Le 6 avril 2025, un blogueur de Yaga s’est juré de ne rater sous aucun prétexte le culte de l’Église Vision de Jésus-Christ du célébrissime Isidore Mbayahaga. Pourtant, ce gratteur de papier n’est pas ce qu’on pourrait appeler le parangon de la piété. S’il est allé écouter religieusement la prédication de l’illustre apôtre, c’est parce qu’il a su trouver un thème qui a piqué au vif son attention : « Mwirinde izombwa » (Évitez ces chiens).
Un samedi tranquille. Je passe la journée à faire ce que la majorité des jeunes (et des moins jeunes) de Bujumbura savent bien faire : boire. La transition vers le nouveau breuvage à la mode m’étant un peu difficile, j’ai dû sillonner les quartiers de la capitale économique pour dénicher les derniers Beshu. Vers le soir, une affiche tombe dans un groupe. L’apôtre Isidore Mbayahaga, micro en mains, en costume trois pièces taillé sur mesure. Derrière la photo, en grands caractères, je lis, stupéfait : « Join us for SUNDAY SERVICE. Theme : MWIRINDE IZOMBWA, AB’IFILIPI 3:2 ». On ricane d’abord avec les copains, mais je me dis que ce serait intéressant d’entendre ce que le grand Mbayahaga va dire avec thème. Quels sont ces « imbwa » dont il veut parler ? Connaissant son tempérament, je sens que son prêche risque d’être intéressant. Étant en congé forcé, je doute quelques instants si je dois engager les frais de déplacement, que l’on ne me remboursera peut-être pas. Mais bon, la tentation est trop forte.
Tous des chiens !
Dimanche matin, je me prépare pour aller écouter le seigneur à travers la voix tonitruante de l’apôtre Mbayahaga. Je m’arrête dans un petit resto pour prendre un peu de bouillon, histoire de soigner ma gueule de bois. Je me rends ensuite au nord de Bujumbura. La veille, j’avais commis l’erreur de ne pas lire correctement toute l’affiche. La dernière fois que j’étais allé écouter Mbayahaga, son temple était situé à Ngagara, au Quartier 9. Quand j’y arrive, je trouve la porte close. J’interroge quelques passants qui m’indiquent que son église a déménagé. Je vérifie sur l’affiche et, effectivement, je découvre qu’il a élu domicile à Cibitoke, 12e avenue. Je rebrousse chemin, je me hâte pour ne pas rater son sermon. Pile au moment où il commence à prêcher, j’entre dans le temple. Comme sur l’affiche, le prédicateur est bien sapé : costard noir bien coupé, chaussures impeccablement cirées, lunettes sur le nez, il a belle allure, « le représentant de dieu sur terre ». Derrière lui, peint au mur, un paysage féerique, presque l’Éden tel qu’il est décrit dans la Bible.
À chaque fois qu’il prononce le mot « Alléluia », quelqu’un dans la salle souffle dans une vuvuzela et les ouailles répondent en chœur un chaleureux « Amen ».
« Quelqu’un qui ne respecte pas ses parents, enfreint les commandements de Dieu (Matthieu 19:19). C’est celui-là que la Bible appelle chien. Et il y a trois sortes de parents : les parents biologiques, les parents spirituels et les parents gouvernant la cité («indongozi »).
« Your country is not my country »
L’Apôtre Mbayahaga commence à expliquer pourquoi il faut respecter chacun de ces parents. Il démontre par de multiples versets bibliques que si vous ne respectez pas vos parents biologiques et spirituels, vous n’êtes rien d’autre qu’un chien. Mais quand il évoque la troisième catégorie, celle des dirigeants, il s’y attarde. « Ivyagezwe bidutegeka kwubaha indongozi. Celui qui ne les respecte pas n’est même pas un chien, c’est un cadavre de chien », et de donner un verset biblique pour étayer cette affirmation. Le grand Mbayahaga passe de longues minutes à disserter sur pourquoi il faut respecter les autorités. Ensuite, il fait une petite digression : « Un jour, mwene data pasitori m’appelle. Il me salue et je l’écoute tranquillement. Il commence à me dire que je verse dans la politique dans mes prédications. À partir de là, je lui ai dit non. » Le pauvre pasteur ne comprenait pas l’engagement politique de Mbayahaga. Mais ce dernier lui a rappelé le moment où lui-même était dans un stade, lors d’un meeting politique. Et de répéter (en anglais) ce qu’il lui a asséné à la fin : « Your country is not my country, your president is not my president. We are not brothers. We are just neighbors. »
Dieu est grand, mais Mbayahaga n’est pas petit
Inutile de vous préciser que certains chrétiens le regardaient avec des yeux ronds. Mais ils répétaient quand même les « Amen » après les « Alléluia », et le bruit de l’inévitable vuvuzela rythmait son prêche. Moi, je me demandais si j’étais dans un culte religieux ou un meeting politique. Il a parlé de chiens muets incapables d’aboyer (Isaïe 56), mais aussi d’écraser les ennemis (Psaumes 59:14). Je remarque sa façon originale de choisir ses références bibliques ainsi que ses thèmes pour le moins étranges. Le dimanche suivant le thème de prédication était libellé ainsi : « NUKUBAMENAGUZA INYUNDO NTIBUMVA » : N’étant pas théologien de formation, je m’interdis donc de tirer des conclusions. Une autre petite digression est venue pimenter la prédication du saint homme : « Si vous entrez dans ma maison et que vous giflez ma femme, vous pensez que je vais rester croisé les bras parce que je suis pasteur ? Ndakuvuna ! » Toutes les ouailles se sont esclaffées. Sacré Mbayahaga ! Apparemment, l’ambassadeur de dieu sur terre n’a rien à foutre du conseil de ce fameux Jésus qui nous demande de présenter la joue droite à celui qui vient de te gifler sur la joue gauche.
Vers midi et demi, son prêche prend fin. Je sors après les bénédictions d’usage. C’est avec le cœur léger que je rejoins mon humble demeure pour ruminer les paroles de l’inoxydable Mbayahaga.
Ndazi ko imana mwese akorera muyizi ahubwo tumutere intege bazoyongere iyindi myaka 7 ahandi azokwisanga yabaye imbobo
J’aimerais savoir le pourquoi l’auteur de cet article a écrit Dieu en lettre minuscule….
Bon, le mot « dieu »(titre de l’article) écrit en minuscule en dit long.La réponse se trouve là.
Quand je pensais que mon mari me trompait, mais je n’en étais pas sûre jusqu’à ce que Vladimirhacks sur Instagram m’aide à espionner son téléphone et que j’aie pu découvrir ses mensonges. Je me sentais très mal, mais ensuite je me sens mieux, je connais la vérité.