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L’âge, un outil pour exclure les jeunes de la gestion de la “Res publica’’ ?

Alors que plus de 75 % des Burundais ont moins de 35 ans, la jeunesse reste presque invisible dans la gestion de la chose publique. Malgré quelques nominations symboliques sous le président Évariste Ndayishimiye, les jeunes demeurent exclus des postes stratégiques, freinés par des barrières légales et des pratiques politiques verrouillées. Pourtant, l’histoire du Burundi montre que de jeunes leaders ont déjà dirigé le pays avec succès. Face à ce paradoxe, une question s’impose : pourquoi priver la majorité démographique de l’espace décisionnel qui pourrait pourtant dynamiser l’avenir du pays ?

 Selon les résultats du dernier recensement général de la population, plus de 75 % des Burundais ont moins de 35 ans. Autrement dit, le Burundi est un pays jeune, extrêmement jeune. Pourtant, ce poids démographique ne se reflète ni dans la gouvernance ni dans la répartition des postes politiques. Malgré leur nombre et leur énergie, les jeunes restent largement absents des instances décisionnelles.Cette contradiction pose une question essentielle : comment un jeune peut-il acquérir de l’expérience politique si on lui ferme l’accès aux responsabilités ? L’arrivée au pouvoir du président Évariste Ndayishimiye a fait un léger changement .Il a marqué un tournant dans la considération des jeunes. Il a placé des jeunes à la tête de certaines institutions, notamment le PAEJJ, l’OBM, la BRB, et d’autres directions.

Tant de barrières bloquent les jeunes

 Ces gestes lui ont valu le surnom « Ami des jeunes ». Toutefois, cette ouverture reste limitée. Dans les cinq dernières années, les jeunes ont été rarement présents parmi les ministres nommés, encore moins à la direction des structures stratégiques comme la sécurité publique, l’armée,le renseignement, la direction des partis politiques, l’Assemblée nationale, le Sénat et d’autres organes exécutifs. Par exemple, dans l’Assemblée nationale, sur 111 députés seuls 6 ont moins de 35 ans, soit environ 5.4 %. Alors que la jeunesse est le moteur économique, social et culturel du pays, elle reste sous représentée dans le gestion de la chose publique. Il existe même des barrières légales qui freinent l’ascension de jeunes en politique. Au Burundi, la Constitution et certaines lois imposent des limites d’âge qui excluent de facto de nombreux jeunes des fonctions politiques. Pour devenir Président de la République, il faut avoir au moins 45 ans. Pour être Sénateur, l’âge minimum requis est de 30 ans. Quant au poste de député, la loi exige un âge minimum de 25 ans. Ces limites sont généralement justifiées par le besoin d’expérience, de maturité politique et de stabilité institutionnelle.

Il fut un temps où les choses étaient différentes

L’histoire du Burundi contredit l’idée selon laquelle les jeunes ne seraient pas prêts pour exercer le pouvoir. En effet, le pays a déjà été dirigé par des jeunes leaders qui ont marqué positivement le pays. Le dernier souverain burundais, Charles Ndizeye  avait seulement 19 ans quand il a accédé au trône. Jean-Baptiste Bagaza, l’un des présidents les plus cités pour ses réalisations, était âgé de 30 ans lorsqu’il a pris les rênes du pays. Il a construit des routes, des barrages, des industries, aboli le servage et lancé des réformes dont le Burundi tire profit encore aujourd’hui. Selon l’ancien ministre Jean-Marie Ngendahayo, une des clés du succès du régime Bagaza était la présence dans son gouvernement de nombreux jeunes dynamiques et compétents. Ces exemples prouvent que la compétence n’est pas une question d’âge, mais de vision et d’opportunité.

Donner aux jeunes la place qu’ils méritent

Un pays aussi jeune que le Burundi ne peut pas se développer en laissant sa majorité démographique sur le banc de touche. Pour que les jeunes deviennent de futurs cadres expérimentés, il faut leur accorder la chance de prouver qu’ils sont capables de partciper dans la gestion de la chose publique. À long terme, investir dans la jeunesse, c’est investir dans la stabilité, la modernisation et l’avenir du pays.

 

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