La question de l’indisponibilité des médicaments est devenue un sujet préoccupant pour de nombreuses personnes, notamment pour les patients qui se battent contre les maladies. Les raisons avancées par les grossistes et les pharmaciens sont multiples : manque de devises pour s’approvisionner, priorisation des médicaments de première nécessité, et ainsi de suite. Cependant, derrière ces justifications se cache une réalité bien plus complexe. Un de nos blogueurs témoigne.
Dernièrement, j’ai vécu une expérience personnelle marquante. Mon père est tombé gravement malade, une situation que je n’avais jamais vécue auparavant. Sa santé se dégradait rapidement, il souffrait de complications sérieuses, dont la perte de vision et des risques d’insuffisance rénale. Après un séjour dans une clinique privée sans amélioration, nous avons dû l’évacuer vers un hôpital régional de Bujumbura.
A l’hôpital, la situation semblait s’améliorer. Le médecin a décidé que mon père pouvait prendre des médicaments sous forme de comprimés pour traiter ses douleurs. Cependant, il a rapidement émis une inquiétude : il fallait s’assurer que ces médicaments étaient disponibles, car l’indisponibilité devenait une réalité de plus en plus courante.
Une quête désespérée
Déterminée à trouver ces médicaments, j’ai fait le tour des pharmacies de la ville. Un, deux trois, quatre, cinq …, jusqu’à la huitième pharmacie : réponse défavorable. La dernière pharmacienne m’a lancé : « Ibintu vyarazimvye sister, amadorare yo kurangura ibiguma muri stock ? Turangura iyisohoka cane ». (« Les choses sont devenues très chères ma sœur. Des dollars pour importer des médicaments qui vont rester au stock ? On importe ceux qui s’écoulent le plus »)
Après plusieurs échecs, où l’on me répétait inlassablement que les médicaments étaient « indisponibles », j’ai décidé de contacter un ami œuvrant dans le domaine pharmaceutique. Il m’a conseillé de vérifier auprès de deux grossistes. Malheureusement, la situation était la même : les médicaments que je cherchais étaient introuvables.
Au cours de cette recherche désespérée, j’ai rencontré d’autres personnes confrontées au même problème. L’une d’entre elles m’a informé que même des médicaments courants comme l’albendazole étaient devenus rares. Dans une autre pharmacie grossiste, un employé désolé m’a même avoué : « Sister, il n’y en a pas.Vas-tu donner quelque chose si je te les trouve ? Mais c’est à un coût élevé ». Cette question m’a profondément troublé. Des spéculations ou commissions sur les médicaments ?
Une question cruciale qu’il faut résoudre rapidement
Pourquoi cette pénurie ? Est-ce réellement un manque de ressources, une question de rareté, ou bien une spéculation inacceptable sur la santé des patients ? Le ministère ayant la santé dans ses attributions devrait pendre à bras-le-corps cette question et essayer de trouver des réponses rapidement.
L’indisponibilité des médicaments n’est pas seulement une question logistique, elle touche au cœur même de notre système de santé et à la vie des patients. Le vrai problème mérite d’être examiné en profondeur, car derrière chaque absence de médicament se cache des tragédies qu’il faut à tout prix éviter.