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Le retrait des jus à base de gingembre, une décision salutaire ?

Consommé sous forme de tisane ou de jus, le gingembre a le vent en poupe ces derniers temps au Burundi, notamment pour ses supposées vertus thérapeutiques. Cependant, le gouvernement a pris la décision de retirer tous les jus à base de gingembre des rayons, afin de préserver la santé des consommateurs. 

Raha Tangawizi, Dawa Tangawizi ou encore Fungus tea sont quelques-unes des marques de ce produit qui prolifèrent sur les étales des échoppes. Les unités de transformation et les buvettes sont également légion dans la capitale économique. Les consommateurs, en particulier les hommes, dans l’espoir d’augmenter leur libido,  consomment sans modération ce genre de boissons. « Ce sont les hommes qui doutent de leur virilité qui fréquentent ces lieux où on commercialise les fameuses tisanes Fungus tea », commentent les détracteurs de ces boissons. 

Cependant, il importe de signaler que les vertus thérapeutiques attribuées au gingembre n’ont pas été prouvées par une étude scientifique.  Mais cette plante est réputée pour faciliter la circulation sanguine. La suspension des activités de transformation de cette boisson sonne une nouvelle ère dans le secteur agroindustriel. 

Les importateurs du gingembre dans la galère

Depuis la mesure d’interdiction de ces boissons à base de gingembre, les commerçants des rhizomes de gingembre travaillent à perte. Le marché d’écoulement se rétrécit davantage. Les commerçants s’approvisionnent en province de Makamba où cette culture est très rependue. Un cultivateur peut vendre un à deux tonnes. Comme la production locale est en deçà de la demande, le recours à l’importation est impératif. 

Ainsi, la Tanzanie reste le marché d’approvisionnement par excellence. Les importateurs de ce produit rencontré au marché Bujumbura City Market sont dans le désarroi total. Ils exploitent des champs sur le sol tanzanien, de l’autre côté de la Malagarazi. Après la récolte, ils chargent les rhizomes de gingembre dans des camions. Le kilo coute entre 2000 FBu et 2500 FBu sur le marché local. Les frais de transport et les taxes à l’importation incluses tournent autour de 400 000 FBu. Les unités de transformation commandaient de grosses quantités entre 10 tonnes et 20 tonnes d’un seul coup. Pour le moment, les rhizomes de gingembre pourrissent dans les stocks. Une mévente de ce produit pointe à l’horizon si jamais les unités de transformation ne rouvrent pas dans les plus brefs délais. Les importateurs annulent unilatéralement leurs commandes faute de débouchés. 

Et la certification dans tout ça ? 

La certification est cruciale pour avoir une industrie locale plus forte et compétitive sur le marché local et régional. Les produits de consommation doivent répondre aux normes de qualité et le processus de production suivre certaines normes d’hygiène et les standards internationaux. Or, dans notre pays, les propriétaires des unités de transformation enfreignent la réglementation en vigueur qui oblige à certifier les produits avant leur commercialisation. 

Le BBN a la lourde responsabilité de contrôler si les produits ne sont pas nuisibles à la santé humaine. Certains produits peuvent contenir des traces de produits toxiques ou dangereux ou pathogènes. Raison pour laquelle, il doit veiller constamment à la qualité des produits pour anticiper sur les impacts négatifs. 

Le chef de l’Etat charge le BBN 

Le gendarme de la qualité aurait failli à ses missions d’assurer l’encadrement de proximité des industriels. En marge du forum national sur le développement du secteur privé, un prolongement des activités du forum de sur le développement, le chef de l’Etat a présenté indirectement ses excuses aux opérateurs privés touchés par la mesure. Il reconnait les faiblesses du BBN. 

« Ces derniers jours ont été marqués par la fermeture de plusieurs unités de transformation agroalimentaires notamment celles fabriquant des jus et des vins qui ne répondent pas aux normes d’hygiène et de qualité. Je le regrette car nos services en charge de l’encadrement des initiatives des PME n’ont pas été en  mesure de faire un encadrement de proximité pour assurer aux consommateurs un produit sain ». Et le chef de l’Etat de rassurer les opérateurs économiques que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour soutenir les industries locales. « Rien ne va se faire comme avant. Je sais qu’il y a ceux qui ont été choqués mais la santé prime sur les intérêts pécuniaires », tranche-t-il. 

Vers l’accréditation du BBN

Le BBN bénéficie d’un soutien technique et financier pour moderniser son processus de certification. Des formations de son personnel ont été organisées pour renforcer leurs compétences à travers le programme visant à booster les exportations domestiques vers le  marché européen. 

Pour le moment, le BBN est à la quête d’une accréditation à l’étranger et la certification de ses laboratoires d’analyse. Sur base des audits blancs déjà réalisées, le consultant international en charge de ce programme régional reste confiant quant à la capacité des techniciens du BBN à analyser les échantillons. Pour accélérer ce processus, le conseil des ministres a déjà validé la stratégie de modernisation de cet organe indispensable pour booster la compétitivité de nos industries. La mise en œuvre de cette stratégie requiert un budget de 6 millions USD à l’horizon 2027. 

 

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