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Primus League : autopsie d’un championnat moribond

Nos clubs brillent par de piètres performances dans les compétitions continentales. Les dernières en date, l’élimination de Messager Ngozi et Bumamuru qui représentaient le pays respectivement en Ligue des champions et en coupe de la confédération. Et si cette situation était la résultante d’un certain marasme économique au sein des équipes ?

Quand le virevoltant ailier de Messager Ngozi Iddis Museremu a signé pour l’équipe rwandaise de Gasogi United, c’était l’incompréhension dans les cercles footballistiques de Bujumbura. Au bout d’une saison réussie où il a été sacré meilleur buteur, on lui promettait mieux. « Sil devait signer au Rwanda, il aurait signé au moins pour les cadors comme APR FC, Rayon Sport ou Kiyovu », s’indigne un observateur du foot burundais.

Mais cette décision, elle est tempérée par ceux qui trouvent que  le Rwanda est devenu une destination exotique pour nos joueurs. « Le championnat rwandais est devenu ce que le MLS (championnat des USA) et les championnats des pays du Golfe sont pour les grands championnats européens », observe, Landry, 26 ans, un amateur du ballon rond. 

En substance, le jeune homme trouve que certains talents burundais signent dans un championnat où le lucratif dame le pion au sportif. « Et cela est normal, continue-t-il, ils reviennent avec des jolies voitures, reçoivent de bons salaires, ça fait rêver, au vu de ce que de la Primus League propose. »

L’exemple de l’attractivité du championnat rwandais n’est qu’un parmi tant d’autres. On a plusieurs talents burundais qui brillent dans les ligues de la sous-région. Cela n’est pas, à prime abord, choquant. Le bât blesse quand on remarque que notre championnat est une poule pondeuse d’œufs d’or que l’on brade facilement. 

Des conditions de vie difficiles

Pour y voir un peu plus clair, il a fallu la lecture d’un des premiers de cordée, un joueur d’une des équipes de la Primus League. Il a préféré garder l’anonymat pour ne pas se mouiller. 

Le rendez-vous est pris dans le restaurant Al Pacino communément appelé chez Maman Saido à Nyakabiga. Certains joueurs des équipes de la première division y prennent leur récupération, une crêpe chapati, une assiette de haricots et éventuellement un verre de lait. « Et vous voulez que l’on soit compétitifs ? », glisse notre source avec un sourire amusé.

Cela fait écho aux paroles du président de la FFB Ndikuriyo Révérien qui, en posant un diagnostic à notre football disait en conférence de presse: « Nos équipes sont faibles. Pour les rendre plus fortes, il faut que nos joueurs mangent. Nos joueurs ne mangent pas. Que vous le vouliez ou pas un joueur qui ne mange pas trois fois par jour ne peut pas être compétitif ».

Pas besoin d’être un éminent économiste pour comprendre que quand les besoins les plus élémentaires comme la nourriture ne sont pas assurés, les marches suivantes de la pyramide de Maslow sont plus que chancelantes.

Le cadre légal laisse également à désirer : « Nous n’avons pas de contrats. Le président peut vous virer sur un coup de tête. Les salaires réguliers, n’en parlons même pas ».   

Des ressources financières insuffisantes

Il est de notoriété publique, les clubs de foot savent être de grands mastodontes financiers. Il serait naïf de voir les grands clubs européens comme des entités footballistiques en omettant l’aspect économique, le fameux foot business.

Sur ce terrain, les clubs burundais sont des mauvais élèves et ce n’est pas que de leur faute. La question des sponsors reste problématique. Dans une analyse sur Yaga, le journaliste sportif Steeve Derrick y revenait en précisant que ces équipes « doivent signer des partenariats avec des industriels pour se faire un peu d’argent en retour. »

Ce serait bénéfique, si et seulement si ces clubs représentaient de forts arguments marketing. Notre championnat n’est pas retransmis sur des grandes chaines pour servir de vitrines pour les investisseurs. Même au niveau local, la couverture n’est pas à même d’attirer les investisseurs.

Dans cet état de fait, les joueurs sont les victimes. « Nous recevons des salaires vacillant entre 300 et 100 mille BIF dans l’élite et comptons souvent sur les primes des matchs », se lamente notre joueur pour qui « rester est souvent par manque du mieux ailleurs. »

Les subsides de la fédération aux équipes n’est pas non plus à même à supporter tous les coûts. 25 millions par saison selon les indiscrétions d’un membre du staff d’une équipe de la première division. Très peu sur une saison.

Pour un membre du staff d’une équipe de Primus qui a également requis l’anonymat, « les équipes comptent sur les recettes des entrées aux stades car les subsides de la fédération ne peuvent pas couvrir tous les besoins. »

Pour compter sur ces derniers, il faut avoir aussi une grande assise. Selon les règlements de la FFB, les recettes récoltées aux stades sont distribuées entre plusieurs acteurs. Et cela n’est pas gagné pour toutes les écuries de notre championnat.

 

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