Vivre à Bujumbura et voyager à l’Est de la RDC n’est pas étrange. Par contre, la manière dont certains Burundais sont traités au niveau du poste frontalier Gatumba-Kavimvira est loin d’être salutaire. Parfois, ils subissent l’extorsion de la part des agents du service migratoire congolais. Témoignage.
Je vis dans la ville de Bujumbura depuis sept ans. Mon rêve de voyager en République démocratique du Congo (RDC) ne date pas d’hier, étant donné que c’est à quelques kilomètres. Malheureusement, l’occasion ne s’était jamais présentée jusqu’à ce que je noue des relations amicales avec mon nouveau colocataire : un Congolais. Il y a quelques jours, ce dernier a voulu se rendre dans son pays natal et je lui ai proposé de l’accompagner et d’en profiter pour découvrir le Congo. Il a accepté sans hésitation.
Le jour J arrive, c’est un dimanche. Je prépare mon passeport et un petit sac à dos, sans oublier quelques billets de banque. Cela suffit pour un voyage d’une journée. Vers 9 h, mon ami congolais et moi, nous nous rendons au centre-ville de Bujumbura pour prendre le bus à destination de Gatumba. Une fois arrivés à Gatumba, nous prenons des taxis motos qui nous amènent au poste-frontière.
Avant d’entamer les démarches administratives, nous échangeons nos billets de Fbu contre des francs congolais. La police burundaise vérifie les sacs des voyageurs et les documents de voyage comme d’habitude avant de franchir une barrière. Au poste-frontière Gatumba-Kavimvira, nous faisons la queue pendant environ une heure pour se faire enregistrer (côté Burundi). Jusque-là, rien d’anormal.
Les mauvaises surprises en RDC
Après les formalités administratives, nous franchissons la frontière pour être contrôlés par les services migratoires de la RDC. La première personne que je croise me demande mon passeport et le vérifie soigneusement. Son ami d’à côté le prend à son tour. Puis, il me demande : « Leta fièvre jaune ». Là, je comprends qu’il veut le document attestant que je me suis fait vacciner contre la fièvre jaune. Malheureusement, je l’ai laissé à la maison par mégarde. Par contre, les Congolais qui franchissent la frontière n’ont pas besoin d’exhiber ce document. Cet agent ajoute que si je n’ai pas ce document, je dois payer 5 000 Fbu. Je résiste un peu sans succès et je finis par céder. Je paie, mais en retour, je ne reçois aucune pièce justificative.
Après le paiement de ces frais contre mon gré, les agents m’autorisent à avancer pour me faire enregistrer. Je fais la queue pendant 20 minutes. Après l’enregistrement, un policier assis dans un canapé me repère et vérifie une fois de plus mon passeport. Il remarque que c’est la première fois que je foule le sol congolais. « Je passe toute la journée ici au milieu de nulle part, tu dois me donner au moins un ‘’Soda’’ ». Ainsi, selon lui, je dois lui laisser quelque chose avant de continuer la route. Je lui propose 2000 Fbu et il accepte. Tant mieux. Je vérifie dans mon portefeuille, malheureusement, je n’ai plus de billets de deux mille Fbu. Il me reste quelques billets de 10 000 Fbu. J’hésite d’en toucher un, car ce serait un peu trop. Par chance, je remarque qu’il y a 1500 Fbu dans ma poche. Je les lui donne sous prétexte qu’il ne me reste plus d’argent. Il les prend. « Dieu merci ! », dis-je au fond de moi.
Ainsi, je continue le voyage tout en pensant à mes frais perdus gratuitement. Nous visitons Uvira précisément dans les cités de Kavimvira et Mulongwe pour retourner au Burundi vers 16 h.
Au chemin de retour, l’histoire se répète
A 16h 15min, les agents du service migratoire congolais finissent le check-in. Je me dis que tout va bien se passer cette fois-ci. Par contre, une autre mauvaise surprise m’attend. Avant de franchir la frontière, un jeune homme avec un regard effrayant et des lunettes de soleil, prend mon passeport et me demande une fois de plus le document prouvant la vaccination contre la fièvre jaune. Je lui explique que je n’en ai pas et que j’ai été sanctionné par son collègue, ce matin. Il m’exige fermement de de lui laisser 5 000 Fbu. Je m’excuse sans succès et je finis par lui donner 2 000 francs congolais (équivalent à 3000 Fbu). Enfin, il me laisse entrer au Burundi.
Je ne sais pas si ce qui m’est arrivé en RDC est général ou si c’est un cas isolé. Qu’à cela ne tienne, cela mérite d’être dénoncé. Que les voyageurs burundais ne subissent plus le même sort.
Malheuresement, les Burundais risquent bientôt de les emboiter le pas, s’ils n’ont pas encore commencé.