La nouvelle est tombée l’après-midi du 21 novembre. Emilienne Sibomana est enfin libre. Ce qui n’était qu’une rumeur au début s’est confirmé très rapidement. Une affaire pleine de leçons pour ceux qui militent pour un Burundi plus juste et équitable.
Son nom et son visage avaient fait la une de l’actualité. Ancienne secrétaire au lycée Christ-Roi de Mushasha, Émilienne Sibomana avait publiquement accusé son directeur d’abus sexuels sur ses élèves. Une démarche judiciaire mal engagée a par la suite compliqué l’affaire. Celle qui avait dénoncé un crime a été jugée coupable.
La rapidité de son arrestation, le lendemain de sa prise de parole lors d’une réunion avec le ministre de l’éducation, a suscité de nombreuses interrogations sur l’impartialité du processus judiciaire. Certains observateurs ont même lié cette affaire à l’activisme syndical d’Emilienne et à des considérations politiques. Mais cette dernière n’a cessé de plaider pour que justice lui soit rendue. Elle a dénoncé notamment des vices de procédure et un manque d’enquêtes sur les abus qu’elle avait rapportés.
Autre fait marquant, Emilienne Sibomana a été piégée à plusieurs reprises, avec des propositions de libération conditionnelle. Il lui a été demandé de « plaider coupable et demander pardon ». Après quoi elle aurait été libérée. Elle n’a pas accepté. Elle est restée ferme, préférant la prison à la rétraction.
Une figure devenue emblématique
La nouvelle tombe à point nommé. En pleine période des #16joursdactivisme, une campagne mondiale qui appelle à l’action pour mettre fin aux violences basées sur le genre sous toutes leurs formes, il n’y aurait pas eu de meilleur cadeau que la libération d’Emilienne Sibomana.
Plus que jamais, son combat illustre la nécessité de ne jamais baisser les bras, même face à l’adversité.
Sa libération de la prison centrale de Gitega est également un signe d’encouragement, non seulement pour elle, mais aussi pour toutes celles et ceux qui luttent pour un Burundi plus juste et équitable. Emilienne devrait désormais être considérée comme une figure emblématique du combat contre les VBGs au Burundi. Elle a payé un lourd tribut pour avoir osé dénoncer l’inacceptable. Aujourd’hui, sa voix, libérée des chaînes de l’injustice, devrait résonner encore plus fort.
Le début, et non la fin
Sa libération nous rappelle que chaque acte de courage compte. Nombreux sont ceux qui se sont mobilisés pour que justice soit rendue à Emilienne. Des gestes publics aux démarches en toute discrétion, des acteurs solitaires aux collectivités entières, tous les efforts déployés pour qu’Emilienne recouvre enfin sa liberté prouvent que le mal est plus profond qu’on ne le pense, et que le chemin à parcourir est encore long.
Ce n’est pas tout. L’affaire aura permis de mettre en lumière les défis rencontrés par les victimes et les dénonciateurs au Burundi. Ils font face à des structures de pouvoir influentes et impitoyables. Elle illustre également la nécessité d’un système judiciaire plus équitable et d’un environnement sûr pour que les voix s’élèvent contre de telles violences.