Pendant deux mois, au travers des études, témoignages, exemples d’ailleurs et surtout interactions, la campagne a essayé de circonscrire la condition de la femme au Burundi.
Partant du postulat que la femme est capable d’influencer les décisions pour le bien-être de la famille et de sa communauté, plusieurs thèmes y relatifs ont été discutés. De la représentation de la femme dans les instances de prise de décision à l’autonomisation de la femme en passant par le poids de la culture et la tradition qui parfois handicapent les femmes.
Plusieurs interventions sont revenues sur ce poids, pour parler de la « difficile conciliation » famille-politique pour les femmes. C’est à l’image de cet internaute qui disait : « La place de la femme en politique est trop suffisante car elle a déjà beaucoup de charges quotidiennes. Si on dépasse les limites, on risquera de détruire la famille et par conséquent toute la nation ». Mais au-delà de la tradition, parfois matérialisée par des lois comme celle de 1993 portant réforme du code des personnes et de la famille et qui consacre, en son article 122, le mari comme chef de la communauté conjugale ! Mais, ne dit-on pas qu’« Urugo ari babiri » ? Et si la femme était co-cheffe de ménage ? Cela permettrait d’avoir les mêmes droits et donc les mêmes chances, que ce soit à la maison ou à l’extérieur.
Plus d’épanouissement
Pour des filles qui se voient limitées dans leur épanouissement par les familles, une internaute conseille : « Il faut laisser vos filles faire ce qu’elles aiment faire et pour lesquelles elles sont douées, elles pourraient vous surprendre ». Un peu comme la pierre qui avait été rejetée et qui a finalement servi de pierre angulaire! Et un autre de mettre les pieds dans le plat avec ce témoignage : « Mon meilleur prof de chirurgie était une femme! La patience associée à une souplesse font d’elles de bonnes chirurgiennes », assène-t-il. Cela, alors qu’il se disait que la chirurgie, comme les autres sciences, serait la chasse gardée des hommes.
Et à un autre follower de trancher : « La dextérité et la souplesse tactile sont souvent des qualités prisées, et indispensables à tout chirurgien/ne, qui s’acquièrent par un travail méticuleux chez l’homme alors qu’elles viennent naturellement chez la femme ! ». En fin de compte on ne naît pas telle ou telle autre personne, on le devient! D’ailleurs, « Uwudafise umukobwa ntaco afise », témoignait un patient qui allait être pris en charge par une équipe médicale composée à 98% de femmes, comme nous l’a fait savoir l’une d’entre elles.
Des femmes capables et déjà à l’œuvre
« La femme est le socle de la famille dont dépend son développement. Elle utilise le cœur et la raison pour « kurera ibikura », ce qui en fait garantit le succès », a dit une internaute. Mais pas que, avec cette affirmation on ne peut plus claire : « Je n’ai jamais douté de la capacité des femmes à faire comme les hommes…et même mieux…d’ailleurs tout ce qu’un homme fait, une femme peut le faire mais l’inverse se révèle souvent difficile ! ».
En politique burundaise, les femmes ont joué leur rôle depuis bien longtemps. À titre d’exemple, lors des négociations d’Arusha, « outre que la participation des femmes a humanisé et rendu ouvert les négociations, elle a joué un rôle de catalyseur du rythme de ces discussions», lit-on dans « A la conquête de la parole : La participation des femmes dans la transition démocratique au Burundi » de Victoire Ndikumana et Christophe Sebudandi. D’ailleurs, « les femmes ont un effet apaisant en politique. Elles évitent les confrontations directes et préfèrent résoudre les problèmes par conciliation ».
En fin de compte, malgré les efforts déjà consentis, en ce qui est de la jouissance des femmes de leurs droits, les résultats atteints, si encourageants soient-ils, méritent d’être améliorés, et beaucoup de défis doivent encore être relevés.
Vers une « révolution féminine ? »
Mais pour perpétuer cela et aller au-delà, un internaute propose une « révolution féminine qui passerait par l’éducation et l’indépendance économique pour changer les mentalités des hommes qui voient du mauvais œil l’engagement politique des femmes ».
Et cela passerait par « la promotion dans les communautés et en famille d’un changement des mentalités en faveur des relations de genre égalitaires et du respect des droits des femmes, l’information et la sensibilisation des communautés sur l’impact des relations de genre inégalitaires sur les individus et les communautés ainsi que l’institution dans la Constitution de la parité hommes/femmes en ce qui est de la participation des femmes au Gouvernement et dans les postes électifs à tous les niveaux jusqu’à celui des collines », proposait entre autres, en 2017, l’analyse de la COCAFEM/GL sur la participation politique de la femme.