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Au cœur de la spiritualité Nangayivuza

Les adorateurs de Nanga avaient un système spirituel bien huilé. Du décalogue à une forme de liturgie en passant par des formes de sacrements, la secte s’était inspirée du christianisme pour organiser la vie de l’esprit.

« Moi tel, je renonce aux engagements envers Dieu, en faveur des engagements envers Nanga car désormais, c’est lui mon dieu à qui je ferai recours. Que la paix soit avec vous ! ». Par cette profession de foi, on dédiait sa vie à Nanga. Comme la Shahada des musulmans, cette phrase scelle la conversion et le fidèle sait qu’il devra vivre selon les canons de sa nouvelle confession.

Chez les Nanga, le premier canon est inspiré du christianisme qui le doit d’ailleurs lui-même au judaïsme, le décalogue. Ces dix commandements que Moise aurait reçus gravés dur deux tablettes sur le mont Sinaï ont surement trouvé écho chez les  Bananga, ne fût-ce que sur ce chiffre ésotérique. 

Voici comment se présentait le décalogue des Nangayivuza

  1. Il est interdit de consommer la viande de chèvre, seule la viande de bœuf et de mouton est autorisée.
  2. Il est interdit de manger la nourriture si la marmite qui a servi à la cuisson de celle-ci se trouve encore sur le foyer ou si cette nourriture a été éclairée par une lampe.
  3. Les femmes doivent toujours garder dans la maison de la cendre de cèdre.
  4. La femme doit balayer la maison chaque jour pour éviter la saleté.
  5. Douche obligatoire chaque jour.
  6. Prier chaque jour.
  7. Quand le feu crépite, il est interdit de cracher dessus mais il faut plutôt dire « Bienvenus, Ô dieux »
  8. Il est interdit de se chamailler avec sa femme, ni de frapper son enfant le soir.
  9. Il est interdit de rosser son chien ou de l’injurier même s’il venait à déstabiliser quelque chose dans la maison.
  10.  Il est interdit de pratiquer le « Kubandwa », consulter le sorcier, utiliser des amulettes, pratiquer le culte des ancêtres ni de posséder les sorts à distances. (outils utilisés pour ensorceler un individu à distance)

Et la liturgie dans tout ça ?

Les rites religieux en communauté se pratiquaient les samedis soir. Dans ses recherches sur la secte dans la région du Nord-Est, Révérien Nahimana donne un panorama du volet spirituel. Rukubo, un de ses informateurs et ancien adepte de Nangayivuza fait savoir que « la nuit tombant, tous vêtus de blanc, les nangayivuza se rassemblaient chez l’un des chefs dans une sorte d’église, l’ingoro. »

Comme dans les églises catholiques, l’ingoro disposait d’un tabernacle. Ce dernier comportait un mélange de sang humain et de sang de mouton auquel on ajoutait de la viande de mouton qui servaient pour la communion. Et pour communier, il fallait être un « élu »

C’est l’une des deux catégories qui, avec celle des « sauvés », composaient la communauté. Les « élus » étaient initiés aux mystères de Nanga et jouissaient d’un certain nombre de privilèges, contrairement aux « sauvés ».

Le culte était principalement axé sur une forme d’homélie que le chef prononçait pour revenir sur leur décalogue. C’est après ce prêche qu’une série de confessions s’en suivait « pour les péchés contre la secte ». Les pénitences se payaient en argent selon la gravité du péché.

En plus de ces ressemblances avec le catholicisme, la secte Nangayivuza a carrément adopté le Notre père et le Je vous salue Marie à la lettre. Ces deux prières étaient récitées dans les cultes, en latin.

 

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