En pleine campagne électorale, les partis politiques et indépendants sillonnent villes et collines à la chasse au vote du peuple pour arracher les postes de député et de conseiller communal. Le rendez-vous est fixé au 5 juin 2025. Mais le moins que l’on puisse dire, pour qui observe de près le déroulement et le contenu des discours des candidats, c’est qu’il y a comme impression de confusion entre le mandat des parlementaires et celui de l’exécutif, alors que ces derniers ne sont pas concernés par ces élections qui viennent. Qu’est-ce qui cloche alors ?
Ça y est, depuis le lancement de la campagne en grande pompe à Gitega, le 9 mai, les politiques burundais, avec leurs partis politiques ou même en indépendants, mobilisent les foules — bon, ceux qui le peuvent —, impriment les affiches, et saisissent les réseaux sociaux. Le tout avec un seul message : votez pour moi et je m’occuperai de tous vos soucis. Tout ça, c’est bien, en tout cas sur le papier, car je ne vais pas revenir sur les incidents relevés, même par le ministère de l’Intérieur, qui caractérisent cette période.
Une parenthèse, si vous me le permettez : a-t-on parlé d’une parole équitable et d’un accès équitables aux médias publics et privés ? Il faut passer un moment devant certains médias pour voir que le verbe n’est pas suivi de l’action, un parti se taillant la part du lion. Mais bon, ce n’est pas le sujet de ce papier, revenons donc à nos moutons.
Remarquez-vous comme moi ( bon, je ne suis pas le seul, Faustin Ndikumana de Parcem constate la même chose) que les candidats confondent les législatives et les communales avec les présidentielles ? « Construction des infrastructures, hôpitaux et écoles, rapatriement des réfugiés… » Ce sont là quelques promesses faites par les partis politiques et indépendants depuis le début de la campagne électorale.
Des promesses électorales qui n’ont rien à voir avec le mandat d’un député ou d’un conseiller communal. Aujourd’hui, à écouter nos candidats, un constat saute aux yeux : une confusion sur ce que signifient les législatives. Car à les écouter, difficile de se dire qu’il s’agit des législatives et communales, mais plutôt d’élections pour l’exécutif. C’est un peu comme si c’étaient des présidentielles. Rarement ou jamais, on entend les concurrents battre campagne avec des promesses en phase avec le mandat législatif. Jamais pendant cette campagne, en tout cas depuis qu’elle a commencé, on n’a entendu un candidat député avancer des propositions de lois qu’il va initier une fois élu, ou une critique de lois déjà existantes qu’il faut amender ou abroger. Au contraire, c’est une campagne dominée par les états-majors des partis politiques, un peu comme pour donner raison à ceux qui critiquent le système de liste bloquée qui favorise les partis politiques et qui ôte le choix au citoyen.
Cette confusion ne montre-t-elle pas des signes d’une immaturité démocratique lorsque l’on a affaire à des concurrents qui font, peut-être sciemment, peut-être sans le savoir, confusion du mandat pour lequel ils concourent ?
Et pourtant
En temps normal, pour les démocraties qui fonctionnent, les parlementaires ont deux fonctions : celle de voter les lois, qui se situe à deux niveaux : initier les lois qui viennent pour répondre aux défis de la population et pour régir les institutions d’un côté. De l’autre côté, c’est celle de voter des lois qui viennent de l’exécutif, du gouvernement donc, avec l’idée qu’elles viennent répondre aux besoins de la population. Enfin, ces parlementaires ont la fonction de contrôler l’action gouvernementale en s’assurant qu’elle se fait en respectant la loi et qu’elle répond à l’intérêt général.
Ça, c’est au niveau universel, et le Burundi ne fait pas exception. Cela transparaît d’ailleurs dans l’arsenal juridique burundais, à commencer par la Constitution.
Vous vous demandez à quoi sert cette piqûre de rappel ? Eh bien, elle n’est pas anodine, car tout observateur avisé qui suit de près cette campagne constatera que les propositions en phase avec ces deux fonctions ne reviennent pas. Seront-ils clairs lorsqu’ils seront élus, nos parlementaires ? Wait and see. Mais le fait est que cette absence de propositions concrètes interroge sur la capacité de nos prétendants à saisir la tâche qui les attend : celle de légiférer et non de gouverner.

Merci @Patrick Nimpagaritse