Le 26 Août 2010, le président Pierre Nkurunziza annonçait une politique de lutte contre la corruption. Sept ans après, la blogueuse Bella Lucia Nininahazwe trouve que la corruption est redevenue presque la norme. À qui la faute ?
En 2010, les activistes jubilaient. Enfin, le gouvernement allait prendre à bras le corps le fléau de la corruption. Mais la désillusion n’a pas tardé. Du plus petit au plus grand, du plus pauvre au plus riche, cette épidémie semble de nouveau gangréner la société burundaise, maintenant plus que jamais.
Depuis très tôt le matin avec les policiers qui viennent contrôler les cahiers de ménages jusque dans les files d’attente des bus pour rentrer le soir, des petites sommes d’argent sont remises. Un spectacle quotidien qui n’étonne plus personne. C’est devenu normal que pour avoir une place dans un établissement quelconque, un parent doit payer 50 mille francs burundais, voire plus selon l’établissement et le directeur. Des frais qui se paient ici et là sans reçu ni justification.
Le Burundi est placé 159 sur 176 pays dans le monde avec un score de 20 % de corruption selon le classement en matière de corruption par International Transparency. Une place qu’on mérite amplement vu que maintenant, la corruption n’est plus une honte, plutôt une habitude. Dans son rapport rendu public en Juillet dernier, l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) évoque un préjudice financier causé à l’Etat en 2016 évalué à 240 406 500 000 Fbu, soit près d’un quart du budget national, perdu uniquement sur 170 cas de corruption enregistrés par l’organisation.
Oublions le développement
Personne n’ignore que la corruption est l’une des causes majeures qui handicapent le développement du pays. Là où il y a la corruption, il n’y a pas de croissance. Ainsi Omar*, un taximan, au lieu de payer 20.0000 à l’OBR pour avoir un document X, il va donner 2000 au policier, qui le laisse tranquille. Avec des gens qui se comportent comme Omar, comment est –ce- que l’Etat compte payer ses employés ? Et ce même policier, se rend-il compte que c’est sa solde qu’il met en jeu?
La jeunesse burundaise est la plus exposée aux conséquences de la corruption. Ces derniers sont les futurs responsables du pays. Et comme le dit l’adage burundais, « inka ikamwa ico yariye », ces jeunes ne donneront que ce qu’ils auront reçu : une culture de la corruption, de la facilité, donc de la médiocrité.
La corruption est un mal pour le Burundi. Et le Burundi appartient à tout Burundais. Chacun devrait prendre sa part de responsabilité. Le corrupteur et le corrompu sont tous fautifs. Acceptons d’abord de changer, avant de l’exiger aux autres.