Quand la douleur étreint les tripes, les mots deviennent presque inutiles. Le Burundi a encore pris un coup en enterrant ses fils et filles. A Vugizo ou ailleurs, chaque mort creuse un abime de douleurs qui sera difficile à combler.
Hier, la terre a encore avalé les nôtres. Eustache Nkomezizimana était né en 2022. Le voilà arraché à la vie, pour toujours. Iteriteka Rackeli repose à côté de lui, à quelques mètres seulement. Elle était née en 2019. Se connaissaient-ils ? Jouaient-ils ensemble ? Tous les deux sont maintenant partis pour l’éternité. Que dire ? Qu’espérer ?
Nous avons sillonné Vugizo. Il y régnait une atmosphère apocalyptique hier, après l’enterrement. Certains ne sont pas restés longtemps. La peur semblait régner en maître. Un soldat, la main sur la joue, veillait à l’ombre d’un arbre. C’est terrible de perdre les gens dont on a la garde. Cette image résume bien le sentiment d’abattement et d’impuissance devant la méchanceté des hommes. Jusque quand le Burundi continuera-t-il d’enterrer des enfants ?
L’amour triomphera quoi qu’il en coûte
Hier, alors qu’on sillonnait les pistes poussiéreuses de Vugizo, tout près de la frontière, tout était silencieux, morne. Nous avons croisé des Congolais qui étaient venus à l’enterrement de nos compatriotes. Un d’eux, une maman d’un certain âge surnommé ‘’Majoro’’ a versé une larme parce que un certain Jacques a été assassiné avec sa femme et ses deux enfants. Il était taxi-vélo de son état, et c’est lui qui transportait les marchandises de ‘’Majoro’’ au Congo. Cette maman a traversé la frontière pour dire adieu à Jacques. L’humanité de cette maman a failli faire pleurer l’assistance.
Un site a été aménagé pour les défunts disparus. C’est le 3ème après celui des Banyamurenge massacrés en 2004 et celui des morts du bar Chez les amis. Ils sont proches sur une même route. C’est triste, mais Gatumba a trop enterré.
Aujourd’hui, comme hier, la vie est sacrée
Dans son mot de circonstance à la salle Centre du cinquantenaire de la commune Mutimbuzi, le ministre a promis que les auteurs de ces massacres seront poursuivis. Il a même ajouté qu’Interpol a déjà été saisi. La justice sépare la victime et le criminel, mais aussi le criminel de son crime. Rien ne peut justifier la mort d’Eustache et Rackeli âgés seulement de 2 et 4 ans. En ces moments de douleur, le Burundi a besoin de justice. Aujourd’hui comme hier, les Burundais devraient comprendre que la vie est sacrée. Aujourd’hui, comme hier, nous avons besoin d’une justice réparatrice.
Pour revenir, aux propos du ministre, il a assuré les familles des disparus du soutien du gouvernement. Il a aussi prononcé une phrase très profonde, et nous le prions de nous excuser si la traduction n’es pas parfaite : « Que le sang de nos morts devienne une force pour faire le bien ». Ce n’est pas en nous entretuant que nous trouverons les solutions à nos problèmes. C’est en construisant une société ou chaque Burundais trouve sa place que nous bâtirons un avenir digne pour nos enfants. Un grand homme a demandé à ses compatriotes d’apprendre à vivre ensemble s’ils ne veulent pas mourir ensemble comme des idiots. Comprendra qui pourra !
NIMBA INKURU IGENEWE ABARUNDI BA MUYANDIKA MU KIRUNDI YOSE