Lui, il nage à contre-courant, voit les choses autrement. Quand certains jeunes crient au scandale, maudissent les dix ans de règne de Pierre Nkurunziza, Ezéchiel Ndayizeye lui jette plutôt des fleurs à l’aide d’un slam. Selon l’artiste, le président a fait de son mieux, mais il a hérité d’un pays à l’état désastreux.
J’appartiens à un peuple d’ivrognes innocents
Un peuple d’intellectuels manqués
Un peuple…
Qui se rappelle le bien qu’on lui fait quand il est rassasié
Et qui, une fois la faim au ventre,
Oublie tout et maudit son bienfaiteur
J’appartiens à un peuple qui sait bien mettre sous la loupe
Les manquements d’autrui
Et qui foule au pied la notion du temps
Et le vrai sens de la responsabilité
Devrais-je être fier de mon appartenance ?
Certes… Oui !
Oui, parce que nous sommes tous de cette race d’humains
Qui déconnent parfois…et qui,
Une fois réveillés, se saoulent bêtement pour tout oublier
Mais attends !
Je doute de ne pas en faire partie…contradiction !
Parce que je sais, moi, me souvenir du bien de ce mec
Celui qu’on traite déjà de criminel
Tout simplement parce qu’il a décidé d’être le mouton noir
À la tête d’une fourmilière d’hypocrites myopes
D’une bande de sourds manipulés
Ils étaient nombreux ceux qui réclamaient sa peau
Une année après son apparition, on attendait déjà sa mort
Parce qu’il était sorti d’une tribu qui ne méritait pas de diriger
Un chef de sa race, un imbécile, un rien du tout
Maximum un mois…
Et voilà dix ans !
Un pays détruit, malmené, manipulé, pillé
Tel était son héritage
Un héritage, une horreur…
Il était au milieu, audacieux, prêt à lancer le filet
À côté, il y avait des baleines, des dauphins
Il a tenté de faire confiance à ceux qui ont toujours cherché à se débarrasser de lui
Dix ans de combat !
Dix ans d’opposition farouche !
Dans un pays qui n’avait jamais connu aucune institution démocratique stable
« Aucun » système d’éducation visionnaire
Hier je parlais à mes compatriotes
Je leur disais qu’il était et qu’il est un vrai mec
Lui qui a su remettre mon pays sur les rails
Lui qui a su redonner de l’espoir à des millions de Barundi
Lui qui a su démontrer qu’on n’est plus à l’époque élitiste
Où seul celui qui sait lire pouvait s’asseoir à la table du roi
Lui qui, malgré les vents et marées, n’a jamais reculé
Je parlais des hôpitaux construits
Eux me disaient que c’étaient de la merde
Des hôpitaux sans médicaments, sans infirmiers qualifiés, une honte !
Mais on oublie que ça faisait partie de son héritage
Un pays qui n’avait jamais formé de vrais infirmiers…
Ceux qui étaient là avant lui, ils avaient fait quoi ?
J’ai osé parler des écoles construites
Et là, j’ai encaissé un coup de poing
Tais-toi, espèce d’imbécile !
Me disaient-ils…
Et l’autre a ajouté : tu es vraiment stupide !
Tu parles des écoles ? Où sont-elles ?
Et j’ai compris que je m’adressais à un citadin qui vit sur Facebook
Je lui ai demandé humblement : tu connais au moins l’émission « KU KIVI » ?
Il m’a hurlé dessus… Non, ces émissions, c’est la propagande du fameux parti !
Tu n’as pas écouté la radio du peuple ?
Des écoles sans professeurs, sans équipements,… C’est ça, ce que tu appelles écoles ?
J’ai incliné ma tête doucement…
Et j’ai compris la folie des intellectuels tarés
Ils savent bien manier les mots
Mais jamais leurs cervelles
Ils ne comprendront jamais ce qu’on appelle « processus du changement »
Ils ne comprendront jamais ce qu’on appelle « poser des bases pour un changement durable »
Ils sont toujours là à crier
À démontrer que la couleur rouge n’a jamais été rouge
Que c’est un mélange de je ne sais quoi…
Ce qu’ils ignorent, c’est que le peuple, lui, voit !
Le peuple ne demande qu’à voir
Voir, ça dit tout !
Je ne suis adepte d’aucun parti politique
Un simple citoyen…qui voit
Je donne respect au père de la nation !
Ezéchiel Ndayizeye
Ce texte a d’abord été publié sur Waza Afrique