Dans mon dernier billet, je notais avec une note amère l’absence de débat sur des sujets qui préoccupent la population à la veille des élections. Ce 19 novembre, dans une conférence de presse, le président de l’Olucome a dressé le même constat. Que faire donc face à ce fardeau sur les épaules d’une population qui ne sait plus où donner de la tête ?
C’est un tableau sombre que dresse Gabriel Rufyiri et que partage pas mal de burundais. Le Burundi est frappé de grand fouet par une inflation sans précédent. Tous les produits sont concernés, à commencer par les produits de première nécessité. Parmi ces derniers, certains connaissent une inflation de plus de 100 %. Selon toujours le président de l’Olucome, les prix se sont multipliés par plus de deux entre avril 2024 et novembre de la même année.
Si l’inflation qui frappe le pays de Ntare bat tous les records, il serait exagéré d’affirmer qu’il s’agit d’une première. Dans un passé pas si lointain, face à la hausse exponentielle des prix, les pouvoirs publics ont tenté de contenir l’abcès en initiant des actions ponctuelles pour freiner la flambée des prix. On se rappelle ici de la décision prise en 2017 de détaxer certains produits de première nécessité. Avec des résultats certes à court terme mais immédiats. A l’époque, les prix ont vite baissé, ce qui a assuré un peu de répit à la population.
Pour une réduction drastique des dépenses
Depuis 2020, l’inflation est revenue au galop. Ce n’est pas la banque centrale, qui publie plus ou moins régulièrement les chiffres sur le niveau d’inflation, qui dira le contraire. Que faire donc ? Augmenter la production ? Certainement, mais cela prend du temps. Et si on rééditait des décisions qui ont déjà fait recette face au même problème ? Par une détaxation d’urgence des produits de première nécessité. Je vois l’autorité publique rétorquer que le manque à gagner serait énorme et impacterait le budget 2024-2025. Je ne dis pas le contraire, mais à la guerre comme à la guerre. Pourquoi donc ne pas revoir le budget et mettre de côté certaines dépenses non-vitales ? En grattant ce papier, j’ai revisité le budget en cours. Les seuls frais de missions pour les voyages à l’étranger et à l’intérieur du pays sont estimés à plus de 16 milliards pour la Présidence, la Vice-présidence, la Primature, l’Assemblée nationale et le Sénat.
Pourquoi ne pas réduire ces voyages et utiliser l’argent récupéré pour financer l’exonération des produits de première nécessité ? Quid des voyages des officiels à l’intérieur du pays ? S’il est vrai que l’autorité est appelée à exercer une gouvernance de proximité, dans un contexte de difficulté et de pénurie de carburant, le pays gagnerait à réduire drastiquement ses dépenses et contribuer à la réduction des prix sur le marché.
Faire une croix sur certaines dépenses ne viendrait pas à bout des galères du burundais lambda. Tant les racines sont profondes. Mais cela participerait à donner un peu de répit à une population à bout de souffle.