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Rareté de petites coupures à Buja, une aubaine pour la jeunesse?

Le chômage endémique au Burundi a poussé certains jeunes de la capitale à être créatifs dans le self-employment. Profitant de la rareté des petites coupures, des audacieux ont commencé un business détonnant : le commerce de la petite monnaie. Reportage de notre contributeur Pierre Claver Banyankiye.

Parking de bus de l’ex-marché central de Bujumbura,  7 h 30 du matin. De part et d’autre, les bus de transport en commun klaxonnent et déposent les clients qui vont au travail. Une dizaine de jeunes, sacs sur le dos et des liasses de petites coupures de 100 Fbu et pièces de 50Fbu en main, accourent derrière les bus. Ils  proposent aux aides-conducteurs  de la petite monnaie à rendre à leurs clients souvent impatients et remuants. Ils échangent de petites coupures et des pièces contre les gros billets de 5000 et de 10000 Fbu. « Ces jeunes revendeurs de petites coupures et des pièces m’approvisionnent en petites monnaie. Si je devais aller échanger les grosses coupures dans les boutiques, je perdrais une journée de travail », confie l’aide-chauffeur.

Ce cambisme d’un autre genre est devenu une activité florissante depuis quelques temps à Bujumbura, faisant vivre plus d’une vingtaine de personnes, tous « revendeurs de franc burundais ». Dès la levée du soleil jusqu’à tard dans la soirée, ils sont toujours là. Ils sont visibles aux parkings en face du kiosque de la Brarudi et au parking en face de la BNDE car  leur clientèle se recrute parmi les aides chauffeurs qui ont énormément besoin des petites coupures et des pièces.

Marge bénéficiaire de plus de 10 %

Debout, un sac en bandoulière, les mains chargées de liasses de 100 Fbu,  Kamanzi, un  jeune diplômé audacieux  raconte comment il a fini changeur de petite monnaie : « Avant j’étais aide- chauffeur. Avec la rareté de 100 Fbu et de pièces de 50Fbu au début de cette année, je me suis lancé dans ce commerce.»

Asmani, père de famille, qui venait de passer 3 ans au chômage, et qui fait ce métier depuis peu de temps, explique aussi : « Cette activité m’est venue en tête pendant la pénurie des petites coupures et de pièces, constatées depuis quelques mois, compliquant certaines transactions et, en particulier pour les chauffeurs de véhicules de transport en commun».

Et le gain n’est pas négligeable : ils gardent 10 % de la somme échangée. James, un autre changeur, assure que cette activité  lui rapporte environ  3000 Fbu par jour : « il faut beaucoup d’acrobaties pour gagner plus. Je commence généralement à 7 h pour terminer tard dans la soirée », confie-t-il.

Et en moyenne, ils arrivent à vendre 50 liasses de 5000 Fbu par jour et empochent 300 000 Fbu par mois. Plus que le salaire de certains fonctionnaires de l’Etat.

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