Depuis le 1er janvier 2021, la libre-échange a officiellement débuté dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Les négociations qui ont duré plus de cinq ans ont abouti à la signature de l’accord commercial le 21 mars 2018. Cet accord est entré en vigueur le 30 mai 2019. De son côté, le Burundi l’a signé le 31 juillet 2018, mais le parlement ne l’a adopté que le 19 mai 2021. Un retard qui serait déjà préjudiciable pour le Burundi.
De prime abord, la ZLECAf vise à établir un marché unique pour les biens et services fabriqués en Afrique, éliminer les droits de douane de 90 % et s’attaquer aux barrières non tarifaires telles que les délais douaniers. Un marché unifié de 1,2 milliards de personnes avec un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars est potentiellement une base solide pour l’industrialisation. Actuellement, les exportations intra-africaines représentent environ 17 % du total des exportations continentales. L’augmentation de cette part devrait permettre d’accroître la valeur ajoutée, de contribuer à la création d’emplois et d’augmenter les revenus.
26 milliards de BIF de manque à gagner annuel pour le Burundi
Selon Isidore Ntirampeba, secrétaire permanent au ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement, les réalisations du Burundi en matière d’intégration régionale ne sont pas encore à la hauteur de ses ambitions. D’après lui, le pays est en général un marché d’écoulement au lieu de participer dans le commerce intra-communautaire. Il le répète : « Le Burundi risque d’être un marché au lieu d’être compétitif dans le commerce ». Il se demande même si l’écart entre la signature et la ratification ne va pas être un handicap pour l’intégration du Burundi s’il veut être au même pied d’égalité que les autres pays qui sont par ailleurs plus industrialisés. Il l’a déclaré lors d’un atelier de sensibilisation sur les engagements sous-régionaux pris par le Burundi organisé conjointement avec Trader Mark East Africa et la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie au Burundi (CFCIB). 26 milliards de BIF est le manque à gagner annuel une fois que le Burundi aura ratifié l’accord de la zone de libre-échange continentale, a-t-il précisé lors des échanges. De quoi inquiéter les investisseurs, surtout ceux du secteur privé, qui risquent d’être moins compétitifs sur le marché africain.
Des défis qui minent encore le secteur commercial
Même si intégrer cette zone de libre-échange continentale reste très bénéfique pour les pays africains, le Burundi y compris, le chemin est encore semé d’embûches. Pour Ange Dorine Irakoze, avocate burundaise, le pays connaît un manque criant d’infrastructures comme les laboratoires et les équipements spécialisés dans la certification des produits « Made in Burundi », la carence d’énergie, les produits d’exportation non diversifiés, sans oublier l’impact direct de la pandémie du covid-19 qui a mis à genoux l’économie burundaise.
L’endettement, un autre obstacle
Étant membre de 190 organisations internationales (dont 36 organisations régionales), le Burundi est actuellement l’un des pays les plus endettés, en termes de cotisations. En guise d’exemple, jusqu’en 2020, le pays devait une somme de plus de 9 millions de dollars à la Communauté Est Africaine (EAC). Ce qui contraint le pays à rester dans ces organisations sans réellement en tirer profit.
Pour rappel, ce n’est que le 19 mai 2021 que les députés se sont réunis en plénière pour analyser le projet de loi portant création de la ZLECaf. Un projet qui, après avoir soulevé des inquiétudes de la part des députés, a fini par être adopté à l’unanimité.