Dans le schéma politique burundais, pour accéder aux postes de prise de décision, il faut à tout prix être dans un parti qui peut prétendre à des places électives. Pour les femmes, la réalité est encore plus complexe…
La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, dit-on. Et pour une plus large représentation des femmes en politique, il faut partir de la base. Pour cela, il faudrait deux choses : mettre en place des lois qui sont en faveur d’une inclusion plus large des femmes dans les sphères publiques car voyez-vous, non seulement le quota des 30% ne suffit pas et n’est pas toujours appliqué, mais il y a encore des vides de législation quant à la représentativité de la femme au niveau collinaire pour ne citer que ce cas.
La seconde chose serait une plus grande représentativité des femmes dans les partis politiques. Car, on ne le dira jamais assez, même si des rassemblements/mouvements des indépendants voient le jour au pays des tambours, le système politique du Burundi est toujours dominé par les partis. Et les femmes ne pourront avoir la place qu’il leur faut dans les instances de prise de décision que si elles ont d’abord leur place dans les partis politiques. D’ailleurs la loi burundaise dit que ce sont ces partis qui sont pourvoyeurs de responsables qui seront chargés de la « gestion de la cité », à partir des listes bloquées, à l’exception des conseillers collinaires et des chefs de collines. Cela au moment où les chiffres indiquent une faible représentativité des femmes.
Membres mais pas dirigeantes…
La loi sur les partis politiques garantit la participation des femmes dans les organes décisionnels des partis politiques au niveau national à hauteur d’au moins 30%.
En 2010, sur 12 partis étudiés dans une analyse sur la participation de la femme dans les organes dirigeants des partis politiques, 4 partis seulement avaient une représentation allant au-delà de 30% des membres. Quant au Bureau Politique ou celui de Comité Central, la représentation de la femme devient encore plus réduite. Sur l’ensemble des partis étudiés, la moyenne de représentation était de 16%.
En 2014, quatre partis seulement sur 11 respectaient les 30% requis par la loi au niveau du comité central/comité exécutif. Au niveau du bureau du Comité central/bureau politique, trois sur les sept partis qui en disposent étaient en accord avec la loi.
… et sous-représentées
Selon une étude faite en 2014 sur la participation politique de la femme, il en ressort notamment que parmi 40 partis politiques qui étaient enregistrés au Burundi à cette date, seulement trois (soit 7,5%) étaient dirigés par des femmes. « Les partis politiques comptent beaucoup de membres féminins, mais les femmes sont peu présentes dans les organes dirigeants », lit-on dans l’analyse.
La situation était plus ou moins pareille à la veille des élections de 2010. En effet, entre 2010 et 2014, soit le taux de participation des femmes est resté le même, soit il a chuté (de 1 à 3%), ou n’a évolué que très légèrement, sans atteindre les 30% stipulés par la loi.
Situation similaire en 2017, où dans « la représentativité et la participation des femmes et des jeunes dans les cadres juridiques et institutionnels des partis politiques », seuls 2 partis sur 10 atteignent 30% de leurs membres dans le Comité Exécutif alors qu’ils sont 4 pour le Bureau Politique.
En bref, la majorité des partis politiques ne respectent pas la loi sur les partis politiques qui, en son article 33, exige une représentation des femmes à hauteur d’au moins 30% au niveau national. « La représentation des femmes au niveau provinciale est, quant à elle, en grande partie tributaire du vide juridique à ce niveau en matière de participation », dit l’étude.
Et comme disait le COCAFEM en 2017, « si ces organes qui prennent les décisions, y compris celles relatives au positionnement sur les listes électorales et la nomination aux postes de décision, n’impliquent pas les femmes, il est certain que ces dernières et leurs préoccupations seront peu prises en compte ».
D’où donc un sursaut des partis politiques à en finir avec « cette culture du service minimum (quota) » et embrasser une nouvelle ère de plus de représentativité des femmes dans leurs instances dirigeantes.