En parler ou ne pas en parler ? Les parents éprouvent souvent toutes les peines du monde à aborder la sphère sexuelle avec leurs enfants. Normal vu que la société rend tabou tout ce qui a trait au sexe. Cependant, se taire a un coût, comme le prouvent les chiffres des grossesses en milieu scolaire, les mariages précoces, les grossesses non désirées. Alors, pourquoi guérir alors qu’on pouvait aussi prévenir ?
Pendant longtemps, on a laissé les jeunes se débrouiller seuls pour ce qui concerne le sexe. Le tabou est tel que même une mère laissera sa fille se démerder seule lors de ses premières menstruations. Rares sont les pères qui osent aborder le danger des relations sexuelles précoces à leurs fils. Mais est-ce raisonnable de laisser les jeunes découvrir par eux-mêmes la sexualité avec le risque que cela comporte ? Où vont-ils trouver les réponses aux questions qui se posent quand la puberté toque à la porte ? Chez les amis qui ont le même âge qu’eux et qui n’en savent sûrement pas plus qu’eux. A l’heure de l’internet et des réseaux sociaux, certains n’ont d’autres choix que de gober toutes les faussetés et les contre-vérités qui y pullulent.
Certains ont déjà compris que se murer dans le silence et laisser ses rejetons jouer à pile ou face avec leur vie n’est pas la bonne méthode. Les grossesses non désirées, les IST, les mariages précoces qui sont monnaie courante sont des preuves irréfutables que le manque d’éducation sexuelle a des conséquences sur la vie des jeunes.
Mais alors une question se pose aux éducateurs : doit-on laisser les jeunes partir à la dérive, parce qu’on n’ose pas parler des choses inhérentes à la vie ? Vous découvrirez, avec ce dossier que la réponse est NON. Mais une autre, et pas la moindre, se pose directement aux Burundais qui ne sont pas particulièrement friands des longues séances d’éducation sexuelle : pourquoi ?
Ils ne sont pas des dévergondés
Pourquoi doit-on se creuser les méninges pour trouver un moyen de parler de la sexualité, et de surcroît, de la contraception à ses enfants ? Pourtant, on en convient qu’aucun parent ne souhaiterait que son enfant attrape une vilaine malade sexuellement transmissible. Aucun parent n’apprécierait que sa fille mineure abandonne l’école à cause d’une grossesse. Nous savons tous combien la société burundaise stigmatise la fille qui tombe enceinte quand elle habite encore sous le toit familial.
Les jeunes, pour s’épanouir, doivent apprendre. Ils ont besoin de savoir qu’il y a des moyens de se prévenir des grossesses non désirées et des IST. Plus important encore, ils ne doivent pas être pris pour des dévergondés lorsqu’ils cherchent à acquérir l’éducation sexuelle. La contraception est un droit que les jeunes, comme les moins jeunes, peuvent profiter. Connaître quelle méthode on peut utiliser et dans quel cas l’utiliser devrait être un prérequis avant le début de la vie sexuelle.
Soyez les confidents de vos enfants
Si nous voulons éviter aux jeunes de tomber dans les affres de l’avortement clandestin (sévèrement puni en droit burundais), il n’y a pas trente-six chemins. Il faut leur enseigner comment se prévenir. Chers parents, si vous voulez éviter le piège des maladies vénériennes et leurs nombreuses conséquences à vos enfants, soyez leurs amis et confidents. Cela étant dit, si vous éprouvez toujours des difficultés à aborder cette sphère de la vie avec vos enfants, ce n’est pas un crime. Les Centres de Santé Amis de Jeunes (CSAJ) peuvent prendre la relève. En dehors de ce cadre médical, les pairs-éducateurs viennent aussi à la rescousse des jeunes en ce qui concernent l’éducation sexuelle. Nous vous en parlons maintenant pour que vous n’ayez pas à le regretter demain.