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Quand le théâtre panse les cœurs blessés…

Le théâtre participatif ne soigne pas avec des scalpels, mais avec des mots, des silences et des gestes. À travers des scènes rejouées, des émotions libérées, il offre à celles et ceux qui ont chuté un espace pour se redresser. Découverte.

Au Burundi, on voit fleurir ces espaces modestes où les mots prennent soin, où la scène devient miroir et pansement. À Bujumbura comme dans les collines, des troupes comme Umunyinya pratiquent un théâtre qui ne se contente pas de divertir : il transforme. J’ai eu la chance de m’asseoir aux côtés d’eux il y a quelques jours et j’ai beaucoup appris.

La scène comme refuge

« Je ne saurais l’expliquer », m’a confié un comédien burundais et metteur en scène membre d’Umunyinya. « Mais le théâtre participatif est un grand outil de guérison. », a-t-il ajouté.

Et cette guérison se joue sur plusieurs plans. Pour les comédiens d’abord. « Ça nous libère de la timidité, ça nous apprend à parler, à se tenir devant un public. Et parfois, quand on joue, on prend de la distance sur ses propres problèmes. On respire autrement. »

Le théâtre participatif donc ce n’est pas pour faire joli. Il ne joue pas à faire semblant. Il met à nu, il éclaire les angles morts.

Une autre comédienne d’Umunyinya qui s’est joint dans le conversation a témoigné : « Moi ce que j’aime dans le théâtre participatif, c’est de voir les Burundais, souvent hésitants, timides, se lever, parler. Ça, c’est beau. »

Et puis, il y a cette magie du reflet : « Quand on joue, et qu’après quelqu’un vient te dire qu’il s’est vu dans ton personnage… ça fait quelque chose. »

Pour le public aussi, c’est une expérience transformatrice apparemment. Car dans le théâtre participatif, la parole circule. Après la représentation, les spectateurs deviennent acteurs à leur tour : ils réagissent, commentent, conseillent les personnages.

« Il y a le méchant, le gentil. Parfois, en donnant des conseils, certains se rendent compte que c’est eux, les ‹ méchants › dans certaines histoires. Et là, il se passe quelque chose », m’a-t-on expliqué les comédiens d’Umunyinya.

Un art pauvre ou une richesse humaine ?

Un troisième comédien a insisté sur la richesse humaine de ce théâtre souvent jugé « pauvre » : « On dit que les Burundais ne sont pas des artistes, mais je vous le dis, ceux de la campagne, surtout, le sont profondément. Ils n’ont pas appris le théâtre à l’école, mais dans la vie. »

Ce n’est pas un miracle, non. Mais une lente, humble renaissance. J’ai appris que le théâtre participatif ne donne pas de réponses toutes faites. Il ne remplace ni la justice ni la thérapie. Mais il fait ce que tant d’institutions oublient trop souvent de faire : il écoute.

Il laisse parler. Et dans un pays où tant de douleurs n’ont jamais trouvé justice, il offre au moins une scène où l’on peut se retrouver.

Il ne sauve pas le monde. Mais il le rend, le temps d’un instant, plus respirable.

 

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