Le mois de novembre marque le retour des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBGs), comme une mode qui ne veut pas se démoder. Partout des slogans, des photos, et des banderoles témoignant d’un fort engagement pour la cause. Mais pour combien de temps ? La lutte contre les violences faites aux femmes ne peut pas se résumer au folklore et aux festivités de cet événement annuel. C’est ce que chacun de nous fait le reste de l’année qui nous définit.
Au cas où cela aurait échappé à quelqu’un, le mois de novembre marque le début des 16 jours d’activisme. Il s’agit d’un rendez-vous incontournable dans la lutte contre les violences basées sur le genre. A partir du 25 novembre, je m’imagine déjà tout d’orange coiffée et vêtue. Des banderoles orange, des hashtags viraux, des pancartes qui fleurissent dans les rues et sur les réseaux. L’espace de deux semaines, le monde semble s’unir dans un élan de solidarité aux victimes des VBGs. Mais que se passe-t-il au bout des 16 jours, une fois les affiches décrochées ? L’activisme peut-il se contenter d’une campagne éclair pour ensuite passer à autre chose ?
Les VBGs sont partout. Souvent, elles se dissimulent derrière des attitudes, des mots, des regards, etc. Derrière cette pression sociale qui pèse sur les femmes qu’on cantonne dans des postures bien arrêtées : être dociles, être agréables, et surtout, ne pas déranger. Derrière ces gestes qui semblent anodins mais qui rappellent aux femmes chaque jour la précarité de leur condition.
Un mois pour dénoncer, onze mois pour oublier
Et si l’activisme ne se limitait pas aux grandes banderoles et aux phrases choc ? Si cela commençait par des actes concrets, discrets, parfois invisibles ? Comme par exemple ce moment où on choisit de ne pas rire à une blague sexiste, ou encore lorsque l’on ose répondre à ce commentaire malsain fait “juste pour rigoler” ?
Parlons d’ailleurs de ces “petites” violences qui passent sous le radar. Vous savez, ce “conseil” bien intentionné, mais un peu intrusif : “ Tu devrais perdre quelques kilos pour ton homme” ou “Tu devrais être plus douce, plus patiente”. Ah, ces petites phrases qui, mise bout en bout finissent par définir une idée sournoise, une manière de penser et d’être femme à laquelle toutes devraient se conformer. Trop ambitieuse ? Trop bruyante ? On va la qualifier de “difficile”, de “dérangeante”, histoire de la ramener là où la société pense qu’elle doit être.
Ces violences n’ont pas besoin d’être brutales pour être destructrices. A force de les banaliser, elles finissent par devenir des habitudes.
Faire de l’activisme un réflexe quotidien
Et si on changeait de mode ? Si on osait faire des 16 jours d’activisme un simple rappel de ce que devrait être chaque jour ? Car s’opposer aux VBGs, loin d’être une affaire d’une journée, c’est un état d’esprit. C’est cette vigilance qui nous fait voir, dans les petites remarques anodines, les racines de quelque chose de plus profond.
La question à se poser est simple : et après ? Que se passerait-il si chacun de nous décidait, au terme des 16 jours, de faire de l’activisme un réflexe quotidien ? Dans nos discussions, dans nos choix de mots, et dans nos réponses aux regards déplacés. Et si, une fois les hashtags rangés, l’on s’appropriait la lutte ? Et si on traquait les petites violences quotidiennes tout en défendant les victimes ? Et si on remettait en question ces “habitudes” qui ne sont en fait que des injustices déguisées ?
Les VBGs ne prennent pas de vacances. Nous ne devrions pas en faire autant. Et si nous faisions de cette cause, non pas une affaire de quelques jours, mais un engagement pour toute une vie ? Peut-être qu’alors, les 16 jours n’auraient plus besoin d’exister, car l’égalité et le respect auraient enfin, pour de bon, pris racine.