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Stress, insécurité, galère : le poids mental du quotidien burundais

Entre files d’attente interminables, agressions du quotidien et angoisses silencieuses, le Burundais moyen porte un fardeau invisible : celui d’une santé mentale fragilisée. L’annonce récente de consultations gratuites par la Tanganyika Foundation résonne alors comme une urgence collective. Car au-delà des blessures visibles, c’est tout un peuple qui vacille intérieurement.

Dans un communiqué récemment publié, la Tanganyika Foundation, à laquelle appartient le Tanganyika Care Hospital, annonçait des consultations gratuites en santé mentale ouvertes au grand public. Et ce blogueur, pensant à haute voix, estime qu’aujourd’hui, plus que jamais, tout le peuple burundais mérite des consultations en santé mentale.Soit les Burundais possèdent une santé mentale incroyablement solide, soit ils sont intérieurement malades, profondément atteints.

Les galères font le galérien

Un jour, je rentrais du travail à pied, kuharya i reggae comme on le dit, puisqu’il n’y avait pas de bus. Je croise alors plusieurs autres piétons, et nous empruntons ensemble le boulevard MweziGisabo (anciennement 28 Novembre). Nous ne nous connaissons pas, mais un lien invisible nous unit : nous galérons tous. Nous émettons sur la même longueur d’onde. Et dans nos conversations, rien que du négatif.

« Hier, j’ai fait la queue pendant près de deux heures, sous un soleil de plomb. J’ai failli m’évanouir, je me suis même assise par terre. J’ai dû emprunter de l’argent à un agent Lumicash du quartier pour pouvoir payer un ‘’cangacanga’’ et rentrer saine et sauve », se lamente une jeune maman qui marche à nos côtés.Chacun raconte ses galères, et sans même nous en rendre compte, nous avons déjà avalé une bonne partie du trajet menant vers Mont Sion.

Chemin faisant, une moto déboule à toute vitesse. En une fraction de seconde, le sac à main de la dame qui se plaignait lui est arraché. Nous n’avons même pas eu le temps de crier au secours : la moto filait déjà. La femme reste figée, muette, essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Nous aussi, nous restons sans voix, observant son désarroi. Quelques minutes plus tard, elle nous confie qu’à l’intérieur de ce sac se trouvaient l’argent emprunté pour payer son loyer et un smartphone qui lui avait coûté plusieurs mois de salaire. Elle était au bord de l’effondrement.

Une consultation collective urgente ?

Cette dame a sûrement vécu l’une de ses pires soirées. Mais son cas est loin d’être isolé. Sur l’affiche de la campagne du Tanganyika Care, étaient listés plusieurs catégories de troubles mentaux qui seraient pris en charge : difficultés d’adaptation scolaire, troubles d’apprentissage, victimes de harcèlement ou d’agressions physiques ou sexuelles, traumatismes liés aux conflits armés et non armés, enfants et femmes abandonnés, anxiété excessive, stress intense, troubles du sommeil, difficultés de concentration, oublis fréquents, désorganisation, perte d’énergie ou de motivation pour les activités quotidiennes, changements brusques d’humeur, irritabilité ou colère excessive, peurs irrationnelles, méfiance exagérée envers autrui, agressivité physique ou verbale, et bien d’autres encore.

À la lecture de cette longue liste, ma conclusion est sans équivoque : nous avons besoin d’une campagne collective de consultations en santé mentale. Car ces signes, ces comportements, ne sont pas exceptionnels : ils sont devenus notre quotidien, ils sont devenus… nous.

 

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