Mars, mois dédié à la femme. Une occasion en or pour revenir sur les violences quotidiennes auxquelles la femme burundaise fait face. La blogueuse Élodie Muco s’est entretenue avec Claire (pseudo), une jeune fille de 24 ans ayant été abusée par son tuteur.
Yaga : Comment l’horreur s’est-elle produite?
Claire : Je n’avais que 16 ans quand cela m’est arrivé. Je venais de terminer la 9 ème et mes parents avaient décidé que j’allais vivre à Bujumbura chez une des cousines de ma mère pour y débuter la 10 ème et ainsi continuer le reste de mes études. Cela a commencé par de petites attentions. De l’argent de poche, de nouveaux habits, et puis par après, un téléphone portable. Mon oncle disait que c’était pour être sûr que tout allait bien à la maison quand ils étaient au travail, vu qu’ils avaient trois enfants en bas âge. J’ai compris plus tard que c’était des tentatives d’approche de sa part. Ma tante ne disait rien. Une année après, les choses ont pris une autre tournure : des attouchements, des textos explicites, mais je ne disais rien et je laissais couler. Un jour, je sortais de la douche et il est entré dans ma chambre sans prendre la peine de frapper. Il n’y avait juste que nous deux ce jour-là. C’était un dimanche et les autres étaient partis à la messe. Le pire se produisit. J’ai crié, je me suis débattue, je l’ai griffé, mais il a fini par arriver à ses fins. Ma vie a basculé ce jour-là…
Tu as dû réagir après…
J’avais trop peur de ce qui pourrait m’arriver si j’osais en parler à qui que ce soit. Ma tante et moi n’étions pas vraiment proches. On débutait à peine le troisième trimestre, je ne pouvais donc pas monter à l’intérieur du pays voir ma mère pour lui en parler. Cependant, j’avais une amie qui habitait tout près de chez ma tante et c’est elle qui a remarqué en premier mon changement. Je dépérissais de jour en jour. J’ai craqué et je lui ai tout avoué. Horrifiée, elle me traîna de force à l’hôpital. Je ne comprenais pas un tel empressement vu que j’étais sûr de ne pas être enceinte. Comment aurai-je pu imaginer que ma tante et mon oncle étaient séropositifs ! Apparemment, tout le voisinage était au courant, sauf moi. Le premier test s’avéra négatif et je dus attendre trois mois pour en refaire un autre, toujours sur les conseils de mon amie. On me diagnostiqua séropositive cette fois-là.
L’oncle s’en est-il tiré ?
Le viol en soi est déjà un sujet tabou dans notre société, mais quand cela implique des personnes d’une même famille, c’est encore plus problématique. Ma famille a éclaté suite à cette histoire, parce que j’ai finalement osé dénoncer mon bourreau, chose qui n’a pas plu à tout le monde. Mais je ne le regrette pas. Je regrette seulement de m’y être pris trop tard, car j’aurai pu sauver ma vie si j’avais parlé à temps.
A relire:
C’est vraiment horrible d’entendre de tels cas. Mais malheureusement c’est la realité de nos jours malgré tous efforts conjugués des sociétés et des autorités. Fallait multiplier des séances de sensibilisation à l’endroit de tous en générale et des femmes et filles en particulier pour mettre fin à ces VBG.