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Pourquoi Nelson Mandela est mon héros

Quand j’étais petit, je voulais devenir une personnalité influente au sein de ma communauté, être celui qui pourrait changer la vie de mon peuple. J’ai failli abandonner cet espoir quand la vie en exil est devenue une expérience amère. Puis Mandela est entré dans ma vie pour faire revenir le rêve de mon enfance.

C’est après avoir lu « Un long chemin vers la liberté » que j’ai décidé que Nelson Mandela serait mon héros. C’était à la mi-1996. Il était alors le premier président noir d’Afrique du Sud et moi je passais la première de mes sept années dans un centre d’accueil de demandeurs d’asile aux Pays-Bas.

La guerre civile en Sierra Leone m’avait fait fuir mon pays. Le centre dans lequel j’étais confiné était une sorte de prison, où les mouvements étaient limités, même si ce n’était pas une prison comparable à Robben Island.

La vie en exil
Je vivais avec trois personnes dans une petite salle qui était aussi longue et large qu’un but de football. Chacun d’entre nous occupait un coin avec un lit petit comme un hamac. La nourriture était fournie par des cuisiniers hollandais utilisant des ingrédients différents de ceux que nous utilisions chez nous, au pays. Je mangeais en retenant mon souffle pour éviter la forte odeur de l’ail. Je détestais ce que je mangeais, mais c’était ça ou aller au lit le ventre vide.

Le fait est que rien de ce que j’ai vécu ne  pourrait être comparé à la vie de Mandela en prison. Mais c’est son autobiographie qui m’a fait comprendre que la prison est une formidable école de patience et de persévérance. C’est, avant tout, un test de son engagement.

Le rêve de mon enfance
Quand j’étais petit, je voulais devenir une personnalité influente au sein de ma communauté, être celui qui pourrait changer la vie de mon peuple. J’ai failli abandonner cet espoir quand la vie en exil est devenue une expérience amère. Puis Mandela est entré dans ma vie pour faire revenir le rêve de mon enfance. Il est venu au moment où je pensais que j’avais échoué dans la vie.

Mandela a acquis la sagesse à travers l’échec. Il a choisi d’apprendre de ses erreurs plutôt que de les répéter. Il n’était pas parfait. Il n’a pas pu sauver son mariage, il a appelé Castro et Kadhafi ses meilleurs amis. Certains ont même dit que Mandela était un terroriste, un traître et un homme sans esprit panafricaniste.

Pourquoi Mandela ?
Mais ce qui l’a fait se démarquer comme un héros — pas seulement pour moi mais pour beaucoup, aussi bien blancs que noirs — c’est qu’il n’a pas été défini par rapport à son appartenance ethnique, sa race, sa religion, son pays ou même son continent.

Je n’ai jamais rencontré Mandela et je me demande parfois : comment se fait-il que je sois si passionné  par une personne que je n’ai jamais rencontrée ? J’aurais pu choisir un autre héros, facilement :  Martin Luther King, Malcolm X, Steve Biko, Bob Marley. Mais Mandela incarne, encore maintenant, ce qu’il y a de meilleur en moi. Je ne cherchais par quelqu’un pour me sauver, mais plutôt quelqu’un pour m’aider à réveiller l’esprit héroïque en moi.

« Je suis prêt à mourir »
Lorsque j’ai été menacé d’être expulsé des Pays-Bas, j’ai tenu bon. Devant le tribunal, j’ai lancé un appel pour ne pas être renvoyé dans mon pays, où les pires atrocités de la guerre sont commises. Le juge a été certainement impressionné par ma défense et j’ai été autorisé à rester.

Le « Je suis prêt à mourir », discours prononcé par Mandela le 20 avril 1964 alors qu’il faisait l’objet d’un procès, m’avait impressionné. J’ai laissé entendre aux juges que le fait d’être un demandeur d’asile n’étaitt pas un crime.  J’ai terminé mon discours presque de la même façon que Mandela à l’époque. J’étais prêt à retourner dans mon pays pour mourir, si le tribunal en avait décidé ainsi.

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