Le 12 et le 13 décembre 2019, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), avec le soutien du Centre des Nations unies pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHD-AC), a organisé un atelier de formation des journalistes sur les libertés et droits fondamentaux de l’homme liés aux élections. La liberté d’expression fut au centre de ces débats organisés à Rumonge.
« La liberté d’opinion et d’expression fait partie des libertés fondamentales garanties par la déclaration universelle des droits de l’homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques, tout comme par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples », a déclaré tout au début de l’atelier Bamazi Tchaa du CNUDHD-AC, une institution basée à Yaoundé au Cameroun. Avant d’ajouter que « C’est un droit universel et l’essence même de la démocratie. Elle prend plusieurs formes et elle est indispensable à l’épanouissement individuel et collectif, même si elle a certaines restrictions qui doivent être fondées sur la loi, doivent être légitimes, nécessaires ou proportionnelles ».
« Toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix », a poursuivi l’expert international.
Qu’en est-il au Burundi ?
« La liberté d’expression est garantie. L’État respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion », reconnaît la Constitution du Burundi promulguée le 7/6/2018 dans son article 31. Un droit rappelé par Jacques Bukuru, journaliste et secrétaire exécutif du CNC. Il a rappelé que la loi du 8/3/2018 régissant le fonctionnement du Conseil national de la communication est elle aussi favorable à l’exercice du métier de journalisme. Dans son article 5, il a la mission d’assurer d’une manière générale, « le respect de l’expression pluraliste des courants de pensée dans la presse et la communication. » Dans l’article 7, la loi demande au Conseil de garantir l’indépendance des médias publics et privés, l’accès aux sources d’informations, le libre accès des diverses opinions…
La loi sur la presse de 2018 adopte le même ton. L’article 45 est explicite : « Le journaliste exerce son métier en toute indépendance et en toute responsabilité sur l’ensemble du territoire national du Burundi. Dans l’exercice de son activité, il a libre accès aux sources d’informations, et peut enquêter et commenter librement sur les faits de la vie publique… »
En pratique ? Jacques Bukuru n’est pas passé par quatre chemins : « Mais où sur terre existe cette liberté d’expression ? ». Et de donner plusieurs exemples aboutissant à un diagnostic lucide du métier de journaliste, ici comme ailleurs, qui « comme quatrième pouvoir a échoué » et en appelle donc à la « recherche d’un cinquième pouvoir ! »
Les élections dans tout ça ?
L’objectif de cet atelier qui a vu la participation d’une cinquantaine de journalistes venus de 26 médias de la presse écrite et audiovisuelle était de « contribuer à l’amélioration des droits de l’homme et au respect des libertés propices au bon développement des élections de 2020 », comme le rappelait en ouverture le Dr Sixte Vigny Nimuraba, Président de la CNIDH. Il s’adressait aux journalistes car, rappelait en substance Bamazi Tchaa du CNUDHD-AC,« ils sont au cœur des droits de l’homme : ils préservent les droits de l’homme même en dehors des élections en se portant sur la liberté d’opinions et d’expression ».
Cette liberté justement, les partis politiques en ont aussi besoin « pour pouvoir initier les activités de propagande qui se mènent en dehors des lieux travail », dira Pr Denis Banshimiyubusa, politologue. C’est ce qu’ils appellent en sciences politiques « faire de l’animation politique locale à travers la propagande politique qui est une activité quotidienne de tout parti politique ».
Ce professeur à l’Université du Burundi explique donc qu’en d’autres termes « empêcher les partis politiques de travailler librement sur le terrain local (socialisation politique ou formation civique), c’est maintenir les citoyens dans l’ignorance politique et, par conséquent, c’est leur priver le droit d’opérer librement leur choix». D’où, conclut-il, « le jour du vote n’est pas le jour du choix, mais c’est le jour de la matérialisation du choix ».
Plus de responsabilité pour les journalistes
« Le journaliste ne doit pas être le porte-parole d’un camp, mais doit travailler pour la manifestation de la vérité », a rappelé à ses collègues Jacques Bukuru. Pour le Pr Adolphe Sururu, il faut à tout prix éviter, dans l’exercice du métier, les trois « L » à savoir : lâcher, lécher et lyncher. Pour lui : « Il n’y a pas de paix sans développement, il n’y a pas de développement sans paix et il n’y aura ni paix ni développement sans équité et justice sociale », avant d’appeler à l’usage d’une communication non violente qui elle, est constructive.
Sylvère Ntakarutimana, directeur de la radio Isanganiro, a pour sa part appelé les journalistes à être « des historiens de l’instant », pour paraphraser Albert Camus, pour qu’en toute chose le professionnalisme l’emporte sur le sensationnalisme.
La liberté d’expression au Burundi ?Huu!On la parle dans les ateliers de séminaire et reste là.Comment parler de la liberté d’expression au moment où trois journalistes du journal Iwacu sont enfermés dans les quatres murs de Bubanza sans motif valable.Comment expliquer une liberté d’expression au Burundi au moment où les journalistes ne sont pas autorisés de publier les sondages ou les résultats provisoirs au moment des élections.Je retourne à ceux qui ont représenté le CNC et le CNDH.Ils disent que nulle part au monde la liberté d’expression est totale.Qu’on accepte qu’il serait correct,quelle la raison de existence de leurs commissions?Si le pouvoir ne garanti pas la liberté d’expression à son peuple.Le peuple cherche leur propre moyen de s’exprimer !