se faire harponner. Une criminalité liée aux TIC s’est rapidement développée depuis quelques années. Nous sommes allés à la pêche aux infos, et coup de bol, une loi sur la cybercriminalité au Burundi vient d’être adoptée par le Parlement.
Vous en avez sans doute entendu parler, des gens qui se font passer pour des personnalités publiques ou des hommes d’affaires trompant la confiance des gens pour les dépouiller de leurs biens. D’ailleurs, certaines autorités ou services publics ont eu à faire des communiqués pour informer le public qu’ils ne possèdent pas un compte Facebook.
Récemment encore, des images de jeunes filles en train de s’adonner aux plaisirs de la chair ont circulé sur les réseaux. Plus récemment encore, la police a montré des gens accusés d’avoir volé de l’argent à la Bancobu par des combines informatiques. Pourquoi je vous ennuis avec toutes ces histoires des magouilleurs de bas étage ? Et bien, c’est parce qu’elles illustrent bien ce qui fait le sujet de ces lignes, la cybercriminalité.
Qu’est-ce que la cybercriminalité ?
Il n’existe pas de définition précise et universelle du terme « cybercriminalité ». En termes généraux, il s’agit d’un délit qui est commis en utilisant un réseau informatique ou l’Internet. Cela peut couvrir un large éventail d’activités criminelles, y compris les activités terroristes et l’espionnage menés à l’aide d’Internet et le piratage illégal de systèmes informatiques, les infractions liées au contenu, le vol et la manipulation de données et le cyber harcèlement.
Le pendant de la cybercriminalité est la cybersécurité qui concerne tout ce qui a trait à la gestion de cette forme de criminalité à la protection du cyberespace. À l’heure où Internet fait partie de la vie quotidienne des gens, il s’avère important d’assurer la sécurité des utilisateurs.
Les pays développés dépensent beaucoup d’argent pour se protéger des cyber-attaques. L’Afrique n’est pas en reste, car elle s’est dotée de la convention de Malabo pour essayer de se protéger contre la criminalité cybernétique.
Quid du Burundi ?
Doit-on vraiment s’inquiéter de la sécurité sur Internet dans notre pays ? La réponse est oui. Le taux de pénétration mobile étant de 55%, 6,5 millions de Burundais ont accès à ce moyen de communication. Avec un taux de pénétration d’Internet de 8,5%, le Burundi a plus d’1 million d’internautes. Ces chiffres, nous ne les tirons pas de notre petite tête de paparazzi. Nous les avons trouvés dans l’exposé des motifs de la nouvelle loi sur la cybercriminalité récemment adoptés par le Parlement Burundi.
D’après un expert burundais gérant les plateformes d’une boîte de Bujumbura (qui a tenu fermement à garder l’anonymat), ce sont surtout les infractions liées aux contenus dont il faut s’inquiéter. Un individu mal intentionné peut voler les données personnelles dans un ordinateur ou un smartphone pour faire du chantage.
On peut également importer un système informatique d’un service public ou même d’une entreprise privée et lui refuser l’accès pour le rançonner. C’est de l’ordre du faisable ici chez nous. Les banques locales aussi doivent faire très attention pour ne pas se faire siphonner par les gens mal intentionnés, d’ailleurs, nous avons donné l’exemple de la Bancobu plus haut, elle qui vient de se faire subtiliser plus d’une centaine de millions de FBu via son système informatique, d’après les dires de la police.
Les cybercriminels doivent-ils dormir sur leurs lauriers ?
« Ibisaka vy’imbwa vyahiye », dirait l’autre amateur des formules toutes faites. Nous lisons dans l’exposé des motifs de la loi sus-mentionnée qu’au Burundi, et pour la seule année de 2018, 462 personnes ont été arrêtées pour les faits de cybercriminalité. 126 d’entre elles ont été condamnées malgré l’insuffisance des moyens d’enquête et les lacunes dans la législation.
Quant aux plaintes, les chiffres sont allés crescendo depuis quelques années : de 1473 en 2018, elles sont passées à 6 123 en 2019, puis à 6 894 en 2020, pour s’établir à 7 523 en 2021. Une raison qui explique peut-être pourquoi ce projet de loi est passé comme une lettre à la poste au Parlement ?
En tout cas les criminels du net ne devraient plus dormir sur leurs lauriers. Cette loi, au-delà des amendes salées, prévoit des peines qui vont de 3 mois de prison à la perpétuité.