À part les fonds débloqués par la communauté internationale pour aider les réfugiés burundais qui ont fui la crise burundaise de 2015, il y a une autre somme colossale qui échappe à l’économie burundaise en particulier le secteur touristique et qui va tout droit vers les pays voisins. Une partie de la diaspora burundaise préfère consommer leurs devises dans ces pays alors que notre économie en a grandement besoin.
Un mois ne peut pas passer sans que je n’entende parler ou ne voie sur les réseaux sociaux des Burundais (communément appelés chez nous « comefrom » ) revenus passer leurs vacances dans un pays limitrophe notamment de l’autre côté du Kanyaru. Ces personnes, une fois dans ces pays, appellent leurs familles respectives, les amis ou des collègues pour les y rencontrer.
Mwami (pseudo) est un cas typique. En 2015, il a tenté sa chance dans la loterie « Green Card » pour gagner la nationalité du pays de l’oncle Sam. La chance lui a souri et il vient de passer deux ans aux USA. En juillet 2018, il a préféré passer ses vacances au Rwanda. Il a appelé sa famille et sa copine pour qu’ils l’y rejoignent. Le vacancier a dû payer les tickets d’avion et toutes les dépenses durant leur séjour au pays des mille collines, d’après son petit frère. Nous, ses amis, on lui avait conseillé de venir au moins jeter un coup d’œil dans son pays natal mais en vain. Son prétexte était comme quoi la sécurité n’est pas encore sûre.
Des cas pareils s’observent souvent ces derniers jours. L’histoire réelle qui m’a épaté est celle d’une dame qui était malade, et qui s’est fait hospitaliser récemment dans l’un des pays voisins pour que ses enfants vivant en Europe puissent la suivre parce qu’ils auraient eu peur pour leur sécurité une fois au Burundi. Le coût est revenu à cinq fois plus cher, alors que c’était une maladie qu’on pouvait traiter au Burundi.
Je ne parlerai pas de ces familles qui vivent séparées et lorsqu’il y a un événement familial comme un mariage préfèrent le célébrer hors du pays à cause de ladite insécurité qui existerait au Burundi.
Ce que nous perdons
Tous ces enfants du Burundi ne vont pas en Tanzanie ou au Rwanda les poches vides. Ils ramènent des devises dans ces pays d’accueil qui font à leur tour tourner leurs services tels que les institutions d’hébergement, de restauration, les agences des événements culturels, les agences touristiques et tant d’autres.
Il est vrai que pour certains le retour au Burundi est compliqué, mais pour tous ces autres qui ne sont pas engagés radicalement d’une façon ou d’une autre en politique, revenez circuler dans les rues de Bujumbura, contemplez les beautés de chez nous. Le Burundi de 2015 ne ressemble pas au Burundi de 2018. Il n’y a aucun doute que certains d’entre vous voudraient se réinstaller ici et investir dans tel ou tel autre domaine en vue de donner du travail à des jeunes burundais au lieu de délocaliser des projets de développement dans d’autres pays. D’ailleurs, chez nous un proverbe dit « Ntawanka kwonka nyina ngo arwaye amahere ».
Mais la responsabilité ne revient pas seulement aux immigrés. Il faut que le gouvernement marque des ouvertures et tende la main à ses belligérants. Le climat des affaires doit être amélioré. Car on aura beau haranguer la diaspora, tout repose sur le bon vouloir de l’État.
A relire : « Les produits burundais nous manquent », dixit nos voisins Rwandais
Joli constat. La problématique soulevée ici est vraiment très inquiétante sur l’avenir de notre pays. L’économie burundaise bat de l’aile et sombre toujours dans le Cao. Il est vrai que la fuite est considérable en matière de la délocalisation des entreprises. En revanche ça m’enchante le fait qu’ils préfèrent le Rwanda. Ils auraient pu aller ailleurs mais cela démontre un lien fort qui existe entre ces deux pays.
Y a pas raison pour que le Burundi reste à terre s’il y a la paix et je suis convaincu que le Rwanda sera premier à nous tendre la main.
Ces enfants du pays soient disant come from préfèrent le Rwanda car ils se sentent premièrement en sécurité et deuxièmement comme chez eux. Certes on perd économiquement mais tant qu’on est pas libre d’exercer un business chez nous cela demeurera ainsi.
J’ai foie en notre destinée et le jour viendra. Comme l’eclésiaste disait *il y a un temps pour tout* et c’est le temps de prendre du recul sur nous afin de se purger de tout intoxication qui nous a pu diviser et enfin assister à l’économie qui va de plain.
« Mais la responsabilité ne revient pas seulement aux immigrés. Il faut que le gouvernement marque des ouvertures et tende la main à ses belligérants. Le climat des affaires doit être amélioré. Car on aura beau haranguer la diaspora, tout repose sur le bon vouloir de l’État ». Votre conclusion est superbe.