Au Burundi, les pharmacies ne cessent de pousser comme des champignons. Un petit tour dans les pharmacies de Gitega, en compagnie d’un médecin, a mis en évidence quatre erreurs qui entravent la qualité de leur service. Coup de projecteur.
L’erreur est humaine. Mais en ce qui concerne les médicaments, elle peut coûter très cher. C’est ce qui est arrivé à Léoncie* qui, à cause de l’automédication, a vu sa jambe droite gangrenée et amputée. Elle a pris Ibuprofène, un médicament contre-indiqué pour sa pathologie, en l’occurrence l’érysipèle. Pour éviter que ce qui est arrivé à Léoncie n’arrive à d’autres, voici quatre erreurs que les pharmaciens burundais doivent éviter/corriger.
L’exigence d’une ordonnance
La réalité est là. Pendant notre tournée de pharmacies de Gitega, les gens venaient acheter des médicaments sans ordonnance, comme des bonbons. Et parmi ces médicaments, selon le médecin qui a gentiment accepté de nous accompagner, il y en a qui ont plusieurs contre-indications, et d’autres qui sont souvent recherchés pour d’autres fins autres que médicales. Il cite la morphine qui est un antidouleur utilisé par certains jeunes comme stupéfiants, ou le cytotec qui est un anti ulcéreux utilisé aussi dans les avortements clandestins. Selon ce médecin, exiger une ordonnance devrait être un préalable pour lutter contre l’automédication et ses conséquences. Et ce pour minimiser les risques pour la santé, et combattre l’usage des médicaments à des fins autres que médicales souvent en dehors de tout cadre légal.
La pharmacie n’est pas un cabinet de consultation
Eh oui, ils sont nombreux ceux qui se font soigner dans les officines pharmaceutiques. Les comptoirs pharmaceutiques sont devenus de vrais cabinets de consultation. Or, chômage aidant, la plupart des pharmaciens ne sont que des jeunes lauréats des écoles paramédicales sans expérience médicale. Et le pire, même s’ils sont en blouse blanche, tous les pharmaciens ne sont pas du domaine médical, mais se comportent comme tel même sans aucune formation. Il faut rectifier le tir, plaide notre médecin.
Un pharmacien devrait avoir une formation médicale
La loi n°1/11 du 08 mai 2020 portant réglementation de l’exercice de la pharmacie et du médicament à usage humain est claire. Chaque pharmacie devrait avoir un pharmacien inscrit à l’ordre des pharmaciens du Burundi. Or, des non-pharmaciens et même des ignorants du domaine médical, s’autoproclament pharmaciens. Manque de pharmaciens ? Peut-être oui, vu que le pays n’a qu’un seul institut « INSP » qui dispose d’une faculté de Pharmacie. Pour un cadre du bureau provincial de la santé, certains pharmaciens, moyennant paiement, figurent sur le dossier de demande d’ouverture d’une pharmacie alors qu’au final, ce ne sont pas eux qui vont officier dans ces pharmacies. Une habitude à bannir et qui exige un contrôle et un suivi de la part du ministère de la Santé.
La santé avant l’argent !
Ce n’est un secret pour personne, certaines pharmacies, pour gagner plus d’argent, se permettent de changer certaines ordonnances de médicaments, en donnant l’équivalent du médicament quand ils n’ont pas le médicament prescrit. Parfois, ils donnent des spécialités à la place des génériques. Là, on ne parle même pas des pharmaciens qui délivrent les médicaments en fonction du pouvoir d’achat du client.
Alors que la pharmacie représente un point de convergence important pour les professionnels de Santé, ces quatre erreurs devraient être évitées/corrigées pour le bien de la santé des Burundais.
* : le nom a été changé pour garantir l’anonymat à notre interlocuteur.
C’est utile car il parle la vérité qui existe dans notre cher pays le burundi.les gens aiment beaucoup l’argent au lieu d’aimer la vie des patients