Né dans l’adversité, grandi dans la précarité et la guerre, il n’a pourtant jamais abandonné les études. Aujourd’hui, il est ministre de la Justice, des droits de la personne humaine et du genre, un modèle pour les autres membres de son ethnie (Twa) qui rêvent de progresser et de faire entendre leur voix. A visage découvert avec Katihabwa Arthémon (né Mvukabanka), le nouveau garde des Sceaux.
Je m’appelle Katihabwa Arthémon. Je suis ministre de la Justice, des droits de la personne humaine et du genre. Je suis né le 19 novembre 1984 sur la colline de Buhinyuza, zone Mariza de la commune Burambi dans la province de Bururi (aujourd’hui commune Rumonge, province de Burunga). Mes parents se sont séparés alors que je n’avais que deux ans. Mon enfance n’a pas été facile.
À 4 ans et demi, j’avais déjà commencé l’école. Vous vous demanderez pourquoi ? Mon père fabriquait des pressoirs en bois (ubwato) pour faire du vin de banane ou de la pâte blanche de manioc (uburobe). Un jour qu’il m’avait emmené avec lui en forêt, je me suis endormi à l’ombre. Je me suis retrouvé nez à nez avec un gros serpent enroulé sur le sol. Mon père a crié, les gens sont accourus pour l’aider à le chasser. On pensait qu’il m’avait mordu, mais il n’en était rien.
Une scolarité due au hasard
Plus tard, un instituteur de la petite école de Kiri a proposé à mon père de me laisser chaque matin à l’école, pendant qu’il partait fabriquer ‘’ubwabo’’. Je m’asseyais par terre, écoutais les leçons et écrivais sur le sol. J’ai insisté auprès de mon père pour qu’il m’achète une ardoise afin de recopier les cours et les montrer à l’instituteur, qui me corrigeait. Tout le premier trimestre, je n’étais pas officiellement élève de l’école. Mais ensuite, l’instituteur a demandé à mon père de m’inscrire. Comme j’étais trop petit, le banc-pupitre était trop grand pour moi. On m’en a fabriqué un sur mesure. Au deuxième et au troisième trimestre, j’ai terminé premier avec 99 %. On a additionné mes notes et j’ai été promu directement en deuxième année.
J’ai poursuivi ma scolarité malgré les discriminations liées à mon appartenance ethnique. En cinquième, j’ai encore sauté une classe et suis passé directement en sixième, toujours premier. En 1996, j’ai participé au tout premier concours national organisé à l’E.P. Kiri : nous étions 56 candidats, 52 ont réussi. J’ai été classé deuxième au niveau national, derrière un élève de Rutovu.
La case ‘’guerre’’
Le jour où nous devions consulter les résultats d’orientation, un combat a éclaté. Il y a eu des massacres et une violence inouïe. Les prêtres, dont le père Salvator Niciteretse (aujourd’hui évêque du diocèse de Bururi), nous ont aidés, m’offrant même un uniforme scolaire. Mais sur le chemin de l’école, je suis tombé dans une embuscade.
J’ai alors été enrôlé de force comme enfant-soldat appelé communément “Kadogo”. J’y suis resté deux ans. Plus tard, quand on a annoncé que ceux qui voulaient reprendre les études pouvaient le faire, je suis retourné à l’école en 1998-1999, au Collège communal de Magara. Mais les autorités scolaires doutaient que j’aie réellement réussi au concours national, et j’ai dû recommencer la sixième.
Une stigmatisation à peine voilée
En neuvième année, j’ai expliqué ma situation au directeur, qui a saisi le ministère. On a confirmé que j’avais bel et bien réussi. J’ai donc poursuivi mes études au Lycée Maranatha de Kivoga. En deuxième année de section normale, j’ai échoué alors que j’avais obtenu 76 % avec échec dans une seule matière, ce qui m’a pénalisé.
J’ai ensuite continué mes études au Lycée Scheppers. Là encore, j’ai subi du harcèlement à cause de mon appartenance ethnique, mais peu à peu les choses se sont calmées, car les enseignants sanctionnaient ceux qui me maltraitaient. L’association UNIPROBA venait aussi régulièrement nous soutenir. J’ai pu enfin souffler.
Après l’examen d’Etat, je rêvais encore de devenir prêtre, mais ce projet n’a pas abouti.
Une formation académique solide
À l’Université du Burundi, j’avais demandé à étudier le Droit mais je n’ai pas été retenu. J’ai finalement suivi cette filière dans le privé, à l’Université Espoir d’Afrique, que j’ai terminée en 2014. En 2015, j’ai de nouveau rencontré des difficultés : la famille de ma femme a refusé notre union, estimant c’était une honte de marier leur fille à un membre de l’ethnie Twa. Elle a été rejetée par sa famille, mais elle m’a choisi malgré tout. Les choses ont fini par s’arranger.
Les droits humains comme boussole
Dès le secondaire, j’avais bénéficié d’une formation sur les droits de l’Homme, ce qui m’a ouvert les portes du monde : j’ai souvent voyagé. Depuis 2015, je suis devenu avocat. En 2016, je suis parti à Genève pour me spécialiser en droits humains. En 2017, j’ai obtenu un Master en Droit international public.
J’ai participé à l’organisation des élections de 2015, 2018 et 2020, au niveau communal puis provincial. En 2021, le président de la République m’a nommé cadre au Secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature. Plus récemment, j’ai eu l’honneur d’être nommé ministre.
Des priorités
Parmi mes priorités à la tête du ministère figurent, je souhaite offrir un logement aux Batwa et veiller à leur scolarisation. Je compte aussi restaurer la confiance dans la justice au Burundi, sans oublier de moderniser des lois devenues obsolètes.
J’œuvrerai pour que les Batwa puisse trouver la place qui est la leur dans la société burundaise. Aujourd’hui, ils n’ont aucune représentation dans les institutions de prise de décision. La Constitution prévoit 60 % de Hutu et 40 % de Tutsi. Il faudrait qu’au moins 1 % soit réservé aux Batwa, comme le président de la République l’a déjà promis.

Waouh, tuva kure vraiment. Un article très édifiant qui nous témoigne qu’il ne faut jamais lâcher. Ce ministre est un signe que la persévérance et la foi paient.
Nice mutama,gerageza ukorere abarundi ham ntiwibagir gushika ruyigi kuk imanza zamatongo procureur wa sentare nkuru arazirya cane kweri,merci
Ndabasa ndabinginga jew nd mumahanga Muvyukuri uwoba abishoboye ampuze Nuyu Mutama Antabarire umuryango 😔 😟 nayahandi turahera nkumunyu usutswe muruzi Ndatabaza
Numer nkoresh n +27835035598 whtsapp
Dites au Ministre et au president de la republique. Mpimba sue et souffre. Novembre 2025, près de 5000 prisonniers dans une place reservé à 800. Parmis ceux-la figurent les acquités, ceux qui ont purgé leurs peines et une multiple détenant une liberté provisoire. Sauvez la justice, vous vous serez épargné et sauvé votre futur.