Il y a quelques jours on célébrait la journée internationale de lutte contre la corruption. Une date qui sonne faux dans un pays classé parmi les huit premiers les plus corrompus au monde. Partant d’un exemple d’un jeune victime de cette pratique, le blogueur Thierry Nijimbere nous montre comment les pots de vin sont un obstacle au développement durable.
Eric (pseudo), 23 ans, est un jeune diplômé en Gestion et comptabilité. Il y a quelques mois, il apprend qu’à Bubanza, sa province natale, une entreprise lance un appel d’offre au poste de comptable. Les candidats ciblés étant les ressortissants de cette localité, il monte en catastrophe pour déposer les documents requis. Le lendemain, la liste des présélectionnés sort. Ayant remarqué que son nom figure sur la liste de ceux qui vont procéder à un test de sélection, il se prépare d’avance.
À la sortie de la salle d’examen, le jeune homme affiche un large sourire. Il a bien travaillé et cela se confirme. « J’avais battu le reste des candidats avec une note de 18 sur 20 », se souvient Eric.
Malheureusement, son espoir se solda rapidement par une amère déception. Surpris, et contre toutes ses attentes, il apprit que la personne embauchée n’était même pas apparue le jour de la passation du test de sélection : « Les procédures de recrutement n’étaient qu’une mascarade. La candidate engagée aurait été prise d’avance en échange d’une somme de 400.000 fbu !»
Où va-t-on ?
« Le Burundi est un pays en voie de développement», aiment dire nos autorités. Et comme pour s’attirer notre sympathie, l’on ne cesse pas de nous annoncer des projets d’avenir à partir desquels le pays aura conquis le soi-disant développement durable. Pourtant, le témoignage de ce jeune homme, parmi tant d’autres, révèle que la corruption peut sans aucun doute être un véritable obstacle à tous ces projets grandioses.
« La corruption ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs étranger et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption », souligne-t-on aux Nations unies.
À cause d’un pot de vin, une institution quelconque court le grave risque d’embaucher des candidats médiocres qui, à leur tour, prendront de médiocres décisions. Quant aux victimes de cette pratique, les candidats compétents non embauchés, leurs compétences techniques vont demeurer inexploitées et ne pourront pas servir pour le développement de leur pays. Le plus scandaleux encore, c’est l’indifférence totale que nos dirigeants semblent manifester face à cette pratique, qui est pourtant devenue une habitude chez les agents de la fonction publique. En témoignent les fameuses mises en garde contre la corruption et corrupteurs qui ont presque toutes fini dans les déclarations.
Et là de se demander : à quel genre de développement aspire-t-on ?
ça fait très mal quand on est citoyen d’un pays pareil et qu’on ne voit pas les efforts pour sortir de ce fléau de corruption qui ravage les institutions tant publics que privés, ce jeune me rappelle une patiente indigente qui doit être opéré l’utérus car ayant un myome sous muqueux qui saigne trop et qui a manqué l’attestation d’indigence faute d’une somme de 5000 fbu que le conseiller collinaire l’a demandé comme corruption pour pouvoir bénéficier d’un bon de Commande du ministère de la solidarité qui couvre les frais opératoires, donc pour dire que même la corruption nous enlevé notre âme et sommes des animaux envers nos prochains, où est ce que nous allons vraiment? c’est malheureux
Cher Thierry,
La corruption n’est pas l’exclusivité des institutions burundaises loin s’en faut! Allez interroger les militaires hommes de troupe qui ont intégré les anciennes Forces armées burundaises au cours des décénies écoulées. Nombreux sont des militaires qui, ayant échoué en sixième année d’école primaire, réussissaient à intégrer l’armée burundaise en présentant un certificat de fin d’études primaires d’un malheureux élève Hutu qui, lui, n’avait aucune chance de mettre le pied un jour dans cette institution. Quantà moi qui réagis à ton post, j’ai été présésélectionné, à la fin de mes humanités, pour une bourse d’études en relations internationales à l »étranger à cette même époque, J’ai constitué et déposé mon dossier administratif au département des bourses d’études et de stage du ministère de l’Éducation nationale ou on m’a gentiment expliqué que je n’avais plus qu’à aller attendre sur ma colline natale que l’on appelle mon nom sur les ondes de la radio nationale pour les dernière démarches pour un départ à l’étranger. J’ai attendu en vain jusqu’à la rentrée académique en octobre à l’université du Burundi. Curieux, je me suis présenté au ministère de l’Éducation nationale pour m’enquérir de l’évolution de mon dossier de bourse d’études à l’étranger. L’agent des bourses et stages qui m’a reçu a été tellement surpris (en tout cas sa surprise m’a paru sincère à ce moment-là) qu’il me pensait déjà à l’étranger! Pour finir, quelqu’un d’autre avait emprunté mon nom et était déjà parti suivre ma formation un mois plus tôt! Intéressant n’est-ce pas? Alors mon cher Thierry, ne prends pas un air de vierge outragée pour rapporter des pratiques vieilles comme le monde!
@MUGISHA
Que je comprends ton dégoût Mme ou MR MUGISHA. J’ai vécu la même chose que toi. Ma réaction aujourd’hui est de lutter pour que personne ne subisse le même sort que moi. Nous nous élèverons en bannissant ce qu’on fait aux autres mais que nous n’aimerions pas qu’on fasse à nous. Si nous qui avons souffert ne sortons pas de cette psychose et que nous pratiquons plutôt la vengeance, le cercle infernal n’est pas prêt à être brisé.