Le marché de Kamenge vient de partir en fumée ce 3 octobre. La suite d’une série noire qui laisse désolation et désarroi chez plusieurs commerçants qui pleurent leurs capitaux, leurs marchandises et des crédits difficiles à rembourser. Bien que la souscription à un contrat d’assurance semble être l’amortisseur parfait au choc causé par les incendies, la démarche peine encore à séduire.
Ce n’est pas la première fois que le marché de Kamenge prend feu. La dernière fois, c’était en 2012. Comme si les erreurs du passé ne nous apprenaient rien, aujourd’hui encore les commerçants ne savent pas à quel saint se vouer. D’une voix tremblotante et en sanglots, Agnès, commerçante d’huile de palme au marché de Kamenge murmure : « Mon stand est consumé avec tous mes bidons d’huile alors que j’avais contracté un crédit pour faire ce commerce. Comment vais-je rembourser ? Si au moins je m’étais souscrite à une assurance ». Le dernier mot m’a beaucoup interpellé.
Absence d’une culture de l’assurance
L’évidence est là. Nombreux sont les commerçants à ne pas être au courant des bienfaits de faire assurer leurs business. D’après une enquête faite après l’incendie qui a ravagé le marché central de Bujumbura en date du 27 janvier 2013, parmi plus de 2500 commerçants qui avaient des stands dans ce marché, 60 uniquement avaient fait assurer leurs marchandises, soit un pourcentage de 2,4 %.
En témoigne le faible taux de pénétration des assurances au Burundi. En 2013, ce taux était de 0,88%. En 2016, il s’est étiolé jusqu’à 0.78% avant de rechuter encore en 2017 à 0,75 %. Soit une diminution de 0,13 %. Jusqu’en 2018, ce taux était à 0,75 %. Un taux très faible étant donné que la moyenne mondiale tourne autour de 6,3 %.
Mauvaise presse
Comment expliquer cela? Pour Claude, commerçant de chaussures au marché de Jabe, cela est dû au fait qu’en cas de survenance d’un sinistre, les assureurs mettent beaucoup temps à indemniser les victimes. « Pour être remboursé par ces sociétés d’assurance, on est obligé de recourir aux tribunaux, après un long et coûteux processus », explique Claude.
Et pour Sylvestre, commerçant à Maramvya, les petits commerçants burundais affichent un manque de culture de l’assurance car presque tous les assureurs sont concentrés dans les villes. « Cela nous pose un défi à cause de la longue distance et l’ignorance des services proposés », estime-t-il.
Que faire ?
Pour Jean Paul Roux, consultant international en assurance, les assurances ne doivent pas attendre que les commerçants viennent à eux pour l’assurance-incendie ou l’assurance-crédit, mais doivent développer et mûrir des stratégies pour atteindre le plus grand nombre de la population. Pour cela, il suggère la bancassurance, qui est « la distribution des produits d’assurance à travers les canaux de distribution d’une banque et d’une microfinance ». Et pour ceux qui n’ont pas de compte bancaire, le débarquement de services mobiles d’assurance est une opportunité à saisir.
De mon point de vue, les commerçants devraient tirer des leçons de ces incendies répétitifs pour assurer leurs marchandises et leurs crédits bancaires, en vue de garantir le fonctionnement et la viabilité de leur business.
Je ne connais pas grand chose au sujet des assurances, mais je pense qu’une institution bancaire qui accorde un crédit à un particulier devrait inclure dans les conditions l’exigence de contracter une assurance pour au moins garantir ou protéger une partie de son investissement en cas de sinistre.
Pour des commerçants, des sociétés, entreprise ou même des individus, au lieu de souscrire directement à une assurance, ils pourraient passer par un courtier en assurance qui va non seulement leur expliquer ce que la garantie offerte par l’assurance couvre ou ce qu’elle ne couvre pas mais en cas de sinistre va aussi s’occuper de réclamer l’indemnisation à l’assurance.