Située à cheval entre la région de Mugamba et Kirimiro, cette « capitale funéraire » pour reprendre Jan Vansina est auréolée d’une kyrielle de privilèges qui émanent de sa position de demeure éternelle des âmes de celles qui ont donné au Burundi des rois.
Comme dirait Birago Diop, les reines-mères mortes ne sont jamais parties. Elles sont dans les bosquets de la colline Mpotsa. Iteka (endroit respectable) est son autre nom pour rappeler le statut spécial qu’a le pays pour être la demeure des mânes des reines-mères.
Même si le poids réel des Bagabekazi se manifestait dans la minorité du futur roi, « elles y prenaient les dessus sur les autres princes avec qui elle assurait la régence. Ririkumutima reste l’exemple le plus éloquent », fait savoir Emile Mworoha, historien, spécialiste du Burundi monarchique. Mais pas que ! « Les intrigues qui ont éloigné Twarereye du trône au profit de Mwezi Gisabo portent la marque de Vyano sa mère et favorite de Ntare Rugamba », rencherit professeur Mworoha.
Du symbolique au réel, la reine-mère jouissait d’une bonne brochette de marques de respect et prérogatives. Tout comme le roi, à sa mort, on disait que le ciel est tombé, ijuru ryakorotse. Cela entraînait une cessation immédiate des activités champêtres jusqu’à ce que le roi donne la permission de les reprendre.
L’historienne Amélie Gahama écrit que « même le Bweru rebelle mettait temporairement de côté les houes […] on observait le silence, les notables ne tranchaient même plus les différends ».
En pleine régence, la reine-mère était investie des pouvoirs du roi. Et pas des moindres, Bourgeois dans « Les Barundi et les Banyarwanda » affirme qu’ « elles (reines mères) pouvaient déclarer la guerre, prononcer des sanctions judiciaires, investir et destituer chefs et sous-chefs ».
La reine est morte, vive la reine !
Selon Jean Pierre Chrétien, « beaucoup de clans avaient autrefois un animal totem incarnant les vertus du groupe ». Les Banyange ne dérogeaient pas à la tendance. L’ibis blanc, Inyange, le symbole de la pureté qui conférait à ceux qui étaient sous sa protection le statut d’immaculés était le leur.
Vu la grande importance que représentait la reine-mère, les Barundi ne pouvaient évidemment laisser son esprit sous les soins des sujets lambda. Un mythe veut que ce soit Ntare le premier qui a conféré aux Banyange le privilège de s’occuper des mères des rois dans l’au-delà.
Un témoignage rapporté par l’historienne Amélie Gahama auprès des Banyange assure que « Nkingiye, l’ancêtre commun du lignage a protégé le roi d’une morsure de serpent pendant une partie de chasse et a reçu de sa majesté la récompense de conserver les corps de celles qui auront donné naissance à un roi et non simplement à des princes ».
La reine devait rester vivante d’une façon ou d’une autre dans le Bunyange. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. La mort d’une Mugabekazi était une aubaine pour les Banyange. Ses biens devenaient les leurs. Le cortège funéraire était accompagné des richesses et effets personnels de la défunte. D’où la grande richesse de ce lignage. Les femmes Banyange suscitaient jalousie. Elles se paraient des plus beaux objets d’apparats des reines !
Abanyange, telle déesse tels prêtres
Forts de ce prestige, le Bunyange, leur pré carré a joui d’une considération énorme. Une enclave administrative purement et simplement. A. Gahama ira jusqu’à parler du « royaume du Bunyange ».
De prime abord, cela sonne comme une exagération. De plus près, l’on constate que la dénomination reflète une certaine particularité que revêtait le Bunyange : seuls le roi et les Banyange pouvaient battre les tambours à leurs cours. Même les plus grands des princes ne pouvaient le faire sous peine d’être accusés de velléités de crime de lèse-majesté. Le jour d’Umuganuro, le roi devait envoyer un présent de six tambours à la cour du chef des Banyange.
De surcroit, tout criminel poursuivi qui parvenait à arriver dans le Bunyange était sauvé. « C’était considéré qu’il est comme dans une autre entité, inviolable. Pour l’avoir, des tractations diplomatiques s’imposaient, même s’il était poursuivi par les hommes du roi du Burundi », explique E. Mworoha.
Le site de Mpotsa avait été placé premier par la liste de l’Organisation Mondiale du tourisme pour sa mise en valeur. Les autorités locales ont jeté leur dévolu sur le lac Tanganyika. À Gitega, la dernière reine-mère, Baramparaye, gît loin de ses illustres paires. À sa mort le divorce d’entre la modernité et les us d’antan était consommé.
Est ce que Inyange désigne un Ibis blanc ou plutôt le Héron Garde Boeuf ?
Si c’est ok
Historiquement parlant, je ne crois pas que la croix chretienne et la rose devraient faire partie du decor/representation de la tombe de la Reine-Mere Nidi (?) Ririkumutima (decedee a Gitega en 1917?).
Cette vaillante reine etait contre la culture occidentale et la colonisation DU BEAU PAYS DE SON MARI MWEZI GISABO.