Bien que le ballon rond ne soit pas vraiment mon délire, j’ai décidé de vivre l’expérience d’un match. Et pas n’importe lequel. La finale d’une CAN. Ma foi, je n’ai pas été déçue.
17 heures. Je décide de m’embarquer dans une aventure. J’ai la flemme mais mes amis m’y encouragent. Pour la première fois, je vais regarder un match de la CAN dans un repaire de footeux.
Le décor.
18 heures. Je dois danser la macarena (coupure d’eau) et faire des prières pour que la pluie ne tombe pas. Entre temps, je cherche un co-aventurier. Le pauvre, je vais gâcher sa soirée. Je lui donne du maïs grillé que j’ai pris soin d’apporter. Il est comblé, je suis rachetée.
19 heures moins, j’arrive à l’endroit choisi. Je suis surtout là pour l’ambiance. Seul hic, le coin est presque vide. Je ne veux pas d’endroit tranquille. Pas de “bugamba” ce soir. J’hésite un moment mais je me rappelle que je suis au Burundi. Une heure plus tard, l’espace se remplit très rapidement. L’ambiance est tout simplement wow !
Le groupe qui fait du karaoké est très talentueux. Normal, c’est Vichou love. Ils nous font voyager dans le temps avec les différents morceaux des chanteurs burundais. Cette soirée promet d’être merveilleuse. Chapeau aux organisateurs. En passant, j’aperçois des couples qui dansent. Je me demande : « Ces filles-là, aiment-elles vraiment le football ou sont-elles venues sécuriser ? »
20h12. Vichou annonce qu’il va chanter du slow tandis qu’un homme qui a l’air très friqué compte ses compagnons (une vingtaine) pour sa tournée de bières et de brochettes. Il va couler du Fbu ce soir.
21h00. Je suis interpellée par des applaudissements. À qui est réservée cette ovation nourrie ? La télé ? Les joueurs à des milliers de kilomètres d’ici ? C’est bizarre. Mon ami me fait un briefing sur les antécédents des deux équipes. L’Egypte détient le plus de coupes, le Sénégal a le meilleur gardien du monde, etc.
Le match : la pièce centrale
Des fois, ils sont concentrés comme des fidèles dans une église. D’autres fois, ils expriment des émotions fortes. Ils crient. Très très fort. La peur de voir les Sénégalais rater leur penalty catalyse leur trouille. Ça parle de paris. L’éducation financière s’arrête là où le match commence. L’adrénaline qui coule ici ferait tourner non-stop les turbines de la Regideso pendant un mois sans délestage.
En passant, je remarque que le terrain de football est très vaste. On dirait qu’il n’a été conçu rien que pour le coronavirus et sa distanciation sociale. Les fans sont pourtant serrés comme des ndagalas dans un filet (ou une moustiquaire). Aussi, les spectateurs sont en mode « roar » à la Ketty Perry. Ils rugissent à chaque fois que le ballon approche la zone du gardien.
Ceux qui souffrent de l’hypertension ou des problèmes de cœur ne peuvent sûrement pas survivre dans cet environnement. Une chose me fait rire : certains ont surnommé l’équipe du beau-frère « Vital’o ». Le beau-frère, tu ne vois pas qui c’est ? Aliou Cissé, le sélectionneur sénégalais qui est marié à une Burundaise.
Pendant la mi-temps, on a droit à quelques reprises ouest-africaines chantées par une fille de la bande à Vichou. Tout le monde est aux anges. Quelques pas de danse en attendant la reprise du match. Secrètement, je veux que personne ne marque pour qu’on ait droit à des penalties (qu’est ce qu’une finale sans les penalties ?).
À part ça, je me plains que les footballeurs n’aient plus de créativité. Autrefois, ils avaient des coupes de cheveux très intéressantes avec des teintures et des traces divertissantes. Plus maintenant. Ce continent ira mal si l’imagination continue à s’évaporer ainsi.
Prolongations.
Arrgh. Je veux mes penalties. Tout est sous contrôle. Personne n’a marqué. En attendant, les gens ici connaissent tout : qui joue où, les noms des coachs et des joueurs, qui a été blessé quand, etc. Ils sont très cultivés, dis donc !
Les penalties arrivent ! Mes penalties. Les expressions faciales sont graves ! On dirait que leurs artères vont lâcher d’un moment à l’autre tellement la pression est palpable. Finalement, la famille gagne (la belle-famille d’une Burundaise est la famille de toute la nation.).
J’avais dit que je n’aimerai jamais ce jeu. J’ai peur de m’être exprimée trop tôt. Pire, j’ai peur d’aimer cette ambiance autour d’un match. Pour une fois que les Burundais se réunissent sans les interminables discours (souvent ennuyeux), je fais ma révérence.
Je sens que tu es vraiment novice dans le foot via ta plus que belle plume. Chapeau.
Juste une seul chose à dire, bravo à celui qui à écrit ce récit!!👌🏾
Je fais ma révérence à l’écrivain.vraiment c’est un article de ouf🙂