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Le blues d’un prêt-boursier

Le successeur de la bourse dans l’enseignement supérieur burundais brille par ses retards. Les étudiants en paient un lourd tribut, obligés de se soumettre à une austérité draconienne. Récit.

Ma vie, ma survie plutôt, est un rosaire où les mystères douloureux l’emportent sur les mystères joyeux. Joindre les bouts de cinq mois n’est pas une douce sinécure. Le matin, les suaves chants d’oiseaux et les doux rayons du soleil levant dénotent avec l’aigreur des plans d’ajustement structurel façon FMI  que je me suis imposé. 

Le petit-déjeuner est un doux souvenir que je me dois de garder dans un coin du cerveau. Mon estomac est mon meilleur allié dans cette guerre. Il s’est bien adapté. La mousse de la pâte dentifrice ne me fait plus mal comme au début de cette vie. À part quelques batailles perdues quand les professeurs se la jouent Einstein et que mon énergie est à plat, je tiens le coup.

Lors des séances d’intégration, on nous a dit que le poilissime est omniprésent. C’est vrai. Je pointe en pole position dans les cahiers des petits restos autour du campus. Comment convaincre pendant quatre, cinq mois à un tenancier de vous donner la bouffe à crédit, voilà mon tour de magie. Je dois également user d’un sens de la négociation à rendre jaloux les traders du Wall Street pour me procurer du cirage, des savons et autres articles payables en cinq mois ! 

Requiem pour un rêve

Quand j’ai signé mon contrat de prêt-boursier, j’étais aux anges. Soixante balles, c’est vrai que ce n’est pas le Pérou. Mais comparés aux trente mille fbu des boursiers, je me trouvais plus chanceux. Je m’imaginais une vie plus décente. Pas celle d’un prince d’Arabie mais sûrement pas cette galère que je mène actuellement. 

Aujourd’hui, je dois me soumettre à un exercice d’équilibrisme budgétaire drastique. Une bière sirotée sur le comptoir Des idées, une buvette qui se trouve sur le campus représente une coupe sur deux ou trois repas.

Les syllabus justement, on en parle ? Non seulement les lire le ventre creux donne le tournis, mais  les multiplier assomme. Pas besoin d’avoir l’empathie de Mère Teresa ou l’Ubuntu de Desmond Tutu pour imaginer la peine de quelqu’un qui mange une fois par jour pour pouvoir payer les photocopies de ses syllabus. Au cas contraire, la Gestapo a raté un bon élément, le sadisme, ça vous connaît.

En attendant la régularité du prêt-bourse, je fais le deuil de mes rêves. Avec un peu de chance, je trouverai une société de gardiennage qui surfe sur ma galère pour me payer trois fois moins le salaire réglementaire ou, qui sait, un geste salutaire de Leta mvyeyi.

 

Bonjour,
Avez-vous deux minutes ?
Yaga voudrait vous solliciter pour remplir ce questionnaire en rapport avec l’aide au développement au Burundi. Nous garantissons votre anonymat et les données recueillies seront ensuite détruites.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. C’est vrt une situation très difficile à gérer !on s’attend des murimures mais en vœux !! Si on laisse tomber la jeunesse, c’est comme un verre du lait ou de l’eau qui se déverse !!! Leta Mweyi, plutôt que forcément oui ou non !!!