La plupart des couples burundais s’unissent pour la vie sous le régime de la communauté des biens. Est-ce par choix ? « Du tout », nous informe notre contributeur Honoré Mahoro. Mise à part l’ignorance dans lequel se trouvent les jeunes tourtereaux, notre société voit d’un mauvais œil un autre régime que la communauté des biens.
Si pour plusieurs raisons on peut opter pour un contrat autre que la communauté des biens, dans notre culture, il est impensable aux fiancés de discuter sur le sort de leurs biens. Car dit-on, s’attacher aux biens qu’on a, c’est s’éloigner du cœur de son âme sœur.
Yves, fort de ses études doctorales en Occident, après avoir noué une relation amoureuse avec Lydia, jeune de niveau licence en quête de travail, finissent par se marier seulement devant la loi cette année à Bujumbura. Un mariage « moins digne » pour les belles-familles profondément chrétiennes, qui souhaiteraient que les leurs fassent un mariage religieux.
De surcroît, Yves et Lydia ont signé une convention devant un notaire, qui stipule que les biens d’Yves n’appartiennent qu’à lui et lui seul, dont une maison flambant neuve qu’il vient de finir à coups de millions.
Un choix inhabituel au Burundi qui a été très mal accueilli par les familles, car pour celles-ci le mariage est une union scellée entre deux familles et une vie commune des époux pour le meilleur et pour le pire. Dépité, le couple décide célébrer leur union, loin de tous ces proches qui ne le comprennent pas.
Un besoin de sensibilisation aux futurs mariés
Aujourd’hui, aucune loi sur les régimes matrimoniaux n’existe et le code des personnes et de la famille est muet sur le sujet. Mais il reste possible aux futurs époux de choisir entre la communauté des biens (souvent présumé), le régime de séparation des biens (où chacun des époux garde ses biens à lui seul) et le régime de la communauté réduite aux acquêts (où chacun des époux garde ses biens immeubles qu’il avait avant le mariage). L’idéal serait une sensibilisation sur ces trois possibilités afin que la population burundaise sache qu’on a le droit d’en choisir une selon les convenances de chaque couple.
Si le couple Yves et Lydia avait été compris par leurs familles, sans doute qu’ils auraient célébré en pompe leur mariage, à côté de leurs familles peu importe le régime sous lequel ils se sont mariés.
Pour le moment si les choses restent telles qu’elles sont, il est encore difficile de convaincre la société qu’un mariage, autre que celui sous le régime de la communauté des biens, est tributaire d’un amour sincère.
Il faut un début à tout et surtout des courageux qui osent. Je connais les Barundi : s’il y en a un qui ose, puis un deuxième, les autres suivront.
Question un peu « bete » : Pourquoi dire a la famille qu’ils ont optés pour ce regime? Est ce que c’est necessaire que d’autres le sachent a part les époux?