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Être Burundaise et politicienne : « Non, on n’écarte pas les jambes pour obtenir des postes ! »

Alors que la politique burundaise reste une affaire d’hommes, quelques Burundaises continuent à y faire éruption. Comment ces femmes politiques gèrent-elles leur situation de femme, mère et politicienne ? Témoignages.

Elle, c’est la Burundaise politicienne. « Elle est chanceuse », « elle a des gardes du corps », « elle a une V8 », « elle a réussi sa vie », entend-elle, au long des journées. C’était mon point de vue il y a quelques jours, jusqu’à ce qu’un débat sur le leadership féminin me révèle le revers de la médaille. La réalité est qu’on soit député, sénatrice, gouverneure ou cheftaine collinaire, le plus grand rôle pour la femme burundaise est être une bonne épouse, procréer, élever les enfants et accomplir les tâches ménagères. Une mentalité populaire qui la réduit à une infériorité en politique, et fait que, malgré le sourire aux lèvres, elle vit un calvaire au quotidien.

Le mari, pire obstacle

« Le plus souvent, l’homme est jaloux, méfiant, et a peur de l’opinion des gens de son entourage », témoigne N.C, une sénatrice qui vient de divorcer. Pour elle, l’engagement en politique nécessite beaucoup de temps à consacrer en dehors du foyer familial, chose peu commune pour une femme burundaise. « En 2010, mes enfants étaient jeunes et mon mari disait que ce n’était pas raisonnable que je sorte toujours pour assister à des réunions qui se font souvent dans la soirée et me forçant à rentrer tard le soir. J’ai donc arrêté de faire de la politique », confie-t-elle. 

Sauf qu’en 2015, le désir de changer les choses, plus fort que jamais, a fait qu’elle a recommencé à militer, profitant du fait que ses enfants étaient plus grands. « Les voyages pour les meetings, les ragots ici et là que je suis la concubine des chefs du parti, entraînaient des disputes sans fin avec mon mari, jusqu’à ce que divorce s’en suive », confie-t-elle. Pour elle, avant d’être une femme politicienne, le soutien du mari est primordial. Sinon, c’est la catastrophe.

À bas les préjugés

Les Burundaises sont également en proie à plusieurs préjugés qui freinent leur ascension dans le monde de la politique. Selon Claudine*, elle a été rayée du liste électorale des députés en 2005, parce qu’elle est divorcée : « Comment une femme divorcée pourrait gérer efficacement un pays, alors qu’elle n’était même pas en mesure de gérer son propre foyer familial ? ». Elle a été choquée, et n’a plus le goût de la politique jusqu’à maintenant.

Un autre préjugé est celui qui affirme que les femmes qui sont en politique sont de mœurs légères : « Elles sont frivoles et couchent avec les hommes pour obtenir ce qu’elles veulent », témoigne une cheffe du personnel, qui était avant, secrétaire dans un cabinet ministériel. Selon elle, de ce préjugé, en découle un troisième que la femme mariée qui fait de la politique trompe son mari. Ce qui est faux, décourager le militantisme féminin où plusieurs femmes s’abstiennent d’assouvir leurs ardeurs de politiciennes, aux risques de briser leur foyer et de perdre leur mari.

Le manque de solidarité

Les femmes se détesteraient entre elles. Pour certains, ce serait même un fait. Pas toutes certes, mais la plupart. Cela a fait obstacle au cheminement politique d’Anastasie qui a perdu les élections collinaires à Giheta, en 2015. « J’étais la seule femme à me représenter parmi quatre hommes, et je n’ai reçu aucune voix », raconte-t-elle. Cela démontrerait pour elle à quel point les Burundaises peuvent être jalouses de la réussite de leurs consœurs.

Quoi que ce soit, les femmes doivent briser le dôme de verre du monde politique pour y faire éruption. Et pour s’y maintenir, elles doivent être ouvertes d’esprit, prouver qu’elles peuvent faire mieux que les hommes, sans avoir honte et ne baissant jamais les bras.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Merci Yaga pour cet article! C’est pertinent mais également une triste réalité puisque ceux qui devaient nous soutenir dans cet élan sont ceux qui touchent là où ça fait mal